C’est bien le cas de le dire, à présent qu’il s’agit de payer les 8 millions aux enseignants, c’est maintenant que l’Education se rend compte que les enseignants qu’elle a usés jusqu’à la corde, qui ont formé des générations et des générations, les formaient mal ?
La sortie de K² est plus malheureuse que son silence. Venant de lui, la chose ressemble à un désaveu. Que n’a-t-il soulevé la question quand il a pris en charge l’Education? Pourtant, pendant des décennies, alors qu’il n’était que simple syndicaliste ou simple employé de l’Education, cette question n’a cessé de rabattre les oreilles des décideurs et quand il est devenu ministre, la question n’a cessé de revenir sur le niveau des enseignants, mais qu’a-t-il décidé jusqu’à maintenant ? Rien !
Depuis quand le niveau de l’enseignement s’est affaissé ?
La date exacte, personne ne pourra la situer, mais il faut la chercher au départ des colons et l’arrivée des coopérants des pays socialistes (Russes, Bulgares, Vietnamiens…) pour former les premiers de Dabadou.
Les sortants de Dabadou avaient, certes, un niveau très appréciable, pour certains, mais pas fameux pour d’autres. Le fait du manque d’enseignants, la fabrication et la manufacture en masse des enseignants se faisaient par des personnes calées dans leur domaine mais qui devaient apprendre le français en formation intensive avant de donner des cours. L’inconvénient est que l’enseignant dans ces conditions ne peut transmettre que, disons 70% de ses connaissances. Le plus brillant étudiant de Poly ou élève-maître de Dabadou n’a pas pu assimiler les 70% de connaissances dispensée, mais un peu moins. Il faut souligner que toute la fournée d’élèves-maîtres de Dabadou a été déversée immédiatement dans les différents établissements du pays. Des écoles guinéennes ont eu plus de chance que d’autres.
Ceux qui ont eu plus de chance ont été formés dès le primaire par les maîtres formés par le colon jusqu’au lycée, en 1970. Les premiers étudiants stagiaires qui donnaient des cours au lycée ont montré que la Guinée était mal parée. Les plus brillants, comme les Amara Kaba, étaient immédiatement envoyés à la RTG, par contre, d’autres lanternes rouges ont été envoyés et dispatchés un peu partout, les générations de maîtres ont formé des «déci-maîtres », qui ont formé, à leur tour, des « centi-maîtres », qui ont formé, à leur tour, des « milli-maîtres».
A l’heure actuelle, dans l’enseignement, de mutation en mutation, de dégradation en dégradation, de spéciation en spéciation, de dégénérescence en dégénérescence, dans certains établissements du primaire des écoles publiques et privées, ce sont des «micro-maitres » qui paradent. C’est d’eux que K² veut faire allusion, mais ils ont formé des rebuts pendant trop longtemps sans émouvoir personne.
Les fustiger en ce moment sans rien faire, c’est mettre la plaie à nu. Quelle proposition a K² en poche ? Les syndicalistes du SLECG savent pertinemment que la décantation est obligatoire, pour ne pas continuer à former des médiocres. Décidément, les 8 millions de salaire seront difficiles à toucher, mais dans ce cas, comment combler le vide que laissera ceux qui passeront à la trappe du grand test en vue, quand on sait que former un enseignant de niveau acceptable pour une matière nécessite au moins 18 mois ou 2 ans ?