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Effets collatéraux de la Covid-19 : les autres pathologies délaissées dans les hôpitaux

Les patients souffrant du paludisme, de la rougeole, du choléra, du cancer, du rhumatisme, de la prostate, de l’hépatite, de conjonctivite, de la gastrite, les drépanocytaires…sont  aujourd’hui exposés à la mort. Le personnel de santé dans les hôpitaux, étant préoccupé principalement par la prise en charge des patients infectés du coronavirus. Ce constat malheureux a été fait lors de notre enquête, dans les hôpitaux publics de la capitale où selon des témoignages, beaucoup de malades cloués sur leur lit d’hôpital seraient sans soins appropriés depuis des semaines.

En Guinée, la plupart des services dans les établissements sanitaires souffrent d’une pénurie de personnel médical, quand ce ne sont pas les patients qui refusent carrément de se rendre dans les hôpitaux, par crainte d’une infection croisée dans les services.

Mountaga D, père d’un garçon de 3 ans qui souffre d’une crise d’épilepsie, lutte pour obtenir un traitement urgent et vital au CHU de Donka. Là-bas, beaucoup n’ont pas survécu à leur maladie puisque la quasi-totalité des ressources humaines et médicales seraient consacrées au coronavirus.

Aux dires des parents de certains malades, les efforts de lutte contre le coronavirus sauve des vies au détriment d’autres. Ils estiment que les décès évitables dus à des accidents vasculaires cérébraux, à des crises cardiaques et à d’autres maladies aiguës pourraient être plus nombreux que les vies sauvées par le traitement de la pandémie.

Interrogés dans la foulée, plusieurs parents de malades, ont désespéramment expliqué comment des proches ont succombé au manque de prise en charge médicale. Fanta Cissoko, mère d’un jeune homme de 19 ans, a ainsi déploré: “Nous n’avions pas eu d’issue, nous n’avions pas d’autre choix que de le ramener à la maison et de le traiter à l’indigénat. S’il avait été admis et pris en charge dans un hôpital, il ne serait pas mort.”

Une femme de 51 ans a décrit comment elle s’est faite refoulée avec sa mère malade de plusieurs hôpitaux en raison du risque d’infections croisées, dit-on, pour soigner sa maman. La pénurie dans les banques de sang, selon ses dires, a rendu impossible les transfusions sanguines hebdomadaires dont sa mère a besoin pour rester en vie. “Tout ce que nous pouvons faire maintenant, c’est attendre sa mort”, déplore-t-elle. Quelques jours après, sa mère est décédée dans ses bras à la maison.

Attention à la prolifération des autres épidémies

On peut alors affirmer sans risque de se tromper que la covid-19 pourrait faire ressurgir d’autres maladies mortelles, si l’on n’y prend garde. Et c’est ce que redoutent beaucoup de guinéens. Des maladies comme la rougeole, le choléra pourraient resurgir si l’attention reste totalement concentrée sur la Covid-19. L’apparition du coronavirus suscite en effet une grande mobilisation de ressources y compris celles devant aller normalement à la lutte contre des maladies comme la rougeole, le choléra, le cancer du col de l’utérus…

Report forcé des campagnes de vaccination

Les enfants de moins de 5 ans ne bénéficient plus de vaccins vitaux en raison des perturbations causées par la pandémie de coronavirus, apprend-t-on dans les locaux de l’hôpital Ignace Deen. Selon un médecin, 14 campagnes de vaccination majeures ciblant la polio, la rougeole, le choléra, la méningite et d’autres maladies ont déjà été reportées. « La rougeole et la méningite », indique-t-il « ont resurgi dans certaines villes du pays avec un nombre important d’enfants infectés. »

Ainsi, face à la réduction des moyens, le médecin met en garde contre les conséquences de cette négligence. « Juste après la pandémie de Covid-19, il y aura une flambée d’épidémies à travers le pays », alerte-t-il, avant de continuer « Selon une consœur spécialiste en parasitologie-mycologie, les malades désertent les hôpitaux et centres de santé, par peur d’une éventuelle contamination au Covid-19. Ils craignent de contracter le Covid-19 en milieu hospitalier, ça c’est une réalité », indique-t-il

 Les patients non atteints de la COVID-19, délaissés

Depuis le début de la crise sanitaire, à l’hôpital comme en ville, les patients atteints d’autres pathologies que le COVID-19 se font rares. Pourtant, certaines situations nécessiteraient une prise en charge, peut-être pas immédiate mais dans des délais néanmoins rapides, sous peine de s’aggraver.

Pour Dr Moryba Kéita, les raisons du refus de se rendre sont multiples: « c’est vrai. Aujourd’hui, à  l’hôpital comme dans les cabinets médicaux ou paramédicaux, le constat est le même : les consultations pour des motifs étrangers au COVID-19 sont beaucoup moins fréquentes que d’ordinaire. Les raisons sont multiples. La principale est sans doute la crainte de la contagion, qui fait hésiter à se rendre dans les cabinets de et les services hospitaliers. Certains patients peuvent également redouter les visites à domicile, lorsqu’elles sont proposées, en les considérant comme susceptibles de les contaminer. Enfin, les difficultés pour se déplacer dans de bonnes conditions incitent certains patients à différer leur prise en charge, parce qu’ils pensent que « ça peut attendre » ».

Une enquête réalisée par Louis Célestin

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