Mauvaise gestion, cultures sur brûlis, feux de brousse à répétition, fuite d’animaux… Voilà entre autres les gangrènes qui rongent ce patrimoine naturel. Considérée comme le poumon de Lélouma, la forêt classée de Nyalama est située à Linsan Saran à environ 120 kilomètres du centre-ville. Elle s’étale sur une superficie de 10 000 hectares et renferme des espèces protégées très rares de nos jours.
Cependant, ce trésor de dame nature est en proie à une très forte dégradation. Et ce depuis la fin du contrat de cogestion de ladite forêt par la communauté et l’État à travers des organisations non gouvernementales, il y a trois ans environ.
Chaque année, ce bijoux est consumé dans sa presque totalité par d’énormes feux de brousse. Du coup, la forêt n’est plus ce qu’elle était avant. Aujourd’hui, la flore ainsi que sa faune sont complètement agressées, a-t-on appris des sources concordantes.
Pour en savoir davantage sur cette triste réalité, la rédaction locale de Guinéenews s’est intéressée de très près à cet état de fait.
Du défaut de la bonne gestion de la forêt
A voir aujourd’hui cette forêt, on a l’impression qu’elle est abandonnée à elle. Et pire encore, elle subit une forte dégradation chaque année.
« La forêt classée de Nyalama, c’est vrai, elle existe. Mais actuellement elle commence à subir une forte dégradation. Et ce depuis la fin du contrat de cogestion par la communauté et l’État et les partenaires en 2017. C’est pourquoi, aujourd’hui, il y a beaucoup de choses qui manquent à la forêt. Du coup, l’entretien fait défaut, le suivi des animaux aussi. Le reboisement manque. Pire aussi, chaque année la forêt est consumée par les feux de brousse. La situation dans laquelle se trouve cette forêt est vraiment inquiétant », déplore Mamadou Oury Diallo, le maire de Linsan Saran.
Et toujours au maire de poursuivre : « la forêt classée de Nyalama, c’est comme un poumon pour Lélouma. La forêt qu’on connaissait, n y est plus aujourd’hui. Sinon, auparavant, même au beau milieu de la saison sèche, l’intérieur de la forêt était sombre et même impénétrable par endroit. Il y avait suffisamment d’eau et les animaux très abondants. Mais aujourd’hui, on a l’impression que tout ça est en train de disparaître. Les rivières à l’intérieur tarissent. Les animaux sont de plus en plus rares. Et pour cause, les feux de brousse particulièrement. Chaque année, cette forêt est consumée par le feu. C’est vraiment dommage », regrette le maire.
Interpellé sur la question, le sous-préfet de Linsan Saran Aliou Camara, comme pour renchérir, ne cache pas son inquiétude face à cette situation et pense que le comportement irresponsable de certains citoyens n’aide pas dans la protection de ladite forêt.
« La gestion de la forêt de Nyalama est quelque chose qui m’inquiète énormément. J’ai l’impression que la communauté riveraine ne connaisse pas tellement l’importance de cette forêt. Surtout ceux qui y habitent. Ils mettent le feu n’importe comment. Et ce, malgré toutes nos sensibilisations. Chaque année il y a des feux de brousse. C’est ce qui, en premier lieu ravage la forêt. Pas plus tard que l’année dernière, les plants reboisés ont été complètement brûlé et même la plantation de café n’a pas été épargné. Il y a une exploitation abuse de cette ressource. Aujourd’hui, elle est sérieusement menacée », s’est- il inquiété.
Du côté de la section préfectorale des eaux et forêts, le ton est ferme. L’Agro foresterie dont on parle au niveau de la forêt a causé beaucoup plus de mal que du bien estime Toupou Koï-Koï.
« L’implication des communautés dans la gestion de cette forêt fait énormément défaut. La forêt se trouve aujourd’hui agressée par les populations riveraines elles même. Avant, on parlait d’agro foresterie. Mais laissez-moi vous dire que ça a occasionné plus de dégâts que de restauration. Et comme vous le savez aussi ces populations ne vivent que de cette ressource. C’est donc assez compliqué surtout quand on manque de moyens et de personnel », explique-t-il.
Des autorités locales dépassées par l’ampleur de la situation
Face à l’agression que subit cette forêt, les autorités locales ne savent plus à quel saint se vouer.
Interpellé par rapport à cet état de fait, le directeur préfectoral de l’environnement évoque le manque de moyens et du personnel pour parvenir à la protection intégrale de la forêt.
« Depuis la fin du contrat de cogestion en 2017, les services techniques pour la protection de l’environnement à savoir la section des eaux et forêts et celle de l’environnement ont écrit à l’État pour le renouvellement du contrat de cogestion. Mais, pour le moment, il n y a pas eu encore de réponse », rappelle Mamadou Lamarana Diallo, avant de poursuivre « la protection de cette forêt est une grande préoccupation pour nous. Le problème est que nous manquons des moyens et du personnel. Il n’y a que 5 conservateurs de la nature sur place. Vous voyez, 5 conservateurs seulement pour dix mille hectares. Ce n’est pas du tout facile. Et ils n’ont pas de moyens de déplacement. Ce n’est vraiment pas facile. J’appelle à l’État de nous venir en aide pour préserver ce trésor », lance le directeur.
Unanimement, les autorités locales interpelées sur l’état de dégradation et sur l’agression que subit aujourd’hui Nyalama appellent la communauté à plus d’implication dans la gestion de la forêt. A l’État et aux ONG, elles sollicitent des appuis pour une gestion rationnelle de ce patrimoine, qui aujourd’hui est vraiment très menacé.