La mort du maréchal Idriss Déby Itno mardi, à l’âge de 68 ans, alors qu’il venait juste de rempiler pour un sixième mandat, a provoqué une onde de choc au-delà du landerneau politique tchadien. Car cet ancien chef de guerre était devenu l’une des figures politiques du continent, à cause de la longévité de son pouvoir, près de 31 ans de règne sans partage.
En se rendant sur le front de guerre au lendemain de sa réélection par un score à la soviétique de 80 % des voix, dès le premier tour, à un sixième mandat, Idriss Déby Itno ne s’attendait sans doute pas à y laisser sa peau. Même si le maréchal aurait fait comprendre qu’il n’était pas ‘’un maréchal de salon. Et qu’il s’attendait à ne pas mourir sur son lit.’’
Des propos prémonitoires d’un chef d’Etat qui s’était emparé du pouvoir par les armes en 1990, et qui depuis cette époque dirigeait son pays d’une main de fer.
Cette chape de plomb a jeté des milliers de tchadiens sur les routes de l’exil, quand d’autres opposants croupissent dans des geôles.
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Déby qui était un habitué des fronts, n’avait certainement pas invoqué Tyr, le dieu de la guerre, en se rendant à l’assaut des troupes rebelles du FACT, dans leur avancée vers N’Djamena, la capitale.
Blessé au front lors des affrontements avec les rebelles, le maréchal a succombé laissant un vide, comblé aussitôt par un conseil militaire de transition (CMT), mis en place in extremis, pour gérer une transition de 18 mois. Un CMT dirigé par son fils aîné Mahamat Déby Itno, un général quatre étoiles de 37 ans qui. Les militaires qui ont remis en cause la constitution en vigueur promettent la tenue d’élections « libres et démocratiques » au terme de la transition.
L’opposition et la société civile crient au complot et réclament le respect de la constitution en vigueur qui voudrait qu’en cas de vacance de pouvoir, l’intérim soit assuré par le président de l’Assemblée nationale, faute de Sénat.
Bien d’observateurs attribuent cette chute de Déby, à la non-intervention des troupes françaises présentes au Tchad, pour repousser la rébellion. Comme Paris l’avait toujours fait d’ailleurs, à chaque fois le régime avait le couteau à la gorge.
Mais pour qui règne par l’épée, il faut s’attendre à périr aussi par l’épée. Un vieil adage attribué à Jésus de Nazareth.