Il n’est point nécessaire de faire une quelconque démonstration, pour se convaincre de la gravité du sujet. Les braquages routiers chez nous, sont devenus récurrents. Depuis le début des années 2000, époque de leur éclosion, ils n’ont jamais cessé de se produire ici et là, sur les routes à l’intérieur du pays. Pas un seul tronçon n’a été exempt de cette violence aveugle et quelquefois mortelle. Les braqueurs ou coupeurs de route n’y vont pas de main morte. Loin de là !
On retient que dans la commission de leur forfaiture, nulle place n’est faite pour l’hésitation ou la commisération. Aucune once de retenue ne traverse leur cœur ou leur esprit. Ils sont foncièrement portés vers la malfaisance à outrance et tirent dans le tas, sur tout véhicule dont le conducteur n’obtempère pas, illico, à leurs sommations. Tant pis pour les occupants. Qu’ils soient hommes, femmes, jeunes, vieux, rien ne les retient. Pas même quand, parmi les passagers, se trouvent des hommes en tenue.
Aussitôt que leur ‘’proie’’ s’immobilise, pneus crevés, les voilà qui bondissent comme des fauves pour le dépeçage. Les occupants sont proprement dépouillés, à commencer par leurs téléphones portables, de crainte qu’ils s’en servent pour alerter les forces de l’ordre. Viennent ensuite les numéraires et autres objets de valeur qu’ils possèdent. Tout y passe ! A voir la frénésie que les coupeurs de route mettent à piller les passagers, on se doute bien que s’ils disposent de moyens de déplacement appropriés, ils ne se seraient pas limités à ne vider que les poches. C’est plutôt de tout le chargement du véhicule qu’ils se seraient emparés à la fois.
En général, les pillages se font toujours dans un lieu isolé, à l’abri des regards. Et, comble de cruauté, même quand, à cet instant précis, un ou plusieurs passagers blessés par leurs tirs gisent au fond du véhicule !
Malgré toutes les dispositions prises par les autorités, on n’a pas encore réussi à enrayer définitivement le phénomène. Il s’arrête bien quelque fois, pour reprendre ensuite, de plus belle. Ce fut le cas en 2012, avec l’intensification des patrouilles motorisées des compagnies sécurité routière de l’époque ou après le passage à Mamou d’une mission spéciale du Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale, Direction de la Justice Militaire.
Il faut dire aujourd’hui, que le phénomène a pris de l’ampleur. Les bandits diversifient leur mode opératoire. Sans doute, pour brouiller les pistes. C’est ainsi que l’usage des motos s’est généralisé. Elles leur servent à poursuivre et à rattraper les véhicules ciblés ou, le cas échéant, à se disperser rapidement à l’arrivée impromptue des forces de l’ordre.
Les braqueurs opèrent toujours en binôme ou à trois voire quatre. Ils sont tous armés. Il y a quelque temps, ils ont migré vers d’autres formes de pillages. On a appris que certains parmi eux exigent que les passagers leur livrent la totalité du compte qu’ils ont placé chez leur opérateur de téléphonie mobile. Bien pire que tout cela, il est arrivé que des coupeurs de route obligent les femmes à se dévêtir, heureusement sans aller plus loin, du moins, jusqu’à maintenant. Une requête totalement décalée et outrageante qui constitue, en soi, plus qu’une source d’inquiétude, un vrai sacrilège. Il faut dire que là, on est réellement à la limite de l’infamie. Le seuil du tolérable est franchi.
En plus de la psychose qu’elle a provoquée, cette recrudescence des braquages routiers qu’on n’arrive pas à juguler, a fait naître, un sentiment d’incompréhension et de frustration chez les populations. Cela a amené bon nombre d’entre eux, à ne plus voyager de nuit, par crainte de rencontrer les fameux coupeurs de route qui sont partout et agressent impunément les paisibles voyageurs.
Avec le temps et peut être à cause de sa position géographique qui la place au centre du pays et en fait un passage obligé pour rallier les quatre régions naturelles, Mamou s’est avérée être l’épicentre du phénomène de braquages routiers. Les statistiques l’attestent formellement. Des cas sont régulièrement signalés sur les axes qui mènent de là, vers Kindia, Labé, Dabola et Faranah.
Pour l’année écoulée, le syndicat des transports et mécanique générale de Labé a relevé 46 cas de braquages dont ont été victimes leurs chauffeurs. Ces attaques sont survenues sur les trajets Labé-Conakry et Labé-Kankan.
Au même moment, le groupement gendarmerie routière de Mamou annonce 19 braquages dans sa zone de compétence, pendant la même période.
Nous y reviendrons plus amplement.