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Éditorial : La tactique du harcèlement

Les sanctions prises à l’encontre des autorités de la transition ont été accueillies avec circonspection dans la cité. Leaders politiques, organisations de la société civile et citoyens lambda sont quasiment unanimes sur les effets pervers de cette pression diplomatique, qui risque de dévoyer cette transition. Qui, au demeurant, constitue l’ultime chance pour notre pays d’échapper à l’emprise de ses vieux démons.

A l’issue de leur sommet extraordinaire de ce dimanche, les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont eu la main lourde contre les autorités de la transition.

En plus du « maintien de la suspension de la Guinée de toutes les instances de la CEDEAO, la conférence a également réitéré l’interdiction des voyages et le gel des avoirs financiers des membres du CNRD et de leurs familles, jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel. »

L’autre point non négociable exigé à la junte par la Conférence des chefs d’État est « la libération immédiate et sans condition du Président Alpha Condé. »

Ces sanctions constituent certes du réchauffé, quand on sait qu’elles avaient été prises au lendemain du putsch.

Elles confirment toutefois la détermination de la Cédéao à mettre les bâtons dans les roues de la junte. Une junte soumise au désidérata de l’organisation qui, au nom du principe de subsidiarité des institutions internationales, ne manque pas de faire dans l’esbroufe et le harcèlement.

Bien d’observateurs voient derrière ces sanctions, une main du président Alassane OUATTARA, de Côte d’Ivoire. Sachant qu’il est assis sur un volcan, le Dr OUATTARA n’aurait pas intérêt à ce que le CNRD réussisse sa mission. De peur que cela ne fasse tache d’huile ailleurs, y compris dans son pays.

En plus d’avoir durci les sanctions contre la Guinée, la Cédéao, a mis l’occasion à profit pour nommer le Dr Mohamed Ibn Chambas, comme Envoyé spécial en Guinée, « dans le but de renforcer le dialogue avec les Autorités de la Transition et de favoriser la réussite d’un processus de transition dans les plus brefs délais. »

Le diplomate n’est pas un inconnu des Guinéens. Il avait d’ailleurs ses ronds de serviette à Sékhoutouréya, sous le règne du président déchu. Ce qui n’est pas de nature à rassurer la classe politique guinéenne. Désigné aux soupçons de partisannerie durant les dix dernières années de règne d’Alpha Condé, l’Envoyé spécial de la Cédéao risque d’être récusé par les acteurs politiques, à l’allure où va le train.

Ces contempteurs vont jusqu’à accuser Mohamed Ibn Chambas d’avoir approuvé implicitement le troisième mandat d’Alpha Condé.

Voilà qui augure de fâcheux auspices entre la Cédéao et Conakry.

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