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Entreprenariat féminin : à 25 ans, Mariam Keita est sur le chemin du succès

Entreprendre n’est toujours pas facile, surtout pour les femmes, parfois à cause des charges familiales et des considérations irrationnelles. Elles souffrent encore d’un déficit d’image dans le monde de l’entreprenariat. Pourtant, nombreuses sont parmi elles qui ont relevé ce défi. C’est le cas de Mariam Mohamed Keita, gérante de l’entreprise Binédou Global Service (GBS).

Agée de 25 ans, Mariam Mohamed Keita est mariée et mère de trois enfants.  Elle évolue dans le domaine de recyclage des déchets plastiques. Mme Keita procède à la collecte puis à la transformation de ces déchets plastiques en briques, en pavés et en pots de fleurs.

Rencontrée le 21 août dans son atelier situé au Kilomètre 36, dans la préfecture de Coyah, Mariam Mohamed Keita, vêtue de sa tenue de travail, se fixe pour objectif principal de débarrasser la capitale Conakry des déchets plastiques tout en créant des emplois pour les femmes et les jeunes.

Pour elle, c’est aussi une manière de montrer aux femmes et aux jeunes qu’on peut réussir dans son pays sans tenter une aventure incertaine dans la méditerranée. « On peut trouver le bonheur chez soi. Nous utilisons beaucoup de types de plastiques notamment, les bidons d’huile, les sacs, des bouteilles d’eau minérale (…) », explique-t-elle.

Même si Mme Kéita se dit fière, elle ne fait pas son travail sans difficultés. Parmi elles, il y a « le non accompagnement de l’Etat et la méconnaissance de nos différents produits ».

C’est pourquoi, pour être plus efficace, elle sollicite l’accompagnement de l’Etat à travers « des contrats pour faire des routes secondaires en pavé. Parce qu’il y a des millions de dollars qui sont investis dans les routes en bitume ».

Mariama Kéita estime que « nos produits sont durables et ils résistent aux intempéries. Ils supportent encore le poids des gros porteurs. Alors si nous avons des marchés, cela peut nous emmener à employer non seulement beaucoup de jeunes et de femmes mais aussi, nous allons utiliser assez de déchets plastiques ».

« Actuellement, nous utilisons 2,5 tonnes de plastiques par mois avec le peu de commandes que nous avons. Nous ambitionnons de faire plus de 15 tonnes de plastiques par mois. Nous rêvons d’employer beaucoup de femmes et de jeunes », indique la jeune dame.

Présentement, son entreprise compte « 10 personnes dont 8 femmes. Nous avons plus de 25 emplois indirects dont plus de 80% sont des femmes. Il s’agit des femmes et des jeunes qui nous amènent des plastiques que nous achetons. Ces femmes peuvent avoir 20 à 30 mille francs guinéens par jour. Elles aussi, elles arrivent à nourrir leurs familles à partir des revenus qu’elles génèrent ».

Poursuivant, Mme Keita a rappelé qu’à l’occasion de la journée mondiale de recyclage des déchets plastiques, le ministre de l’Energie, de l’Assainissement et de l’Hydraulique, Papa Koly Kourouma, en tête d’une délégation, s’était rendu dans leur atelier. Et le ministre avait été très impressionné par la qualité du travail.

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La vie de Mariam Mohamed Kéita n’a pas été un fleuve tranquille. Victime d’un mariage précoce, elle a décidé de prendre son courage en main.  « Je me suis dit que je ne peux pas rester les bras croisés même si je n’ai pas fait des études supérieures. Je me suis dit que l’école n’est pas forcément la seule voie pour réussir dans la vie. Etant femme, je n’ai jamais voulu être à la maison uniquement pour les travaux ménagers. Aujourd’hui, Dieu merci, j’arrive à mener bien ma vie de couple et mon entreprise. Je n’ai pas de complexe, je fais dse choses aujourd’hui que mes copines universitaires n’arrivent pas à faire. D’ailleurs, beaucoup parmi elles n’ont pas encore commencé à travailler. Certaines d’entre elles ne comptent que sur l’Etat », se réjouit-elle.

Comment Mme Keita réussit-elle dans son foyer et dans son entreprise ?

Elle est consciente. Etant mariée, « la soumission envers [son] mari est une obligation. Je fais tout pour éviter les désaccords inutiles entre mon époux et moi. En quittant au travail tous les soirs vers les 17 heures, j’achète tous les condiments. Mon téléphone est toujours sur réveil. Dès 4 heures du matin, je me lève pour faire la cuisine. A 7 heures, je prépare le petit déjeuner pour mon mari et mes enfants qui doivent aller à l’école. Je quitte tous les jours la maison à 8 heures 30 pour mon boulot ».

Son entreprise BGS reçoit-elle des appuis ?

Sa réponse est oui même si elle juge ces appuis, pour le moment, insuffisants. « Le PNUD (Programme des Nations Unies pour de Développement) nous aide beaucoup ainsi que d’autres ONG notamment Osez-Innovez. Notre rêve est d’industrialiser notre entreprise. Nous rêvons employer directement plus de 100 jeunes et femmes avec plus de 15 tonnes de déchets plastiques par mois. Tout cela pour aider, à notre manière, la Guinée à se développer. Nos portes sont grandement ouvertes à toutes les personnes de bonne volonté qui souhaiteraient nous accompagner », a-t-elle dit.

Aux autres femmes aux foyers, Mariam Mohamed Keita les appelle à comprendre que la vie n’est pas forcément liée aux études. « Dire que j’ai fait des études universitaires, ma place est obligatoirement dans les bureaux, ce n’est pas vrai. Dire aussi que je n’ai pas étudié, ma place, c’est le foyer, ce n’est pas aussi vrai. L’entreprenariat est aussi l’une des meilleures voies pour être autonome et réussir sa vie », estime madame Keita. Avant d’affirmer qu’aujourd’hui, grâce à l’entreprenariat, sa vie a changé.

Il faut signaler que Mariam Mohamed Keita a fait ses études primaires et secondaires au KM36. Après son mariage en 2008, elle n’a pas pu terminer le cycle. C’est ainsi, après des formations en Gestion Informatique et Commerce, elle s’est lancée à fond dans l’entrepreneuriat.

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