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Éditorial : Le syndrome de Don Quichotte

La médiation entre les forces vives et la junte a finalement capoté. Si cette dernière a su jusque-là jouer la montre, en mettant la trêve du ramadan à profit pour endormir son adversaire, ne faut-il pas craindre que le réveil des frondeurs ne vienne in fine gripper la machine de la transition ? C’est du moins la hantise qui tourmente bien des gens dans la cité, depuis l’annonce par les forces vives d’une série de manifestations de rue, à compter de ce 10 mai.

Les pourparlers entre les forces et le gouvernement de transition, sous l’égide des guides religieux, n’a pas produit les résultats escomptés. De quoi apporter de l’eau au moulin des observateurs qui voyaient le verre à moitié vide, en suivant le cours de cette médiation.

Les forces vives qui avaient déjà une sorte de vague à l’âme, en venant autour de la table, disent n’avoir aucun espoir de voir leurs préalables aboutir à des concessions de la part de la junte. Une junte dont la main tendue ne serait en réalité qu’une manœuvre dilatoire, pour gagner une longueur d’avance dans l’exécution du chronogramme de transition. C’est du moins l’avis de l’aile dure des forces vives.

Comme si le ridicule ne tuait plus en Guinée, c’est le Premier ministre Dr Bernard Goumou qui se dit très surpris d’entendre les forces vives battre le rappel de leurs troupes. Dans la perspective d’une série d’actions de désobéissance civile prévues du 10 au 25 mai.

Alors que le fil n’était pas du tout rompu entre les deux camps, dans le cadre de la médiation qui suivait son cours normal au centre islamique de Donka. Dr Bernard Goumou, par la voix du porte-parole du gouvernement, réitère toutefois sa main tendue aux indignés.

Il promettait dans la foulée de reprendre langue avec ces acteurs dans la soirée du jeudi. Depuis, on en sait pas trop sur la démarche du locataire du palais de la Colombe.

A moins que le retour au bercail du chaînon manquant dans ce processus de médiation, qui est dorénavant le ministre de la Justice et garde des sceaux, Alphonse Charles Wright, ne fasse bouger les lignes. A juste raison d’ailleurs.

Quand on sait que tous les préalables des forces vives reposent essentiellement sur le sort judiciaire de ses leaders. C’est le « refus » de l’exécutif de faire immixtion dans le domaine relevant du judiciaire, qui serait le véritable ferment de la discorde entre les deux protagonistes. A cela, il faut ajouter le fait pour la junte de vouloir selon elle laver tout blanc, en débarrassant l’administration publique de toutes ses scories, avant de rendre le pouvoir aux civils dans un délai de deux ans. Ce qu’elle a maquillé sous les traits d’une refondation.

Une simple utopie, glose-t-on dans le camp des forces vives. Qui soupçonnent la junte de nourrir des velléités plutôt hégémoniques. Et de vouloir conserver le pouvoir, en écrasant toutes les voix dissonantes.

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