Digitaliser et sécuriser les données d’état-civil, c’est l’ambition de l’Etat guinéen, accompagné de ses partenaires techniques et financiers. C’est pourquoi, depuis le 5 octobre dernier, la migration des anciens actes d’état-civil, c’est-à-dire les actes de naissance, de mariage et de décès, a commencé. Dix communes sont inscrites dans la phase pilote de ce projet de digitalisation. C’est dans ce cadre que les 6 et 7 octobre 2022, les acteurs impliqués dans le processus d’établissement des actes d’état civil, à savoir les cadres des communes, de la justice de la santé et des affaires religieuses se sont retrouvés à Coyah pour échanger sur le processus de digitalisation des actes d’état-civil à travers une application.
Le maire de Coyah, Abou Somayah Soumah, a exprimé toute sa satisfaction de prendre part à cette rencontre : « C’est un réel plaisir pour moi de participer à ces échanges qui concernent notre avenir, l’avenir de l’état-civil en Guinée, la modernisation, la digitalisation et les informations qui doivent nous servir pour longtemps. »
La Coordinatrice de la réforme et de la modernisation de l’état civil, Djenabou Touré, a fait savoir que le travail va consister à numériser tous les actes existants et d’enregistrer de façon automatique tous les nouveaux actes : « Cet atelier se tient à moment où nous sommes en train de finaliser le premier module qui consiste à numériser l’ensemble des actes existants notamment l’acte de naissance, de mariage et de décès dans les communes, ensuite constituer un fichier d’état-civil à travers les actes existants et se projeter dans l’avenir pour l’enregistrement direct et automatique, informatiser des faits d’état-civil. C’est l’objet qui nous réunit aujourd’hui pour revoir ensemble avant la remise officielle dans les jours à venir de ce premier module de l’application. »
En Guinée, quand les citoyens sont en colère, ils s’attaquent aux édifices publics et détruisent tout. La digitalisation va éviter aux communes la perte des archives de l’état-civil, lors des vandalismes ou autres incendies.
L’objectif principal est donc, selon Michel LUYPAERT, chef d’équipe de DXC, de créer un répertoire central dans lequel vont se trouver tous les actes sous forme de mensualité. « Donc on va abandonner les registres papier dans les communes uniquement accessibles par les agents de la commune. Le premier but c’est de sécuriser ces actes, parce qu’on a vu dans les derniers mois que souvent des actes sont détruits à cause des incendies, c’est ce qu’on a vu par exemple dans le gouvernorat. Donc tous les actes de Conakry avant 2002 ont été brûlés. C’est pour éviter tout ça qu’on a décidé que la première phase devait porter sur la sécurisation des anciens actes », a expliqué Michel, avant d’ajouter les documents disponibles dans les tribunaux et centres de santé en lien avec l’état-civil, ont été migrés dans le répertoire central : « On a prévu aussi de migrer tous les jugements supplétifs qui se trouvent dans les tribunaux et qui n’ont jamais été transcrits par les communes. Là aussi ils vont passer en action et ce sera la même chose pour les services de santé. A ce niveau, il y a beaucoup de déclarations de naissances dans les structures sanitaires mais qui n’ont jamais mené à un acte de naissance fait par une commune. »
À lire aussi
Pour François Gono Condé, chef de cabinet du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, a rappelé l’importance de l’identité d’un citoyen : « L’état-civil, c’est la clé de tout, parce qu’un citoyen c’est d’abord l’identité. C’est à partir de l’identité que vous pouvez entreprendre toute autre chose dans la vie. Quand vous n’avez pas une identité vous ne pouvez pas avoir un compte bancaire, vous ne pouvez pas travailler. Alors tout part de l’identité. C’est l’identité qui fait l’individu. C’est ce qui donne de l’importance à cet atelier. »
La digitation des actes d’état-civil, ajoute-t-il, a une double importance : « Le côté digitalisation vient apporter sa touche de sécurité à nos données. Cela permet non seulement aux citoyens d’avoir des papiers sécurisés, mais ça permet à l’Etat d’avoir une main mise sur les données relatives à sa population et de données qui peuvent servir à plusieurs aspects de la vie nationale, notamment le développement mais aussi des questions électorales. »
Ce projet pilote de digitalisation du système d’état-civil est financé par l’Union européenne et exécuté par l’Agence belge de développement (Enabel).
Lire vidéo: