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Discours de Syma : l’envers du décors d’une justice docile  

Le discours du président de la Cour suprême, Mamadou Sylla, lors de l’investiture du président de la Transition, s’inscrit en droite ligne du « coming out » fait par les magistrats devant le colonel Mamadi Doumbouya, lors des concertations avec les forces vives. Ce magistrat qui a blanchi sous le harnais, a reconnu à mots couverts les périls du régime déchu.

Devant le colonel Doumbouya, les magistrats avaient reconnu la main sur le cœur, qu’ils n’avaient pas de coudées franches, dans l’exercice de leur magistère. Accusant du coup, l’immixtion de l’exécutif sur les plates-bandes du judiciaire. Une justice qui avait le doigt sur la couture, durant tout le règne du pouvoir déchu. Même si cette vérité de la Palice remonte aux régimes précédents. A dire vrai, la justice a toujours été phagocytée par le pouvoir exécutif. La justice s’est toujours résumée à la personne du président.

Comme disait Louis XIV, le roi soleil : « la justice c’est moi ».  Formule reprise et mise au goût du jour par feu Lansana Conté, quand il a extrait Mamadou Sylla en 2007 de la Maison centrale, où cet homme d’affaires, à la réputation sulfureuse, croupissait pour malversation.

Sous Alpha Condé, professeur de droit, les Guinéens s’attendaient à ce qu’il redonne à Dame Thémis, ses lettres de noblesse. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Certes, on ne va pas cracher sur les réformes apportées au secteur durant son règne. Des réformes dont les plus visibles portent sur l’amélioration du traitement salarial de la robe. Une manière sans doute pour mieux les contrôler.

Une docilité dont le président déchu aura largement profité, si l’on s’en tient au rôle joué par l’appareil judiciaire dans l’embastillement des opposants au troisième mandat.

Le président de la Cour suprême n’a d’ailleurs pas occulté cette phase sombre de l’histoire de la troisième république.

« La modification contestée de la constitution de 2010, a permis malgré une opposition farouche généralisée, l’élection présidentielle controversée de 2020 pour un troisième mandat, dont la conséquence a été la douloureuse crise postélectorale, qui a occasionné le déchirement atroce du tissu social guinéen », a reconnu Syma.

Qui a enfoncé le clou, en disant que « cette élection présidentielle de 2020 s’est déroulée dans un débat politique et social délétère, imposant aux Guinéens des spectacles affligeant de violences et d’actes intolérables consécutifs de graves infractions, ayant entraîné de nombreuses pertes en vies humaines, et de considérables destructions de biens publics et privés ».

Venant d’un magistrat de son rang, ce mea culpa est la preuve palpable que la justice guinéenne est malade. Et qu’elle a grand besoin d’un remède de cheval.

La refondation annoncée par le colonel saura certainement lui administrer une cure, à la hauteur de son mal.

Le président de la Cour suprême a aussi saisi l’occasion pour appeler le président de la Transition, à ne pas céder à la tentation, par le fait de mauvais génies. Ceux-là même qui ont induit ses prédécesseurs.

« Ceux qui vous applaudissent aujourd’hui vont vous observer d’un œil vigilant, très critique, l’avenir avec un espoir mêlé d’angoisse… »

Une mise en garde qui rappelle ce discours prémonitoire de Kéléfa Sall, ancien président de la Cour constitutionnelle.

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