L’état d’urgence sanitaire a été prorogé encore pour un mois, à la grande déception de nombreux guinéens, qui en ont raz-le-bol de cette mise sous cloche. De quoi mettre de l’eau au moulin de ceux qui ne cessent de voir derrière ces mesures coercitives, des arrière-pensées politiques, d’un exécutif en quête du graal que constitue ce fameux troisième mandat.
L’exécutif s’est juste contenté d’une ordonnance pour annoncer cette »mauvaise nouvelle », en lieu et place du traditionnel discours présidentiel.
Cela ne surprend guère avec un président qui préfère de plus en plus se claquemurer dans son palais. Au lieu de descendre de son Olympe pour se frotter au peuple. Un peuple qui vit l’enfer. Un sort aggravé par l’avènement de la pandémie de la Covid19.
Le secteur tertiaire qui constitue le socle de notre économie est le plus rudement affecté par cette crise sanitaire sans précédent.
Et ce ne sont pas les acteurs de l’économie informelle, et autres tenanciers des bars, motels restaurants et night-clubs qui diront le contraire de cette affirmation.
Ces derniers qui ont d’ailleurs vu rouge suite à la prorogation de l’état d’urgence sanitaire, menacent de battre le pavé. Ils voient dans cette mesure gouvernementale du deux poids deux mesures.
D’un côté quand il s’agit des manifestations de réjouissance pour célébrer leur « champion », Alpha Condé, candidat à sa propre succession, après deux mandats, des foules sont mobilisées dans les quatre coins du pays. Sans aucun respect de mesures barrières, dans cette campagne avant la lettre du parti au pouvoir, selon les détracteurs du régime.
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Quant aux autres Guinéens, eux, subissent la rigueur de la « loi » anti-Covid19. Leurs droits sont restreints par le port de bavette obligatoire, la fermeture de leur gagne-pain etc.
Et au fur et à mesure que l’on s’achemine vers la date fatidique du 18 octobre, le gouvernement ne fait que resserrer les boulons. Ainsi, dans cette volonté de tenir le pays à la schlague, tous ceux qui ont un son de cloche contraire à celui du pouvoir, se retrouvent dans le collimateur de la justice.
De nombreux dossiers relatifs à ces interpellations d’opposants sont pendants devant les juridictions aussi bien dans la capitale que dans les provinces.
A Kankan, le nombre d’opposants au troisième mandat détenus en prison frise la cinquantaine.
Et le dernier à faire les frais de cette chasse aux sorcières est l’activiste de la société civile et membre du Fndc, Souleymane Condé.
Rentré à peine du pays de l’Oncle Sam, où il avait passé un long séjour, Souleymane Condé a été interpellé, alors qu’il venait juste de porter sur ses fonts baptismaux, son mouvement dénommé « la Diversité républicaine de Guinée ». Il serait poursuivi pour des publications sur les réseaux sociaux, appelant à appliquer la loi du talion contre les familles des grosses huiles du régime. Des familles vivant aux petits oignons, dans des demeures cossues en Europe et outre atlantique.
Après Souleymane Condé, il y a aussi le cas de l’artiste Takana Zion qui mérite qu’on s’y attarde. Vu qu’il serait inquiété après un coup de gueule qu’il a poussé mercredi sur radio espace contre la présidence à vie.
On le voit, l’ambiance n’est pas à la sérénité, à l’approche de cette présidentielle qui s’annonce sous des auspices pas du tout favorables.