Alors qu’on croyait les délestages derrière nous, et bien les voilà qui reviennent au galop. Le gouvernement paie ainsi les méfaits d’une gestion au coup par coup du secteur de l’énergie qui lui revient en pleine figure comme un boomerang.
Notre capitale renoue avec ses ténèbres, au grand dam d’une population déjà fortement éprouvée par un quotidien difficile.
Pour justifier ces délestages récurrents, Électricité de Guinée (EDG), l’entreprise chargée de la gestion du secteur du courant invoque des pannes survenues récemment sur ses réseaux de production hydraulique et thermique.
Ce qui oblige du coup EDG à recourir à ses traditionnels ‘’tours-tours’’, dans la desserte en courant au niveau de la capitale. De quoi raviver le mécontentement populaire, quand on sait que les milliards de dollars us engloutis pour la réhabilitation du secteur électrique est un secret de polichinelle.
Le vulgum pecus a en effet du mal à comprendre qu’on en soit encore à recourir aux bougies pour nous éclairer, alors que le barrage de Kaléta, doté d’une puissance de 450 MW Kaléta est sorti de terre depuis 2015.
Même le président ne cache pas son amertume face à ce qui le fait ressembler à Sisyphe poussant le rocher, sans parvenir cependant au sommet de la montagne.
Car d’énormes sacrifices ont été consentis en faveur du secteur de l’énergie depuis l’avènement d’Alpha Condé aux affaires en 2010.
Ainsi de 212 mégawatt de puissance installée en 2011, cette capacité est passée à 562, 4 MW, selon des statistiques officielles.
Malgré tous ces efforts de la part du président Alpha Condé, pour que les délestages deviennent de lointains souvenirs, le mal demeure.
On est face à une nébuleuse. Même la multinationale Veolia s’y est cassée la margoulette.
Et le chef de l’Etat a certainement fini par s’en rendre compte, d’où cette injonction faite à son gouvernement pour auditer le secteur.
Même si pour le moment les autorités compétentes traîneraient les pieds à ce niveau. Certains sceptiques mettent d’ailleurs cet appel du président sur le compte d’un vœu pieux.
Considérant le secteur énergétique guinéen comme un univers plutôt ésotérique où il ne fait pas souvent bon de mettre le nez. Tant l’enjeu financier serait colossal.
Et chacun tente de tirer les marrons du feu. Comme cette défausse de Cheick Taliby Sylla sur EDG, en justifiant les perturbations sur le réseau de production du courant par des impayés que cumuleraient l’entreprise vis-à-vis de certains de ses fournisseurs en énergie thermique.
Prenant ainsi le contre-pied de l’argumentaire avancé par la direction d’EDG pour rassurer sa clientèle.
Il est vrai que ces révélations du ministre n’apportent rien de nouveau sous le soleil. M. Taliby n’aura fait que confirmer ce que nos confrères de radio espace venaient de révéler, la veille, dans leur émission de grande écoute les Grandes Gueules. Concernant l’incurie qui prévaut dans la gestion de ce secteur stratégique.
Le pire dans cette affaire est le fait qu’EDG revende à 730 GNF, le KW de l’énergie acheté à 2000 FG aux fournisseurs.
Cheick Taliby Sylla reconnait dans la foulée que ce sont les énormes subventions de l’Etat qui feraient vivre EDG. Qui ne serait en réalité qu’une entreprise sous perfusion.
La bonne nouvelle dans cette sortie du ministre est le retour à la normale dans la desserte en courant, qu’il promet de façon imminente.
Vivement donc la fin de ces délestages qui portent un sérieux coup au fonctionnement de nos PME.