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Éditorial : Le discours incantatoire de Béavogui

Le Premier ministre guinéen a profité de sa rencontre avec la mission de la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), pour annoncer les couleurs de la feuille de route de la transition. Mohamed Béavogui, d’ordinaire très réservé, s’essaie désormais dans la langue de bois, implorant la clémence de l’organisation sous-régionale, sur fond de promesses d’une refondation d’un Etat « failli ».

 

Le passage à la Primature vendredi dernier, fut l’un des points d’orgue de la mission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest à Conakry. Cette délégation qui était conduite par l’Ivoirien Jean Claude Kassy Brou, fut briefée par le locataire du palais de la Colombe sur la feuille de route du CNRD.

Durant cette visite, Mohamed Béavogui a commencé par rappeler les arguments brandis par la junte, pour justifier le putsch contre Alpha Condé. Une manière de rafraîchir la mémoire à ses hôtes de marque.

« Vous n’êtes pas sans connaître les raisons qui ont poussé à ce changement. Ce pays a besoin d’être reconstruit dans tous ses aspects et la base de cette construction ne sera possible que s’il y a un dialogue et une concertation nationale de manière inclusive. Le Président Mamadi Doumbouya a fait le choix de l’apaisement et demande à reconstruire la Guinée sur la base de la justice », tel fut d’entrée un pan du message servi à la mission par Béavogui. Des propos rapportés, dans leur teneur, par la cellule de communication de la Primature.

Le Premier ministre tentera ensuite de donner une image plus conciliante de la junte, en mettant le curseur sur l’épineuse question des droits humains. Histoire de sortir des sentiers battus. Quand on sait que les droits de l’homme constituaient le talon d’Achille du régime précédent.

Mohamed Béavogui a, dans la foulée, promis que la réconciliation des Guinéens sera l’un des défis majeurs que le CNRD se fera le devoir de relever, durant cette transition. Parmi les autres chantiers à bâtir par le gouvernement durant cette période d’interrègne, figurent aussi en bonne place : la remise en selle de la justice, la moralisation de l’administration publique, la réhabilitation des infrastructures routières, entre autres.

Face à cette panoplie de problèmes à régler, en vue d’améliorer la qualité de vie du Guinéen, le Premier ministre à implorer la clémence de l’organisation sous-régionale, en faveur d’un chronogramme de transition plus souple.

Béavogui, tout en jurant ses grands dieux qu’ils ne seraient pas venus pour s’éterniser au pouvoir, a néanmoins laissé entrevoir que pour réussir la transition, le CNRD avait besoin d’un maximum de temps. Pour traduire en actes ses réformes devant reposer sur deux piliers, à savoir le « changement et la construction de la Guinée ».

Le Président de la commission de la CEDEAO, a pour sa part promis une réponse urgente à toutes les préoccupations de la junte.  A l’issue d’un sommet qui se tiendra dans une dizaine de jours à Accra au Ghana autour des dossiers guinéen et malien.

A noter que cette troisième mission de la CEDEAO était venue à Conakry, dans le but de faire un état des lieux du processus de transition, afin de voir quelle partition l’institution pourrait jouer, pour favoriser un retour à l’ordre constitutionnel.

Quant au discours incantatoire du Premier ministre, ce n’est pas évident qu’il fasse de l’effet sur la classe politique. Une classe politique qui trépigne d’impatience, de voir la junte écourter son magistère, au profit d’un pouvoir civil élu.

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