Dans un décret diffusé à la télévision nationale hier soir, le lundi 19 février, le président de la transition, le général Doumbouya, a annoncé la dissolution du gouvernement dirigé par le Premier ministre Dr Bernard Goumou. Cette décision du président de la Transition suscite de nombreux commentaires parmi les Guinéens aujourd’hui.
À N’Zérékoré, chef-lieu de la région forestière et ville d’origine de l’ex-Premier ministre Goumou, les réactions sont nombreuses et variées à propos de ce décret. Si certains citoyens de la cité de Zaly se perdent en conjectures en essayant de justifier cette dissolution du gouvernement par des soupçons de malversations, d’autres évoquent des querelles au sein du gouvernement. Un seul dénominateur commun à ces deux avis est qu’ils suggèrent tous la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
–Zoutomou Cyril Théa : « je l’avais anticipé. Lorsqu’on voit un gouvernement de transition se livrer à des querelles sur les réseaux sociaux, qui ont été récemment restreints pour des raisons de sécurité d’État, il est impossible de les maintenir. De plus, le coût de la vie a considérablement augmenté. Je pensais que ce sont des technocrates capables d’atténuer les difficultés des citoyens mais, c’est le contraire. La population souffre énormément. Je suis donc très heureux de la dissolution du gouvernement de Bernard Goumou. Cela servira d’exemple pour le prochain gouvernement.«
–Amadou Lamarana Barry : « la dissolution m’a vraiment surpris. Mais puisque c’est le président de la transition, il est conscient de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas au sein de son gouvernement. Il est possible qu’il y ait eu des anomalies telles que des détournements de fonds publics. Car, j’ai entendu dire que le président Doumbouya a saisi les documents de voyage et gelé les comptes bancaires des membres du gouvernement déchu. Nous sommes ici pour l’écouter et lui souhaiter bonne chance. Parce qu’il est là pour tous les Guinéens. Il doit examiner la situation et rendre justice. Le favoritisme ne bénéficie pas à ce pays.’’
-Bangaly Kourouma : « il est très difficile de commenter cette situation étant donné que le régime en place n’est pas constitutionnel. Ce qui est clair, c’est que c’est une tentative de changement étant donné la situation socio-économique actuelle dans le pays. Avec cette dissolution du gouvernement, il va être difficile de respecter la durée de la transition. C’est pourquoi la situation actuelle du pays commande à ce que le général Doumbouya accepte de former un gouvernement d’union nationale pour éviter d’éventuelles escalades de la situation socio-politique. Nous rencontrons toujours des problèmes lorsque des promesses sont faites et que l’on agit différemment. Ils avaient promis, par exemple, une durée précise pour la transition, mais avec la situation que j’observe, il sera impossible de tenir des élections dans les délais prévus. Ce qui pourrait avoir de graves conséquences sur le bon déroulement de la transition. Pour contrer la montée des tensions entre les forces vives et les autorités de la transition, je demande la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et la promotion de l’inclusion. »
Propos recueillis par Moussa Kounady Camara