Les résultats des examens de fin d’année ont été catastrophiques. Face à cette situation, les responsabilités restent partagées. En tout cas, l’Inspectrice Régionale de l’Éducation (IRE) de Conakry, Léotine Cissoko a été révoquée de ses fonctions et mise à la disposition de son département.
Interrogé ce mercredi 17 août, le secrétaire général du Syndicat National de l’Éducation (SNE), Michel Balamou n’est pas allé avec le dos de la cuillère.
Au bout du fil, il a déploré le fait que la fraude aux examens nationaux est devenue très systémique au point que les sanctions commencent à tomber.
D’après lui, l’inspectrice régionale de l’éducation de Conakry a payé les frais de la mauvaise gouvernance actuelle de notre école guinéenne. « Elle a été juste au mauvais endroit et au mauvais moment », a t il indiqué.
Poursuivant, il a signalé que les vrais responsables sont ceux qui ont changé les règles de jeu à la veille des examens nationaux.
« Ceux qui ont changé le système d’évaluation sans maîtriser tous les paramètres. Nous avons critiqué les feuilles d’examen et la qualité des stickers mais, nous avons été qualifiés de frustrés et de saboteurs. Aujourd’hui, on est face à l’évidence qui ne peut être niée. On ne peut pas supprimer le secrétariat et les anonymats sans s’assurer de la moralité des femmes et des hommes choisis pour corriger, reporter, centraliser, saisir et calculer les notes. Cette année, tout le monde avait accès aux PV et aux notes parce qu’il n’y avait pas d’anonymats sur les copies », a t il dénoncé.
Dans le même sillage, il a fait savoir qu’à partir de moment que beaucoup d’écoles privées sont parvenues à négocier des meilleurs résultats pour leurs candidats, qu’à qui incombe la responsabilité morale de ce dérapage inédit ?
« Que chacun s’assume et subisse la rigueur de la loi », a t il déclaré.
A en croire le syndicaliste Balamou, c’est un crime intellectuel lorsque des bons élèves de familles pauvres échouent et que des élèves médiocres de familles riches sont déclarés admis.
« Surtout lorsqu’on reporte les notes des présents dans la colonne des absents et celles des absents dans la colonne des présents. C’est pourquoi, nous avions demandé dès la proclamation de ses résultats de toutes les polémiques, leur invalidation pure et simple », a t il dit.
Et d’enchaîner : « il suffit juste de jeter un regard sur les résultats de certaines écoles privées et leur taux de réussite au Cerficat d’Etudes Elémentaires (CEE) , au BEPC et au BAC ( 100%) pour se rendre compte de l’ampleur du deal.
70% des admis au Baccalauréat viennent des écoles privées contre 30% pour toutes les écoles publiques du pays. On peut tolérer la fraude d’un élève mais lorsque, c’est le système éducatif lui-même qui fraude, cela devient systémique » , a t il regretté.
Aujourd’hui, a t il annoncé, l’informaticien de L’IRE de Conakry est écroué à la Maison Centrale et le second est en cabale. « Cela devient inquiétant », a t il laissé entendre.
Plus loin, le SNE a recommandé vivement l’audit des copiés des trois examens nationaux pour situer les responsabilités des uns et des autres mais aussi et surtout, pour rétablir les élèves victimes d’injustice dans leur droit et recaler les élèves frauduleusement déclarés admis.
« Pour y parvenir, il faut auditer dans toutes les copies des DPE /DCE/ IRE et Direction générale des examens. Il ne faut pas seulement sanctionner une seule personne et laisser les autres continuer à commettre leur forfaiture en toute impunité » a t il fait remarquer.
Pour terminer, Michel Balamou a invité le président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya d’avoir les mains lourdes pour agir en toute impartialité.
« Les orteils ne doivent pas tomber en lieu et place des têtes. Sinon, ce serait du deux poids deux mesures.
Seule une commission d’audit indépendante pourra rétablir la vérité de la passation des épreuves de ces trois examens nationaux. Le reste n’est que de l’amateurisme », a t il fustigé.