Quatre cent soixante huit millions de francs (468.000.000 GNF). C’est la somme qui s’est volatilisée des comptes bancaires de PAHS, domiciliés à la BCRG. L’alerte a été donnée à partir de la comptabilité qui a constaté un trou sur l’un des comptes du Projet. Le chèque du montant frauduleusement décaissé, apprend-t-on, porte des signatures identiques à celles des deux DGA de la boite, qui ne reconnaissent pas pour autant avoir signé un quelconque chèque relatif à ce montant.
S’agit-il alors de falsifications des deux signatures ? C’est tout le mystère qui entoure cette affaire. Le directeur général de Souapiti, après des enquêtes infructueuses à l’interne, a ordonné à ses deux adjoints, de porter plainte contre X et exigé que cet argent soit retrouvé au plus vite que possible. Depuis, l’affaire est pendante à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).
Mais comment un tel montant peut-il être soustrait des comptes de Souapiti à la Banque Centrale ? Qui est-ce Sidiki Touré (à la pièce d’identité douteuse), bénéficiaire du chèque, qui l’a endossé et touché l’argent ?
Pourquoi le guichet où l’opération a été effectuée n’était-il pas dans le champ des caméras de surveillance? Et la caissière dans tout ça ? Pourquoi les autorités de la Banque Centrale refusent à la Police d’effectuer des investigations dans leurs locaux ? Enquête sur une nébuleuse au sein de la Direction Générale de Souapiti.
Aussitôt informés, les membres de la direction de Souapiti se réunissent pour tenter de situer les responsabilités. Ainsi, le directeur général fit venir à son bureau, ses deux adjoints pour une réunion de crise élargie à tout le service financier, afin de tirer au clair l’affaire. Pendant des semaines, le service est ébranlé : contrôle, vérification, interrogations…Bref ! Tout ce qu’il fallait faire pour retrouver l’argent, a été engagé par le directeur général. Mais en vain. Amara Camara, très surpris, s’interroge sur ce qui a pu bien se passer pour que l’argent puisse disparaître de cette manière.
Rencontré par notre Guineenews©, c’est un homme très en colère, mais qui, malgré tout, a accepté de nous recevoir (très courtoisement d’ailleurs), pour nous livrer sa version des faits. « C’est vrai. La somme de 468 millions de francs guinéens a frauduleusement été soustraite de notre compte à la Banque Centrale. C’est la première fois qu’une pareille situation se produit ici, dans notre service. Nous avons, mes deux adjoints et moi, toujours travaillé dans la clarté, dans la transparence. J’ai une confiance appuyée en eux. Les deux sont signataires parce qu’avec des services comme Souapiti, il y a toujours des urgences. Et je peux ne pas être présent tous les jours. J’effectue souvent des voyages ! C’est dans cette optique que j’ai délégué mon pouvoir. Mais jamais un cas de vol n’a été signalé ici. Je suis surpris devant la situation malheureuse qui prévaut actuellement dans la boîte. Une plainte a été déposée à la police…Quand la police a été saisie, elle a interrogé toutes les personnes (les cadres des services financiers, les DGA) liées à la comptabilité. Et contre toute attente, quelques heures après l’interrogatoire, un colis suspect, contenant 200 millions a été déposé au domicile privé d’un de mes DGA, en l’occurrence Monsieur Foromo Sagno, chargé des affaires administratives et financières. La police s’est rendue sur les lieux pour faire le constat. Qui a déposé ce colis ? On ne le sait pas. Les enquêtes continuent. Et nous attendons la suite…», a-t-il affirmé.
Selon les informations reçues dans les locaux de DCPJ, les autorités de la Banque Centrale seraient hostiles à la démarche de la police dans leurs locaux. Pourquoi ? Aucune réponse. Seulement, ils ne veulent pas que les agents de la police fassent des enquêtes à l’intérieur de leur institution. On nous apprend par la même occasion que le guichet où le sieur Sidiki Touré, détenteur d’une pièce d’identité illisible, a effectué les opérations, n’est pas dans le champ des caméras de surveillance.
Alors, la question qui se pose est de savoir pourquoi la Banque Centrale ne laisse-t-elle pas la police interroger les agents aux guichets, qui ont laissé le présumé « faussaire » Sidiki Touré retirer l’argent ? Et pourquoi la police ne se réfère pas au numéro de la carte illisible pour aller se renseigner au commissariat central, afin d’identifier correctement le nommé Sidiki Touré ? Autant de questions qui restent pour le moment sans réponse.
Un colis suspect contenant 200 millions de francs guinéens retrouvé chez le DGA Foromo Sagno, à Lambanyi
Bizarre ! Quatre cent soixante huit millions disparaissent sur le compte de Souapiti à la Banque Centrale à Kaloum. Le DGA qui ne reconnaît pas sa signature sur le chèque émis par un « voyou », est soumis à un interrogatoire par la police judiciaire, et quelques heures après « on retrouve un colis suspect contenant 200 millions GNF, à son domicile, sise à Lambanyi ».
Ni le gardien des lieux, ni les voisins, personne n’a pu voir celui qui a déposé le colis. Le DGA (directeur général adjoint), se bombe la poitrine et annonce fièrement à sa hiérarchie, informe la police sur cette (curieuse) découverte à son domicile. Et comme si cela ne suffisait pas, il continue à jurer, la main sur le cœur, qu’il n’y est pour rien. Le DGA chargé des affaires administratives et financières continue à tout nier en bloc : il n’a pas signé de chèque, il ne sait pas non plus qui a déposé le colis chez lui à domicile. Foromo Sagno, « l’innocent » tourne la police en bourrique.
Qu’on arrête le scénario qui n’a fait que trop duré ! Et si la police, qui se heurte à la réticence de la Banque Centrale, accentuait son enquête dans le cercle du DGA Foromo !
A la BCRG, aucun interlocuteur pour nous situer sur le retrait des 468 millions de FG sur le compte de Souapiti. Du chef d’agence, aux caissières et même au conseiller du compte, personne ne veut se prononcer sur le sujet.
Interrogé, le chef comptable du département finances de Souapiti, Emmanuel Lama, nous informe que pour l’heure, qu’il est mis en congé technique. De par sa position à la maison, il ne peut pas se prononcer sur le dossier. Que cache ce silence ? Et pourtant, c’est lui qui jusqu’ici, tenait les clés du coffre-fort contenant tous les chéquiers !
En tout cas, tous les regards sont tournés vers la police judiciaire pour mettre la main sur le voleur et ses complices. Les 468 millions doivent retourner sur le compte de Souapiti pour soulager les responsables et rassurer les partenaires du projet.
A lire prochainement : les conditions de travail des ouvriers de Souapit, les injustices, les combines…