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Deux ans des droits de l’Homme sous le CNRD : « nous espérions mieux » (Alseny Sall, activiste)

Membre de l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme (OGDH), Alseny Sall fait le point – pour Guinéenews – sur la situation des droits de l’homme en Guinée durant les deux premières années du CNRD. Entretien !

Guinéenews : Cela fait aujourd’hui 2 ans (5 septembre) que le CNRD est à la tête de la Guinée. Dans le domaine des droits de l’homme, quelles ont été vos principales observations 

Alseny Sall : Ecoutez nous restons perplexes et préoccupés sur la situation générale des droits de l’homme en dépit des efforts des autorités actuelles. Nous espérions mieux, si nous nous référons au chapelet de griefs invoqué le 05 septembre par le CNRD contre le régime défunt en matière des droits de l’homme. Comme vous le savez, la prise du pouvoir s’est passée dans un contexte où les droits de l’homme étaient bâillonnés et malmenés et les nouvelles autorités avaient promis des efforts pour éviter les erreurs du passé. Malheureusement, au fil de la transition, nous avons vu revenir la plupart des pratiques qu’on reprochait au régime précédent en matière des droits de l’homme. Il y a eu tout d’abord la restriction de l’espace civique par l’interdiction systématique du droit de manifestation, ensuite nous avons assisté au retour du harcèlement judiciaire contre les voix dissidentes, le recours aux forces de défense et de sécurité pour le maintien d’ordre avec son cortège des morts et de violences, la logique de criminalisation du droit de manifestation qui consiste à renvoyer les responsabilités des violations des droits de l’homme commises aux organisateurs de manifestations alors que sur le terrain la plupart des morts ont été tués par balles sans oublier la privation de liberté prolongée des personnes présumées innocentes poursuivies par devant la CRIEF pour des crimes économiques qui est une des spécificités du régime actuel…

Partant de ces observations, diriez-vous que les droits de l’homme sont sont donc en recul ?

Absolument ! Nous avons l’impression d’être dans la continuation des violations qui déroulaient sous le régime précédent.

Cependant vous défenseurs des droits de l’homme, avez beaucoup applaudi ’lorganisation du procès sur les évènements du 28 septembre 2009. Ce procès n’est-il pas l’arbre qui cache la forêt de violation des droits de l’homme en Guinée ?

Pour nous, l’organisation de ce procès est un point positif qu’il faut mettre à l’actif des autorités de la transition actuelle. Et comme vous le savez, ce procès a connu quelques perturbations avant son renvoi au mois d’octobre 2023. Nous espérons que les autorités de la transition vont profiter de ces vacances judiciaires pour corriger et anticiper tout ce qui pourrait compromettre la continuation de ce procès important pour la Guinée et la Communauté internationale.

Pour revenir à votre question, évidemment au-delà de ce procès, les autres maillons notamment de notre chaîne pénale doivent continuer à répondre aux exigences des droits et libertés de nos compatriotes. Et pour nous, cela passe nécessairement par plus de volonté politique de garantir le respect des libertés publiques et de diligenter des enquêtes sur les autres cas de violations des droits de l’homme. Pour nous, la construction de l’Etat de droit auquel nous aspirons tous passe par là.

Autant on pourrait aussi se demander si la gestion des cas FNDC et du FFSG n’est pas le bémol qui vient noyer les efforts des autorités de la transition en matière de promotion et de protection des droits de l’homme ?

Comme vous le savez, le FNDC et le Forum des forces sociales sont des mouvements qui se battent pour l’ancrage des principes et valeurs démocratiques dans notre pays. Evidemment, les persécutions et harcèlement judiciaires dont ont subi les acteurs de ces mouvements sont anti-démocratiques et s’inscrivent dans la logique de faire taire les voix dissidentes et de restriction de l’espace civique. C’est vraiment très regrettable car on ne peut pas quand même ignorer le combat et les sacrifices consentis par les leaders de ces mouvements pour l’ancrage de la démocratie dont le CNRD se donne mission pour consolider aujourd’hui.

Des recommandations pour les autorités politiques, la société civile et les partenaires internationaux ?

Nous pensons qu’une transition reste une période fragile qui commande l’instauration d’un dialogue sincère entre les acteurs pour un retour rapide à l’ordre Constitutionnel. Et à ce titre, le CNRD a une part de responsabilité fondamentale dans la recherche des mécanismes qui permettraient de créer ce cadre de dialogue pour une bonne marche de la transition afin d’éviter les erreurs du passé. Nous appelons les autorités de la transition à garantir les droits et libertés des citoyens. Nous appelons également l’ensemble des acteurs sociaux et politiques à adopter une attitude républicaine dans leur combat politique et social.

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