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Difficultés de trésorerie et revendications syndicales: Makanéra tacle le ministre du Budget

Apparemment l’ancien ministre de la Communication, Alhoussény Makanéra Kaké n’a pas pris du goût à l’émission spéciale organisée dimanche 11 mars dernier sur le plateau de la télévision nationale. Pour rappel, cette émission qui a regroupé les ministres du Budget, de l’Emploi et du Travail, de l’Unité nationale et citoyenneté ainsi que le Conseiller chargé de l’enseignement supérieur à la Présidence de la République, portait essentiellement sur les revendications du syndicat des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), en grève depuis plus de quatre semaines maintenant.

Dans un entretien accordé à notre rédaction, l’ancien ministre s’est dit surpris d’entendre des ministres parler de certaines « contre-vérités ».

« Tout ce que j’ai écouté hier, je ne savais pas s’il faut en pleurer ou rire. Le ministre Damantang qui fait la confusion entre les 40% et la grille salariale en oubliant que la grille est une loi et que ce n’est pas à eux d’éclater. Mais, ce qui m’a beaucoup étonné, c’est le fait que notre ministre du Budget ignore toutes les notions de finances publiques. Il a dit des choses qui sont gravissimes », a-t-il fait savoir.

Et d’assener : « quand un ministre du Budget qui doit intervenir sur les salaires ignore même c’est quoi le salaire, c’est grave. A la réponse de la question d’un auditeur  sur son salaire, il dit que c’est 7 millions 500 mille francs guinéens. Je ne crois pas si au niveau de la Fonction Publique, il y a un seul guinéen qui a 7 500 000 francs guinéens de salaire. Il y en a pas, le ministre confond salaire et prime. Quand on est ministre, on a droit à un certain nombre de prime notamment la prime liée à la fonction qui est de 7 millions 500 mille, prime de logement qui s’élève à 2 millions 500, la prime de carburant. Mais ton salaire de fonctionnaire reste inchangé. C’est pourquoi dès que tu quittes le gouvernement, on cesse de payer ces primes et tu prends le salaire habituel. En clair, quand tu es ministre, ton salaire reste maintenu au même niveau et tu as droit à des primes. Donc, s’il ne connait même pas le salaire, je vois mal comment il peut se comprendre avec les syndicalistes. »

Ce qui est plus grave, ajoute Makanéra, c’est le fait que le ministre, dit-il, ignore que le principe fondamental et budgétaire, c’est le principe de spécialité.

« Le budget est affecté à une ligne. Quand on prend l’argent de l’achat de carburant comme pièce de rechange, c’est un détournement. S’il ose  dire à la télévision nationale que son président passe tout son temps à détourner et il en est fier, en tant que ministre du Budget ça cause problème. Quand il dit aussi que le budget de la Présidence embrasse plusieurs domaines notamment l’initiative pour l’agriculture que le président finance, c’est encore autre chose. Parce que le budget est voté par les députés et personne ne peut changer. C’est l’Assemblée nationale qui autorise le président à percevoir un franc et à dépenser. Mais s’il peut dépenser sans tenir compte du vote de l’Assemblée, les députés n’ont plus leur raison d’être. Quand il dit aussi que le budget des offices est incorporé dans celui de la présidence, j’ai pris ma tête. Je n’ai pas regardé le budget de cette année, mais s’il en est ainsi, le ministre ne connait rien de la construction d’un budget parce que les établissements qui font des recettes ont un budget autonome. C’est le surplus qui est versé dans le budget de l’Etat. S’il ne connait pas cela aussi, je ne vois pas pourquoi il va continuer à être ministre. D’après ce que j’ai entendu au cours de cette émission, même El hadj Mamadou Sylla qui n’est pas allé à l’école gère mieux son entreprise que la façon dont notre pays est en train d’être géré », déplore l’ancien ministre de la Communication, transfuge du parti au pouvoir, devenu opposant.

Selon lui, c’est cette mauvaise gestion qui est à l’origine des crises qui secouent actuellement le pays et il indique qu’il faut également s’attendre à d’autres crises. Il a conclu que l’Etat dispose bien des moyens pour faire face à la revendication syndicale.

«Tout ce que les ministres ont dit hier, c’est de la comédie. La Guinée a suffisamment d’argent pour faire face à ce problème. Vous prenez deux rubriques seulement où les gens détournent pour trouver solution. La première rubrique c’est ‘’l’ensemble non ventilé’’ qui n’existe dans aucun budget sauf en Guinée. Parce que ça viole le principe de spécialité. Il y a aussi ‘’la dépense commune’’. Lorsque vous évaluez, vous obtenez deux mille milliards 146 millions de francs guinéens », conclut-il.

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