Dans la ruée vers l’or du Bouré, dans la préfecture de Siguiri, on note une forte présence d’entreprises étrangères, parrainées semble-t-il par les autorités locales, qui se soucieraient peu de l’impact que cette quête du métal jaune pourrait avoir sur l’environnement, a-t-on appris sur place.
De la commune urbaine de Siguiri, notamment dans les quartiers de Diatela, Toka, Kanamba, en passant par les communes rurales de Franwalia, Doko plus de 1000 ressortissants asiatiques seraient établis, tous venus chercher de l’or avec une forme d’exploitation semi industriel, impliquant l’usage des machines « dévastatrices » de l’environnement.
Lors de nos investigations, nous avons découvert que ces étrangers seraient massivement venus du Mali, car dans les cités qu’ils auraient eu à mettre sur pied, nous avons rencontré des Togolais, des Maliens mais aussi des Burkinabè qui travaillent avec eux avec des engins lourds.
A notre arrivée sur le site où l’on a aperçu des engins excavateurs et un endroit érigé en habitation. Un étranger se faisant appeler Lee, nous a mis en contact avec un certain M. Maiga, qui dit être le représentant des étrangers à Siguiri. Il a dit ceci : « nous avons tous les papiers avec les autorités. Nous avons une personne qui est un intermédiaire. Ils ne peuvent pas venir ici comme ça et faire un investissement, sans aucune garantie et des documents », a-t-il argué.
Cette activité illicite d’exploitation d’or à Siguiri se ferait au nez et à la barbe des autorités, sans que celles-ci ne lèvent le petit doigt. Seul le recouvrement de plus de 100 millions de fg que cela générerait chaque fin de semaine, avec une clé de niveau des présidents de districts, des maires et le cabinet du préfet, aurait un intérêt pour ces autorités.
Le colonel Fodé Soumah, préfet de Siguiri interrogé à propos de ces exploitants étrangers, réplique en ces termes : « je suis blanc dans ça, je ne connais rien dans cette affaire. Mais je vais vérifier. »
Nous avons joint aussi M. Saidou Condé, le directeur préfectoral des mines de Siguiri, qui dit aussi ne pas être informé de la présence de ces étrangers. « Je ne suis pas au courant de cela », telle fut sa réponse à notre interpellation.
Moussa Cissé, le directeur préfectoral de l’environnement déclare, de son côté, la même chose : « nous ne délivrons aucune autorisation d’exploitation ici, ce qui concerne ce cas d’espèce, nous ne sommes au courant de rien. »
Au-delà de l’exploitation semi industriel, les étrangers passeraient par un intermédiaire guinéen pour avoir une autorisation de parcellisation au ministère des Mines et de la Géologie. Avant de passer ensuite par l’exploitation semi-industrielle, tout en utilisant des machines.
Joint par notre reporter, M. Moussa Bérété, le directeur du Centre de Promotion et de Développement Miniers (CPDM) n’a pas été capable de nous dire le nombre de permis délivrés dans le cadre de la parcellisation à Siguiri.
« Ce sont nos frères qui viennent chercher les permis. Après ils contactent leurs partenaires étrangers. Cela ne se passe pas seulement qu’à Siguiri, c’est ce qui se passe à Mandiana, Dinguiraye, Kouroussa. Pour le moment, je ne peux pas vous dire exactement combien il y a de permis de parcellisation à Siguiri. Mais il faut comprendre que nos orpailleurs sont difficiles. La parcellisation s’effectue avec des matériels qui ne sont pas lourds. Nous sommes en train de mettre en place une stratégie dans le cadre de la protection environnementale », a-t-il indiqué.
En attendant, la nature de Siguiri continue d’être dévastée à cause des intérêts de certains administrateurs territoriaux et du ministère des Mines et de la géologie qui délivrent ‘’aveuglément’’ les permis de parcellisation aux particuliers, sans aucune étude d’impact.