L’allégresse et l’euphorie provoquées au sein de l’ancienne majorité présidentielle par la libération de l’ancien président Alpha Condé ne sont toujours pas retombées. Il fallait s’attendre à un tel enthousiasme, qui ne s’est toutefois pas manifesté en déferlement de joie dans les rues de la cité. Même si maints observateurs parient pour leur part, que le leader historique du RPG arc-en-ciel, ne pourrait passer entre les mailles du filet judiciaire. Au risque que cela ne soit un précédent dangereux pour la République.
Pendant que les conjectures vont bon train sur les non-dits qui ont prévalu à la libération du président Alpha Condé, ces victimes et leurs conseils affûtent leurs armes pour ester en justice contre lui. Des victimes à la pelle, tant le pouvoir d’Alpha Condé était basé sur le tout-répressif. A preuve le chiffre de 400 tués, avancé par des ONG de défense des droits humains, durant sa décennie de règne. De quoi justifier la colère et la consternation suscitées chez les victimes et leurs familles, par cette libération de l’ancien chef d’État.
Vague de colère ressentie jusqu’au sein de la Coordination du Front national pour la défense de la constitution (Fndc). Ce mouvement hétéroclite qui s’est illustré sous la troisième république, en parangon de vertu démocratique, ne cache pas sa préoccupation, face à cet élargissement de l’ancien président.
C’est un communiqué publié à cet effet, la Coordination du Fndc ‘’demande aux citoyens pro-démocratie de rester mobilisés pour les valeurs de justice, de paix et de démocratie qui sous-entendent la lutte citoyenne pendant cette décennie du peuple martyr de Guinée.’’
Tout en appelant ‘’à la diligence du Cnrd et du gouvernement de la transition à entendre le cri de cœur des guinéens qui ont soif de justice. Cela, pour la quiétude sociale.’’
Ce concert de protestation devrait inciter la justice à jeter la lumière sur le lourd passif du leader du RPG arc-en-ciel. Car le règne d’Alpha Condé n’a pas été marqué que par de graves violations des droits humains. Le détournement des deniers publics était aussi érigé en système de gouvernance.
La mise en examen d’une centaine de cadres, dont des apparatchiks de son régime, pour corruption constitue une parfaite illustration de cette gouvernance à la godille.
Conscient sans doute des déboires judiciaires qui pourraient constituer désormais son lot quotidien, Alpha Condé, en fin stratège, a plus d’un tour dans son sac pour échapper à Dame Thémis. C’est du moins ce qui ressort de son entretien ce samedi avec certains de ses anciens collaborateurs et lieutenants. Quand son parti, dans un communiqué relatif à cette rencontre, fait mention de la « nécessité pour le président de poursuivre ses soins médicaux conformément aux recommandations des médecins ».
Une manœuvre dilatoire pour freiner sans doute la machine judiciaire. Jusqu’à quand ce jeu de dupes va-t-il encore durer ? la question vaut son pesant.