Décidément, les pharmaciens de Guinée ne sont plus du goût à soutenir ce qu’ils qualifient d »’arbitraire ». Conscients du fait que le secteur soit désormais à la portée de qui le veut, ces professionnels de la santé, réunis en assemblée générale extraordinaire ce samedi 9 mars, ont dressé un regard peu reluisant de leur secteur avant d’interpeller l’Etat sur sa responsabilité.
Le cas qui irrite le plus ces pharmaciens est la « disparition magique » d’un camion-remorque qui était sous scellé et qui contenait des tonnes de médicaments impropres à la consommation. C’est du moins la quintessence des propos de Dr Hawa Diakité, présidente de l’Ordre National des Pharmaciens de Guinée.
« Le 16 décembre 2018 a été ouvert au Tribunal de première instance de Dixinn, le procès à la demande de l’Ordre et du Syndicat des pharmacies et officines privées de Guinée (SSYPHOG) portant sur le trafic de médicaments falsifiés et à l’exercice illégal de la profession. Procès reporté à la quinzaine… en vue de rendre justice aux victimes que nous sommes et réparer le tort que nous subissons », a-t-elle rappelé dans son discours de circonstance.
Poursuivant, Dr Diakité a indiqué que dans l’attente de la reprise du procès suite à une saisie de faux médicaments dans un camion de 120 tonnes par la brigade Médicrime, l’Ordre National des Pharmaciens de Guinée, dans son rôle régalien de défenseur des intérêts matériels et moraux de la profession, s’est immédiatement porté partie civile et a porté plainte contre les sociétés incriminées, dont Medco et la pharmacie Maalon de Kankan auxquelles étaient destinés les produits saisis.
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Et c’est alors que l’Ordre, conjointement avec le SYPHOC, a saisi le tribunal de Mafanco pour »transport des médicaments falsifiés, pratique illégale de la profession de pharmacien et mise en danger de la vie de nos populations », avant de rencontrer le procureur général pour échanger avec lui sur la problématique et le danger de la vente illicite des médicaments.
« Nous avons aussitôt demandé l’abrogation des pharmacies incriminées au ministre de la Santé. Malgré les informations remontées, une décision aurait été prise en Conseil interministériel au sujet de ce camion pour que son contenu soit incinéré. Malheureusement, le camion, déjà sous scellé, a été libéré. Suite à cette grave bavure, nous avons saisi le ministre de la Santé pour demander la réclusion de Médicrime dans sa configuration actuelle », sollicite vivement la présidente de l’ONPG.
« Chers confrères, l’heure est grave », a-t-elle alerté, parce qu’estimant que des produits dont l’origine est confirmée douteuse sont saisis et libérés au détriment des lois de la République et de la réglementation du pays. Toute chose qui, aux yeux de Mme Hawa Diakité, met en danger la vie de ses concitoyens. En ce sens que ces produits se retrouvent sur tous les circuits informels du médicament.
« La vie de nos proches est en danger. Le pharmacien est marginalisé, diabolisé. Dans les rencontres internationales, l’Ordre National est interpellé par ses pairs sur le trafic transfrontalier des médicaments en provenance de la Guinée. Les pharmaciens sont en permanence victimes de cambriolage. Le pharmacien est devenu la cible innocente de tous ceux qui exploitent le médicament sans en avoir les connaissances académiques. Or, nous sommes pourvoyeurs de santé par la thérapeutique que nous assurons », a évalué l’oratrice avant d’interpeller.
« Les pharmaciens sont épuisés. Comment restructurer la profession quand le secteur est rabaissé? Le métier de pharmacien ne fait plus rêver. Il est devenu cauchemardesque. Notre entreprise est une entreprise de santé par excellence. L’Ordre des Pharmaciens invite donc les autorités à prendre leur responsabilité vis-à-vis du secteur pharmaceutique ». Les professionnels de santé ont exprimé leur indignation face aux autorités, devant l’opinion nationale et internationale pour le respect de la réglementation pharmaceutique.