Depuis le début de cette nouvelle année scolaire 2021-2022, on note dans la quasi-totalité des écoles publiques de la région un manque criard, en termes d’infrastructures et de personnels enseignants. Les salles de classes en plus d’être vétustes, pour la plupart dans les enceintes scolaires n’existent pas en nombre suffisant. Elles sont toutes en sureffectifs. Cette situation occasionne dans ces établissements, ce qu’on pourrait appeler une crise de table banc, a-t-on constaté sur place.
Récemment des images ahurissantes de salles de classes surchargées avec des élèves assis à même le sol pour prendre les cours dans les localités de Mandiana et de Siguiri ont fait le tour du monde et suscité de l’indignation via les réseaux sociaux.
Confronté à ce phénomène depuis des années Lancinè Keita, proviseur du lycée 3 avril de Kankan, qui nous a reçus ce mercredi dans son bureau interpelle : « Vous savez, chaque année, nous sommes confrontés à un lot de difficultés d’ordre socio-pédagogique. Quand vous avez des effectifs qui peuvent atteindre plus de 3.000 élèves répartis dans seulement 18 salles de classe. Et jusqu’au moment où je vous parle, on continue à recevoir des dossiers. Donc comme dans toutes les écoles, un problème de table banc se pose chez nous. Mais malgré ça, on ne se décourage pas. On est obligé de pratiquer, la double vacation pour faire face à ce manque de tables bancs dans nos écoles. Donc, des enfants s’arrêtent pour suivre les cours, au détriment de notre volonté. En tout cas, nous faisons tout ce qui est à notre pouvoir pour y remédier. Mais il faut aussi que les autorités nationales nous viennent en appui », a-t-il exhorté.
L’autre fléau qui gangrène les établissements scolaires à Kankan, est le manque de personnel enseignant. Poursuivant Lancinè Keita, en témoigne :
« Au lycée 3 avril où je suis proviseur, il n’y a aucun professeur de physique. Cette année on voulait désengorger les salles, scinder certaines classes en deux. Mais comment faire, nous sommes en manque criard d’enseignants. Ce sont des jeunes diplômés animés par l’amour d’enseigner qui nous aident ici à réduire un peu ce manque. Ils sont nombreux à évoluer comme ça avec nous sans aucune rémunération. Ils dispensent différentes matières gratuitement. C’est pourquoi je pense qu’ils méritent d’être engagés à la fonction publique après ces nombreuses années de sacrifice qu’ils ont eu à consentir dans l’intérêt de nos écoles », a-t-il incité.
Mêmes réalités et même son de cloche ou presque, chez son homologue Gassim Keita, le proviseur du lycée Morifindjan Diabaté, le plus grand établissement scolaire dans toute la région de la Haute Guinée.
Ici, les salles de classes ne manquent pas, mais les tables bancs oui : « Cette année, l’effectif des élèves évoluent ici assez vite. Nous sommes déjà à plus de 4000 et la situation est très évolutive. Donc d’ici 2 à 3 mois encore, on risque d’atteindre les 5 000. En dépit des ressources limitées, on ne s’affole pas. Mes équipes et moi, nous mettons les bouchés doubles pour relever les défis, même s’il faut reconnaître que nos salles de classes sont saturées et que nous manquons beaucoup de tables bancs. Donc nous mettons les parents d’élèves à contribution pour combler ce manque des tables bancs. On a besoin en fonction des effectifs pléthoriques que nous avons de nouveaux enseignants dans toutes les disciplines enseignées. Depuis plusieurs années, nous sommes épaulés par des jeunes volontaires, qui nous viennent en aide gratuitement. Alors leur engagement à la fonction publique nous sera encore plus bénéfique», a-t-il également sollicité.
Pour sa part, rencontré à son bureau, Famoro Keita, Inspecteur régional de l’éducation de Kankan, n’a pas renier les problèmes, mais à préférer s’exprimer que sur le l’aspect manque d’enseignant : « Concernant ce manque d’enseignant, pendant les réunions préparatoires de cette nouvelle rentrée scolaire, le problème a été beaucoup évoqué. Aucun DPE, aucun IRE n’a parlé sans évoquer ce problème. Au jour d’aujourd’hui, ce sont les contractuels communautaires qui nous appuient, puisqu’il n’y a pas de contractuels d’Etat. Donc tout le monde a été unanime qu’il faut un recrutement. Sans quoi, nous vivons une crise d’enseignants », a-t-il alerté.
A noter aussi que selon cette autorité éducative, il existe à date, une bonne quantité d’écoles à travers la région, qui sont purement et simplement fermées depuis la reprise de l’année scolaire car : « Les communautés n’ont pas les moyens de payer les enseignants contractuels ».
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