La nouvelle loi sur la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) continue de susciter la polémique au sein des acteurs politiques. Alors que certains crient au forcing, d’autres par contre, parlent de vote consensuel. Dans une interview accordée à Guinéenews© dont nous vous livrons un extrait, Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral (BL) parle lui, d’une « loi faite à l’image de certains partis politiques ».
Il dénonce cette loi qu’il qualifie d’entrée de partisane. « Vous savez, on dirait que la loi, c’est un encombrement dans ce pays. On est très réfractaire à la loi. On a fait des accords en 2015 et en 2016, tous ces accords ont parlé d’aller vers une CENI technique. Toutes les recommandations faites par les rapports faits par des observateurs internationaux, c’est autour des élections. Et ces recommandations vont dans le même sens, une CENI technique. Celle qu’on nous produit, c’est encore une CENI partisane. Ça, on est resté sur nos faims », fait-il savoir.
« Pour Faya Millimono, de la même manière où, en 2003, la Guinée avait, dit-il, écrit la Constitution à l’image du général Lansana Conté en allant jusqu’à demander la prolongation de son mandat à 7 ans, malgré son état de santé dégradant, aujourd’hui c’est exactement ce que nous sommes en train de vivre. En ayant une loi à l’image de quelques partis ».
Ce qui est grave, poursuit le président du BL, c’est que certains députés disent qu’ils n’ont vu cette loi que le jour où le projet a été présenté pour adoption. Il estime du coup que ce vote n’a pas fait l’objet d’un véritable débat. « Et ça, c’est un recul de la démocratie », dénonce-t-il.
Pour l’opposant au régime Condé, en votant la loi sur la CENI telle qu’elle se présente, l’on peut bien se demander si on ne serait pas en train de jeter à l’eau le caractère indépendant de la CENI.
« C’est le ministère de l’Administration du Territoire qui organisait les élections avant. On a toujours, à tort ou à raison, soupçonné que chaque fois que nous avons des urnes, il y a une urne fictive. Maintenant, on confie la garde au voleur. On dit, les équipements lourds, c’est-à-dire les urnes, les isoloirs, ceci ou cela. Pourquoi ne laissez-vous pas la CENI élaborer le budget et que ce budget fasse l’objet de discussion au sein de l’assemblée et que démocratiquement, les élus du peuple l’adoptent et qu’on mette cela en œuvre en procédant à des décaissements ? Pourquoi, il va falloir attendre qu’on se mette dans la volonté des politiciens qui ne sont là que pour leurs intérêts », c’est autant de questions que Dr Faya Millimono se pose avant de conclure : « Encore une fois, la République n’est pas bien servie par cette loi sur la CENI ».