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Éditorial : le grand saut dans l’inconnu

La suspension du Procureur général près la Cour d’Appel, pour avoir rappelé à l’ordre le colonel Balla Samoura, tombe comme un cheveu sur la soupe. Il s’agit là d’un véritable crève-cœur pour ceux qui avaient cru au nouveau monde que nous a fait miroiter le colonel Mamadi Doumbouya, à sa prise de pouvoir le 05 septembre 2021. Malheureusement nous sommes loin du compte. A l’allure où va le train, c’est comme si ce sont les faucons du CNRD qui seraient aux commandes du navire, en arrière-plan. Même si la suspension du colonel Balla Samoura vient atténuer un peu la colère des partisans d’un état de droit, dont nous rêvions tous.

Aussitôt suspendu de ses fonctions pour « faute disciplinaire », M. Charles Wright a été chassé de son bureau et dépouillé de son véhicule et de sa garde. Des pratiques rétrogrades dignes d’une république bananière. Voilà qui met à l’eau tous les efforts que le président de la transition était en train de consentir, dans la construction d’un état démocratique. Cette suspension du Procureur général, dont l’abnégation et l’engagement pour la défense des intérêts du peuple ne souffre d’aucune entorse, donne raison à ceux qui commencent à douter de la bonne foi des autorités de la transition.

Dans le tollé suscité par cette suspension, le collectif des coordinations du FNDC s’est fait entendre à travers une déclaration.  Dans cette brouille entre le Procureur général Charles Wright et Balla Samoura, le Haut commandant de la gendarmerie nationale, le collectif dit « constater avec regret que la force continue à avoir raison sur la loi et qu’à chaque fois qu’un membre du gouvernement ou Homme de droit rappelle les démarches administratives et juridiques, il est toujours suspendu voire limogé plus tard ». Rappelant dans la foulée le cas « de l’ex ministre de la justice garde des sceaux Mme Soumah Fatoumata Yarie, limogée le 1 janvier 2022 pour avoir aussi rappelé un principe élémentaire du circuit administratif connu de tous ».

Tout comme le FNDC, nombreux sont les Guinéens qui pensent aujourd’hui que la justice qui devait servir de boussole pour orienter le navire serait en panne. Car la pression de l’exécutif sur le pouvoir judiciaire n’est pas en train de faiblir. A preuve cette suspension de Charles Wright, qui était devenu un poil à gratter pour le ministre de la Justice, Moriba Alain Koné et toutes les forces centrifuges, gravitant autour du colonel Doumbouya. On doit se faire du mouron, à l’allure où va le train de la transition, qui donne l’air d’un véritable saut dans l’inconnu.

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