Avec une peine moins sévère en appel, le journaliste et syndicaliste Sekou Jamal Pendessa rentre chez lui dès cet après-midi. Trois mois d’emprisonnement dont un mois et six jours ferme. C’est la décision de la cour d’appel de Conakry contre le journaliste. En première instance, le tribunal de Dixinn l’avait condamné à six mois d’emprisonnement dont trois assortis de sursis pour « participation délictueuse à une réunion sur les lieux publics, participation délictueuse à un attroupement, complicité, atteinte et menace à l’ordre public ».
Les avocats de la défense et le parquet du tribunal de première instance de Dixinn avaient tous relevé appel contre la décision rendue en premier ressort. Pour les avocats, le juge Mory Bayo du TPI de Dixinn a statué des infractions différentes de celles qui figuraient sur l’ordonnance de renvoi. « Le tribunal de jugement a été saisi par ordonnance de renvoi et de requalification pour délit de provocation. Sekou Jamal a été renvoyé pour un seul délit qui a été débattu à l’audience. Nous avons fait une observation. L’ordonnance de renvoi à borner les limites de la procédure. On ne pouvait que juger les faits qui ont renvoyé notre client devant la chambre de jugement. Le juge a statué sur d’autres infractions qui ne figurent pas dans l’ordonnance de renvoi et qui n’ont jamais été l’objet de débat.
Il glisse dans la motivation en disant outrage au chef de l’État. Le juge dit que Pendessa n’a pas prouvé qu’il n’a pas adressé de courrier. Ce qui veut dire que le juge n’a pas pris son temps de lire le dossier. Il a juste pris une décision comme si on lui avait dicté. Ce n’est pas la forme d’un jugement. C’est tout sauf cela. Les faits que nous avons défendu à la barre n’ont pas été pris en compte. Et les motifs que le juge a avancé n’ont pas été discutés », a expliqué Me Faya Gabriel Kamano.
Dans leurs plaidoiries, ils ont demandé à la Cour d’infirmer la décision du tribunal et de renvoyer leur client des fins de poursuite pour délit non constitué.
Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a demandé d’infirmer la décision de la juridiction de premier degré et de condamner le prévenu à trois mois assortis de sursis.
« Je suis innocent », a lancé Pendessa pour sa propre défense. Ajoutant qu’il n’est qu’un produit du mouvement syndical guinéen… Avec la sanction de trois mois dont deux assortis de sursis, il rentre chez lui. Mais devra payer une amende de 500 mille francs guinéens.
Par ailleurs, les avocats du journaliste et syndicaliste Sékou Jamal Pendessa sont mécontents de la décision de la cour d’appel de Conakry qui a condamné leur client à trois mois d’emprisonnement dont un mois et six jours ferme. Même si leur client est désormais libre, ils tiennent à la virginité de son casier judiciaire qui reste sali avec cette décision de la cour d’appel.
« Nous avons un sentiment mitigé. Nous avons relevé appel contre la décision du tribunal de première instance. Le parquet aussi a relevé appel. Ce qui signifie que c’est une mauvaise décision qui a été rendue par le tribunal de première instance. La cour nous a suivi, la décision a été réformée. Notre client avait été condamné en première instance pour six infractions. La cour d’appel n’a retenu qu’une seule infraction, la provocation directe à un attroupement non armé n’ayant produit aucun effet. Cette infraction elle-même n’existe pas. Cette décision est une façon de soigner un peu l’image de la justice. Le laisser partir, ça aurait été baisser la tête. En réalité, il n’y a aucune infraction. Le second problème est qu’il a été condamné au temps mis comme pour se tirer d’affaires. Il a été condamné à trois mois dont un mois et six jours purgés, c’est pourquoi il est remis en liberté. Mais nous allons exercer le pourvoi en cassation pour ne pas que son casier judiciaire soit entamé. Il y a beaucoup de cadres dans ce pays qui ont été condamnés de la sorte et pour lesquels nous avons exercé des recours. A la sortie de cette audience, nous allons exercer le pourvoi en cassation contre cette décision. Que la cour suprême casse et annule cette décision parce que c’est un innocent qui a été condamné », a dit Me Salifou Béavogui.