Initié en 1997 par les chercheurs de Kupri (institut de recherche en primatologie) et les partenaires japonais de l’université de Kyoto, la mise en place de ce corridor qui s’étend sur 600 hectares vise à protéger les espèces protégés qui vivent sur le site des monts nimba. Mais de nos jours, ce corridor est menacé par des feux de brousse provoqués surtout par des bouviers qui pullulent dans la zone, a-t-on appris sur place.
Au départ l’idée était de faire un jardin botanique, mais au fur et à mesure l’idée de faire un pont de végétation est venue avec le temps, avec elle celle de procéder au reboisement à grande échelle.
Afin de rétablir le flot migratoire entre la communauté des chimpanzés de Bossou et la population avoisinante, car le corridor vert de Bossou est aujourd’hui sous la menace des feux de brousse.
Dr Aly Gaspard Soumah, le directeur de l’Institut de recherche environnementale de Bossou s’inquiète des conséquences de ces feux ravageurs.
Selon lui, « presque tous les ans, des feux éclatent autour de ce corridor qui s’étend sur 600 hectares. Le corridor a été envisagé comme une alternative pour la survie des chimpanzés de Bossou puisqu’à cause de la déforestation, les reliques de forêts qui sont là, les 320 hectares sont isolés du grand bloc forestier du mont nimba. Tout autour des monts nimba, c’est la savane et à cause de cet isolement géographique, les chimpanzés qui sont nés à Bossou peuvent traverser la savane pour aller vers d’autres communautés au mont nimba, côté guinéen et libérien. Mais les chimpanzés nés dans la jungle n’osent pas venir dans les milieux découverts à côté de l’homme », relate le chercheur.
Pour rétablir ce flux migratoire entre les chimpanzés de Bossou et les chimpanzés des monts Nimba, mais aussi entre d’autres communautés animales, on a donc envisagé de faire un pont de végétation entre le bloc forestier de Bossou et le bloc forestier des monts nimba en plantant des arbres.
« Aujourd’hui nous sommes beaucoup avancés dans la mise en œuvre de ce corridor. Comme vous le constatez, nous installons des pépinières aussi bien en saison sèche que pluvieuse. Ces pépinières sont transportées et mises à terre pendant la saison des pluies », explique le chercheur.
Qui précise ensuite l’étendue du domaine reboisé: « nous avons planté 7 hectares l’année dernière avec l’appui de nos partenaires de l’ONG Roder et us forêt service. Nous avons 11 mille plants forestiers qui vont être plantés en juillet 2020, et à côté nous avons 10 mille plants agroforestiers qui sont composés de palmiers et de cafés qui sont destinés à la communauté villageoise », selon Dr Soumah.
« Cela est une façon d’accompagner les communautés dans la recherche du revenu, car ces plants vont leur permettre de faire des plantations qui vont générer de l’argent pour eux. Comme ils vont continuer à entretenir ces plantations, afin qu’elles soient plus productives, ça va nous permettre de lutter contre les feux de brousse, et ces plantations seront installées autour du corridor », assure-t-il.
Qui voit dans cette initiative, une façon d’accompagner les communautés en les associant à l’enjeu de la conservation du corridor.
Dr Soumah reconnait que ‘’la plus grande menace pour ce corridor ce sont les feux de brousse qui, presque tous les ans éclatent autour du corridor, quelques fois ça entre dans le corridor. Heureusement l’année dernière, nous avons pu contenir le feu au niveau du corridor », déplore-t-il.
D’après notre interlocuteur, ‘’le souvent plus souvent, ce sont des feux d’origine humaine. Ce n’est pas la nature qui allume comme de la foudre, mais c’est plutôt l’homme pour des besoins très divers, met le feu et n’arrive pas à le contrôler. C’est le cas des bouviers installés dans la savane avec leurs troupeaux.’’
Ceux-ci en saison sèche, pour renouveler leur pâturage, brûlent la broussaille.
Ce sont des feux qui se propagent dans le corridor. Et brûle toute la savane et la végétation, y compris le domaine reboisé. C’est ce qui constitue la plus grande menace pour cette flore.