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Discours du chef de l’État : bienvenue au pays de cocagne (décryptage)

Dans son adresse à la Nation de ce 31 décembre, le président Alpha Condé dépeint la Guinée comme le pays de cocagne, cette terre d’abondance, telle que le voudrait la légende. Histoire sans doute de magnifier son œuvre, depuis son avènement à la tête du pays en 2010. Le chef de l’État n’a pas aussi varié, concernant les sujets qui fâchent, notamment les législatives controversées du 16 février et le projet de référendum constitutionnel. Et ne voit donc, à croire son discours, aucun obstacle, pouvant empêcher la tenue du scrutin à la date indiquée par la Ceni, ainsi que le référendum qui aura aussi lieu cette année.

 Dans son discours de vœux, le président Alpha Condé commence par saluer les progrès accomplis dans le renforcement du socle démocratique de la  Guinée.  Tout en rappelant avec insistance que ‘’l’année 2019 qui s’achève, marque l’entrée de notre pays dans la dixième année du processus démocratique’’.

C’est ce ‘’progrès démocratique en cours qui a permis à notre peuple de maintenir sa cohésion sociale et son unité nationale qui constituent une part importante de notre histoire commune’’, d’après le président.

Qui considère cela comme étant ‘’un acquis social précieux qui a mis la Guinée à l’abri de certaines crises majeures auxquelles ont été confrontés  d’autres pays de notre sous-région.’’

Comme si l’effritement du tissu social, constaté à travers les différentes provinces du pays, depuis 2010, n’était qu’un fatras de balivernes, voire des paroles d’opposants.

Dans cet accent aux allures  d’autocélébration, Alpha Condé se réjouit du fait que ‘’la démocratie guinéenne privilégiant le dialogue politique soit aujourd’hui une réalité.’’

Vers un tour de vis sécuritaire !

Le chef de l’État n’a pas occulté les convulsions sociopolitiques qui ont enregistrées  en  2019, notamment octobre, avec l’avènement du FNDC, mouvement anti-troisième mandat, qu’il s’est gardé de citer tout le long de son discours.

Tout en  présentant les condoléances à toutes les familles endeuillées lors de ces manifestations, Alpha  a  renouvelé ‘’l’engagement de l’Etat à prendre toute sa responsabilité pour éviter  à l’avenir que de tels actes ne se reproduisent.’’

Il en appelle ainsi à ‘’toutes les forces politiques et sociales à œuvrer pour concilier les exigences de la liberté, avec celles de la sécurité. Afin que le droit de manifester sur l’espace public se fasse dans un cadre légal et sécurisé, pour réduire tous les débordements qui seraient préjudiciables au maintien de l’ordre public.’’

Mais avec les manifestations annoncées par le FNDC à compter du 13 janvier, dans le but d’empêcher tout changement de la constitution, certains observateurs pensent que l’exécutif pourrait instaurer un tour de vis sécuritaire dans les jours à venir dans la capitale.

Des retombées  de l’embellie économique

Parmi les progrès accomplis depuis 2010, dans le cadre de l’amélioration de la gouvernance, il y a ‘’le rétablissement des grands équilibres économiques, avec la réduction  du  taux d’inflation qui est passé de 21 à 8%’’, relève le président.

Tout ceci a permis de  ‘’conclure des grands projets comme l’accord cadre de 20 milliards de dollars avec la Chine pour investir dans les secteurs vitaux de notre économie comme la construction des routes, l’assainissement et la réhabilitation des voiries urbaines.’’

A cela s’ajoute ‘’l’accord sur les 21 milliards du groupe consultatif de Paris 2016-2020, dont la moitié des ressources a déjà  été décaissée pour 2019, ce qui est également un signal positif de nos partenaires techniques et financiers à notre égard’’, souligne Alpha Condé.

Des efforts qui placent  la croissance économique de la Guinée, qui est plus de 6%  au-dessus de la moyenne de la région.

Dans ce chapelet des actes posés, le président mentionne également la construction des barrages de Kaléta et Souapity entre autres, pour une capacité qui sera de 900 mégawatts en 2020.

Le secteur de l’agriculture n’est pas en reste, assurant à lui seul ‘’les revenus de 57 % des ménages ruraux et l’emploi de 52 % de la main-d’œuvre.’’

Ainsi que le secteur minier, où selon le président ‘’des progrès notables ont été accomplis. Avec la mobilisation de plus de 10 milliards de dollars, dont plus de 3 milliards de dollars actuellement en cours d’exécution sur le terrain, presque le double de ceux investis sur les 52 ans d’indépendance. Cette nouvelle dynamique a permis de créer plus de 17 000 emplois directs et plus de 50 000 emplois indirects de 2011 à fin 2018.’’

A ce niveau l’accent sera mis sur les ‘’15% des recettes minières qui sont désormais affectées au financement des collectivités locales dans le cadre de l’ANAFIC. C’est-à-dire, plus de 700 milliards de Francs Guinéens visant à impulser une dynamique de développement économique à la base, en créant des emplois et en stimulant l’entreprenariat des jeunes et des femmes sur toute l’étendue du territoire national.’’

Pas d’inflexion sur les législatives et le référendum

Ceux qui s’attendaient à des inflexions dans le discours du président, concernant les sujets qui fâchent, avec notamment les élections législatives et le référendum constitutionnel, ont été sans doute déçus.

Alpha Condé est resté droit dans ses bottes. Faisant fi de l’opposition qui appelle au boycott du scrutin, le président lance plutôt une invite ‘’à tous ses compatriotes à prendre part au vote et à exprimer leurs droits et  leurs devoirs, c’est cela la démocratie’’, précise-t-il.

Quant au projet de changement constitutionnel, il a réitéré encore une fois que ‘’seule la volonté du peuple sera la décision finale qui s’imposera à nous tous.’’

In fine, bien des gens s’accordent à dire que ce discours de vœux que nous a servi le chef de l’État, n’a rien apporté de nouveau, en termes d’annonces fortes. C’est du ‘’Alpha tout craché en somme.’’

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