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Evénements du 28 septembre 2009 : Le vice-président de l’UFR livre sa part de vérité

Le 28 septembre 2009 marque une page noire de l’histoire de la Guinée. Ce jour, des leaders politiques et de la société civile, réunis au sein des forces vives de la nation, avaient participé à un meeting au stade du même nom pour protester contre la volonté de la junte militaire de confisquer le pouvoir. Un rassemblement qui avait alors été dispersé par une intervention musclée des hommes en uniforme. Bilan, plusieurs dizaines de morts parmi les manifestants. Le député Ibrahima Bangoura de l’Union des Forces Républicaines (UFR) était parmi les responsables politiques présents ce jour sur les lieux. Il livre sa part de vérité.

Guinéenews.org : vous êtes parmi les responsables politiques qui étaient présents au meeting du 28 septembre 2009 pour protester contre la volonté affichée de la junte au pouvoir de confisquer le pouvoir. Dix ans après, quel souvenir gardez-vous de ces tristes événements ?

Ibrahima Bangoura : dix ans après, j’ai un sentiment de tristesse du fait que jusqu’ici, ceux qui ont été victimes des manifestations du 28 septembre 2009 ne soient pas secourus, en leur rendant justice par la tenue d’un procès en bonne et due forme. Il faut que l’on situe l’ensemble des responsabilités. Parce que tant que cela ne se fera pas, on n’extirpera pas de ce pays la violence politique que nous vivons.

Guinéenews.org : personnellement, comment avez-vous vécu cette journée ?

Ibrahima Bangoura : ce jour-là, je me suis rendu chez le président Sidya Touré d’où j’ai avec lui dans son véhicule. A côté de moi, il y avait l’ancien Premier ministre Lounceny Fall. Nous nous sommes rendus chez feu Jean-Marie Doré. D’autres leaders sont venus nous rejoindre notamment le Cellou Dalein, Bah Oury, Dr Mohamed Diané, l’actuel ministre d’Etat en charge de la Défense. La décision a été prise de nous rendre au stade parce que le stade avait commencé à se remplir. Mais Jean-Marie Doré attendait des associations de la société civile, surtout les religieux qui avaient annoncé leur arrivée chez lui. Il nous a demandés de le précéder parce que les militants étaient déjà au stade. Nous avons pris le chemin à pied. Nous sommes arrivés jusqu’au niveau de l’entrée de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Tout juste-là, il y avait le commandant Tiégboro qui est venu avec un groupe de forces de l’ordre et de défense, il nous a bloqués. Ils ont fait des tirs de sommation. Il a dit que le Capitaine Dadis a demandé à ce que notre manifestation soit reportée le lendemain ou le surlendemain, qu’il nous donnait le stade de Nongo, mais pas le stade du 28 septembre. Alors nous lui avons dit que nos militants étaient déjà sur place. Nous lui avons demandé de nous laisser aller au stade pour leur dire s’il faut reporter le meeting ou non. C’est sur ce, que l’on est rentré au stade. Arrivée à l’intérieur du stade, quelque temps après, les discours ont commencé. C’est pendant ce temps que les militaires sont arrivés. A leur tête, il y avait Toumba Diakité. Lorsque les gens ont tiré et puisqu’il y avait beaucoup de monde, les gens ont commencé à tomber, mais personne ne réalisait qu’il s’agissait des tirs à balles réelles. C’est après que l’on s’est aperçu qu’il s’agissait des balles réelles. Ils se sont dirigés vers la tribune, ils ont pris les responsables qui étaient-là. Entretemps, Jean-Marie Doré nous avait rejoints. Je vous dis qu’il est difficile de parler de cet événement. C’est Dieu qui a sauvé la Guinée ce jour-là. Parce que le pire pouvait arriver. Et cela est à mettre à l’actif de Toumba. Ce jour-là quand même, c’est lui qui a fait écran. Parce qu’il y avait des extrémistes parmi les forces de défense et de sécurité qui voulaient en finir avec les leaders. C’est lui qui a fait la défense avec son corps pour éviter qu’on fasse plus mal aux leaders politiques qui en avaient déjà subi ? Car, parmi eux, il y en avait qui étaient déjà blessés.

Guinéenews.org : on parle des cas viols. Avez-vous vu de tels actes se produire ce jour ?

Ibrahima Bangoura : mais les viols, c’était visible. Surtout, il y a cette scène, nous avons un responsable de l’UFR qui était au stade, un jeune pharmacien qui venait tout juste de soutenir, il a été faussé à l’esplanade du stade, entre le portail et le poste de Police.

Guinéenews.org : des années après, qu’est-ce que vous pensez du déroulement de la procédure judiciaire engagée à cet effet ?

Ibrahima Bangoura : je dis qu’il est désolant de voir que jusqu’ici la procédure judiciaire n’est pas arrivée à son terme. On n’a pas rendu justice. Il faut que justice soit rendue. On ne peut pas laisser de telles choses en l’état. Justice doit être rendue. Seul un procès peut permettre de voir un peu clair dans le déroulement des choses. Ça permet d’éclairer la lanterne des gens, et ça peut prévenir aussi. Parce que si cela reste ainsi, ça cristallise les rancœurs. Il faut vider les cœurs, quand les de telles choses se passent, il faut prendre son courage et vider les cœurs. Sinon, c’est une situation qui va se sédimenter et qui ne mettra pas fin aux explosions de violence dans le pays.

Guinéenews.org : le président Dadis a exprimé sa volonté de venir livrer sa part de vérité dans cette affaire. Il y a aussi son aide du camp, à l’époque des faits, Toumba Diakité qui est écroué à la Maison centrale de Conakry. Comment peut-on alors expliquer la lenteur de la procédure judiciaire ?

Ibrahima Bangoura : je dis que le pouvoir a intérêt et tous les Guinéens ont intérêt à ce que le procès se tienne et que tout le monde comprenne ce qui s’était passé. C’est tout le monde qui a intérêt à ce que le procès se tienne.

 Entretien réalisé par Fidel Mômou

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