«On dit chez nous, plus le singe monte, plus on voit son derrière. Il faut éviter en Guinée que le débat soit politico-politicien. Si les gens sont prêts pour le débat politique soyez prêts et s’ils sont prêts pour l’affrontement, soyez prêts aussi. C’est cela la réalité. Quand tu denses avec un aveugle, il faut le piétiner pour qu’il sache qu’il n’est seul sur la piste. Le gouvernement va assurer l’ordre ». Cet extrait du discours du Président de la République adressé aux militants du RPG, au siège dudit parti, ce dimanche 24 mars à Conakry, continue de susciter des réactions au sein de la classe politique.
« Nous avons suivi le Président Alpha Condé. Nous avons d’abord fait un premier constat. Le constat, c’est que c’est un homme nerveux qu’on a vu. C’est un homme désespéré qu’on a vu. Il appelle à un débat et il appelle en même temps à un affrontement. Ce qui est contradictoire. Nous, nous sommes prêts pour un débat avec le Président Alpha Condé sur n’importe quel sujet y compris son bilan, bien entendu. Mais nous ne sommes pas prêts à un affrontement dans notre pays. Puisque nous ne voulons pas de guerre dans notre pays. Et ça, ça doit être pris très au sérieux. Le président Alpha Condé nous a habitués à des déclarations parfois injurieuses à l’égard des gens, soit de telle région, des opposants, etc. Mais appeler à un affrontement, c’est la première fois que nous entendons cela », s’étonne le Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral (BL) dans un entretien accordé à Guinéenews ce lundi 25 mars.
Le leader du BL estime que le discours musclé du chef de l’Etat démontre un état de désespoir de ce dernier. Le président du BL va plus loin : « Nous devons le prendre très au sérieux. Pour nous, quand même nous étions candidats pour être président de la République, nous avons été soumis à un examen rigoureux qui devait permettre aux médecins de s’assurer que nous étions saints de corps et d’esprit. Aujourd’hui, on devait requérir cela. Le minimum qu’on peut demander, c’est une réévaluation de la santé du président de la République. Parce que le langage qu’il a tenu, le comportement qu’on a vu, ça inquiète. Il veut certes rester après 2020, mais il ne voit pas comment le faire. Il ne peut pas rester en modifiant la Constitution, il pourrait écourter son mandat actuel. Il ne peut pas rester en nous montrant un papier pour dire, ça c’est une nouvelle constitution. La Guinée n’est pas née hier. Et donc voici comment il veut bien vouloir rester. En créant effectivement des affrontements. Il faut le prendre très au sérieux par rapport à cela », a-t-il ajouté.
Et de poursuivre : « Il s’est adressé à des jeunes dont certains n’ont pas encore toute la maturité de ce qu’il a dit pour savoir quels sont les vrais enjeux. Nous, dans cette région ouest-africaine, nous avons vu des voisins léonais, libériens, ivoiriens, bissau-guinéens et maliens confrontés à des affrontements. On a vu des bébés en Sierra Leone dont les mains ont été coupées. Nous savons les dangers de ce que cela représente. C’est pourquoi il faut le prendre très au sérieux et essayer de prendre les dispositions qu’il faut avant qu’il ne soit trop tard ».
Du côté du Bloc Libéral, Dr Faya annonce que l’alerte a déjà été lancée à des gens. « Le fait qu’il n’y ait pas eu d’élections législatives, ça rentrait dans le cadre d’un plan b, c ou f, je ne sais pas ; parce que si l’assemblée nationale glisse, lui, il sera et c’est le peuple de Guinée qui tombera. Et il faut éviter que le peuple tombe. Les acquis démocratiques dans ce pays doivent être protégés, la Constitution guinéenne doit être protégée. Pour rien au monde, nous ne devons reculer par rapport à cela », a-t-il averti.
Au sein de la Coalition des Partis pour la Rupture (CPR) dont le BL est membre, Dr Faya annonce que tout sera mis en œuvre pour barrer la route à un quelconque affrontement. « Nous ferons tout pour qu’ensemble, avec les autres acteurs politiques et sociaux, nous puissions barrer la route à un tel plan machiavélique; parce que la Guinée, dans un tourbillon, ça va affecter toute l’Afrique de l’Ouest que la communauté internationale a pris des décennies à reconstruire. Ce n’est pas par simple appétit insatiable pour le pouvoir qu’on peut laisser toute l’Afrique de l’Ouest retomber plus bas », souligne le leader du BL.