Le mardi 30 mars 2018, votre quotidien en ligne, Guinéenews, a porté à la place publique le recrutement de « 92 nouveaux cadres » à la fonction publique sans concours sur la base du favoritisme, sur initiative du ministre de la fonction publique, Billy N. Doumbouya et celui de l’administration du territoire, Boureima Condé. Cliquez : Engagement SG CR fonction publique (1)
Contacté, deux des 92 « admis », dont nous gardons l’anonymat, ont expliqué les dessous.
Première explication, au lendemain des élections locales du dimanche 4 février, le ministère de l’administration du territoire était face à une nécessité urgente de procéder au recrutement des secrétaires généraux pour les nouvelles mairies en vue de remplacer 92 postes vacants.
« Il y avait une nécessité urgente de prendre des secrétaires généraux pour les mairies parce qu’il y avait des postes vacants. Ils nous ont demandé de fournir des dossiers. Moi, j’ai fait par exemple un stage de six mois dans mon ministère », a expliqué l’un d’entre eux.
« Au total, on était 300 et quelques candidats. Mais ils ont retenu 92 cadres pour remplacer les postes vacants. Dans le lot, il y avait des stagiaires parmi nous. D’autres non. Mais il fallait avoir un parent là-bas. Quand nous avions déposé nos dossiers, ils ont fait un petit test à l’interne au ministère de l’administration. Voilà comment, j’ai été retenu. Aujourd’hui, j’ai rejoint mon poste », a rajouté un de nos interlocuteurs.
« Mais dans les autres ministères, des recrutements sont en cours à la coopération, à l’environnement, à l’enseignement du pré-universitaire. Ils sont en train de recruter. Surtout au niveau de l’environnement. Chez nous, ils ont recruté des stagiaires », a encore confié notre source.
Selon une autre source, le ministère du pré-universitaire a même procédé au même recrutement. Un des transfuges de l’UFDG, très acerbes sur les réseaux sociaux, est affecté à Ratoma.
Contacté pour le besoin du recoupement, un spécialiste des ressources humaines pour avoir été directeur des ressources humaines d’une grosse entreprise privée de la place des années durant, avant de regagner l’étranger, apporte des détails précieux.
« En Guinée, il y a deux pratiques. Ou tu paies de l’argent. Ou tu bénéficies d’une recommandation. Mais actuellement, c’est par ton nom. La preuve, allez-y à l’action sociale, à l’administration, à la sécurité, le ministre peut tenir sa réunion de cabinet en malinké. Ce genre de pratique est courant dans le processus de recrutement à la fonction publique actuellement. On recrute des militants du RPG. C’est une véritable purge », a-t-il dit en substance.
Selon un responsable d’un département ministériel, ce recrutement en catimini aurait créé des tensions entre les deux ministres et certains de leurs collègues. « Certains hauts cadres de l’État avaient prévenu ces deux ministres ou à leurs proches de leur faire signe le jour où ils ont envisagent de recruter des nouveaux cadres parce qu’ils ont des petits à placer. Mais cette fois-ci, ils ont organisé le concours sans prévenir personne, pensant que le topo ne sera pas découvert ».
Depuis cinq jours, votre quotidien en ligne a plusieurs fois tenté de joindre les ministres Boureima Condé et Billy Doumbouya pour répondre à nos questions. En vain.
Mais ce n’est pas grave, qui ne dit rien, consent.