Le colonel Mamadi Doumbouya a regagné Conakry ce dimanche, les mains pleines, après avoir pris part au premier sommet Arabie Saoudite-Afrique, qui s’est tenu à Ryad le vendredi dernier. Ce voyage au pays de l’or noir, a été mis à profit par le président de la transition, pour faire tourner sa machine diplomatique à plein régime. L’objectif étant de bénéficier des vannes de l’Arabie Saoudite, pays pétrolier par excellence, qui depuis l’avènement du prince Mohamed Bin Salmane Al Saoud, est dans une offensive diplomatique tous azimuts.
La grand-messe qui a réuni récemment une bonne brochette de chefs d’Etat du continent autour du roi d’Arabie Saoudite, a été une occasion pour porter sur ses fonts baptismaux, le sommet Arabie Saoudite-Afrique.
De quoi aguicher les pays en développement comme le nôtre, en quête perpétuelle de subsides pour faire tourner la boutique.
Le colonel Mamadi Doumbouya ne pouvait donc pas se passer d’une telle opportunité. Le pari était si grand, que le remue-ménage provoqué dans la cité, par l’évasion spectaculaire de la bande à Dadis, n’aura réussi à dissuader le colonel de s’envoler pour l’Arabie Saoudite.
Même si à sa décharge, on est encore loin de l’apocalypse. Il n’y avait donc pas péril en la demeure, selon certains observateurs. De sorte à décréter la loi martiale. Comme pour dire que pour le moment Mamadi, du haut de sa tour d’ivoire, tient le pompon. Qu’importe les velléités prêtées à tort ou à raison aux membres du commando expéditionnaire. Qui s’est d’ailleurs introduit dans la prison passoire, sans tirer le moindre coup de fusil. Ce fut à la limite un travail d’orfèvre.
L’expédition s’est certes soldée en définitive par des pertes en vies humaines, aussi bien dans les rangs des assaillants, que chez les forces spéciales. Sans oublier les victimes collatérales enregistrées lors de ce raid. Chose qu’on ne cessera de déplorer. Tout en exigeant justice pour les victimes de cet assaut mortel.
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Pour revenir au voyage du président, il en a déduit lui-même des « perspectives prometteuses pour le développement et la croissance de notre nation ». La rencontre ayant été selon le colonel « une chance unique de positionner la Guinée sur la scène mondiale ».
La cerise sur le gâteau a été le financement pour la construction et l’équipement d’un hôpital « mère et enfant » à Coyah, pour une bagatelle de 75 000 000 de dollars us, obtenu dans le cadre d’un contrat paraphé à cette occasion.
A cela il faut greffer d’autres opportunités de financements, à travers des canaux comme la Banque islamique de développement (BID), entre autres, apprend-on. On peut dire sans risque de se tromper que le chef de l’Etat a touché le gros lot.
De quoi alimenter la machine à propagande de la junte. Pour qui le jeu en valait donc la chandelle.
Quand on sait que le prince MBS, qui est un pur produit de son époque, en bon adepte d’un wahhabisme éclairé, qui n’a rien avoir avec l’islam radical, tient à hisser son pays au panthéon des états qui comptent sur l’échiquier international. Une ouverture d’esprit qui sort des sentiers battus et dont le but est de bâtir l’Arabie Saoudite à l’image de Singapour. Un modèle disruptif qui fait école. Et dont le Qatar, la Malaisie et les Emirats Arabes Unies se sont largement inspirés.
De telles ambitions, devant passer impérativement par une diplomatie du portefeuille.
