Ibrahima ‘’Lincoln’’ Soumah, Sidi Diallo et Thierno Madjou Bah, tous des animateurs de l’émission « Africa2015 », de la radio Nostalgie, étaient ce jeudi 27 septembre à la Direction nationale de la police judiciaire (DNPJ). Ils sont poursuivis par une femme pour ‘’diffamation et injures’’. Mais ils n’ont finalement pas été entendus à la demande de leur avocat.
Au sortir de ce bref entretien avec les agents de la police judiciaire, Me Salifou Béavogui est d’abord revenu sur le motif de la convocation qui n’était pas mentionné dans la plainte avant de dénoncer un vice de procédure.
«Dans la plainte, le motif de la convocation n’était pas indiqué. Donc arrivé, nous avons su le motif. C’est une particulière, une citoyenne dont je vais taire le nom pour le moment qui a saisi le Procureur de la République d’une plainte pour diffamation, injure. Monsieur le Procureur a transmis le dossier à la police et en indiquant que la police doit suivre la loi sur la liberté de la presse. Vous savez que les délits de presse sont dépénalisés et que les peines applicables sont des peines d’amandes et que la détention est exclue. Sauf dans quelques cas rares. Lorsqu’il s’agit des atteintes, d’offense au Chef de l’Etat, lorsqu’il s’agit par exemple des atteintes à la sureté de l’Etat aussi peut-être, le juge d’instruction peut recourir à la détention. Sinon en la matière, la détention n’est pas prévue», a-t-il déclaré l’avocat.
Le report de l’audition prochaine de ces journalistes est une demande de leur avocat. Ceci pour disposer de plus de temps afin d’organiser une bonne défense, indique maître Salifou Béavogui. «Je ne me suis pas longuement entretenu avec mes clients avant de venir ici et la défense se prépare. Donc j’ai sollicité le report de cette audition pour le lundi prochain. Le temps pour moi de me concerter avec mes clients, de consulter les textes de loi afin de bien vouloir les défendre», a-t-il fait savoir.
«Dernièrement, les journalistes sont souvent convoqués devant les juridictions du pays à la suite de plaintes déposées par des particuliers ou hauts commis de l’Etat. Pendant ce temps, il est difficile pour eux d’obtenir justice dans des cas de violences dans l’exercice de leur profession », a regretté Me Salif Béavogui qui ne cache pas son amertume: «je suis frustré, je suis angoissé contre l’arbitraire, l’injustice… Quand un journaliste commet une infraction, il y a la promptitude, rapidement on le convoque, rapidement la machine judiciaire est en branle .Mais lorsque c’est un journaliste qui a été violenté, qui a été injurier, qui a été humilié dans l’exercice de sa noble profession, on traine les pas. Donc il y a le deux poids deux mesures que je ne comprends pas.»
Présent à la DPJ aux côtés de plusieurs autres journalistes, le président de l’URTELGUI (Union des radios et télévisions libres de Guinée), Sanou Kerfalla Cissé, ne comprend pas cette procédure. Toutefois, il encourage ses confrères à être sereins.
«Notre avocat Me Béa a su bien camper le problème. La première question lorsqu’il n ya délit de presse, est-ce que c’est à la DPJ que le journaliste accusé doit se retrouver ou bien devant un juge d’instruction ou encore à la HAC ? Je pense bien si ce n’est pas la HAC, c’est devant un juge d’instruction ou simplement, c’est un droit de réponse de la personne mise en cause. Mais ce n’est pas à la DPJ. Et dans les débats à venir, nous allons expliquer par A+B que ce n’est pas ici la DPJ, la place d’un journaliste lorsqu’il ya un délit de presse. Le délit a été dépénalisé, les choses sont claires en la matière. Donc le lundi prochain, nous allons encore nous représenter pour voir ce qu’on reproche à nos trois confrères.»
En attendant d’être situé sur le sort de ces trois confrères de Nostalgie, vont continuer à animer leur émission.