L’UNICEF en Guinée accompagne 200 groupements féminins pour le dépistage précoce des cas de malnutrition aigüe sévère dans la région de Kankan grâce au soutien du Fond américain pour l’UNICEF.
Plus, de 750 000 enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique en Guinée. Cette situation nutritionnelle précaire est due à de multiples facteurs, dont la persistance des pratiques alimentaires néfastes chez les nourrissons et les jeunes enfants. Seulement 43,7 % des nourrissons de moins de 6 mois sont exclusivement allaités au sein et 4,2 % des enfants de 6 à 23 mois reçoivent un apport alimentaire minimum acceptable.
Les femmes représentent un appui important dans la lutte contre la malnutrition. L’UNICEF appuie la prévention de la malnutrition et la détection précoce des cas malnutrition aigüe sévère grâce aux sensibilisations communautaires qui se font via 800 groupements féminins et l’implication des Relais Communautaire (RECO) à travers 40 communes de convergences.
Dans la région de Kankan, les femmes de la commune de Baro s’engagent pour sensibiliser leur communauté aux pratiques familiales essentielles, pour lutter contre les mutilations génitales féminines et les mariages précoces. Fatouma Keita, Présidente du groupement féminin de Sabougnouma, explique qu’elle forme les femmes de leur groupement aux pratiques du maraîchage pour lutter contre la malnutrition. » C’est le début d’un processus à long terme. Nos objectifs sont que les enfants, les mères et les jeunes filles de Baro puissent jouir pleinement de leurs droits, avoir accès aux services de santé et notamment accès à une bonne nutrition. Nous faisons des sensibilisations dans les mosquées, nous sensibilisons les leaders communautaires et les pères de famille pour faire le suivi des mères et des enfants de leur famille, et particulièrement pour qu’ils prennent en charge la nutrition des enfants et des femmes enceintes. Nous parlons aussi de l’importance de l’enregistrement des naissances à l’état-civil. »
Fatouma insiste sur l’importance, en tant que membre d’une communauté, d’être un individu responsable participant aux activités et aux prises de décisions collectives. » Chacun a un rôle spécifique à jouer dans notre communauté. Les autres comptent sur lui, car toute contribution est utile. Donc, chacun doit accomplir ce à quoi il s’est engagé. C’est une responsabilité à assumer. Et cette responsabilisation stimule l’individu. Elle le fait progresser dans sa vie. Grâce à notre implication aujourd’hui nous sommes consultées par le chef de quartier et les leaders de notre commune pour chaque action qui concerne Baro. Nos propositions sont prises en compte « .
Avant l’implication des femmes pour la sensibilisation communautaire, le centre de santé de Baro était peu visité. Par manque d’informations, il y avait beaucoup de décès liés à la malnutrition et à l’absence de suivi des femmes enceintes. » Le centre de santé était délaissé par notre communauté, surtout par les nourrices et les femmes enceintes qui ont souvent recours à la médecine traditionnelle. Certaines femmes confondaient la malnutrition des enfants et certaines maladies avec l’attaque des sorciers et des diables. Elles faisaient donc recours aux fétiches et aux marabouts pour le traitement et les décès étaient nombreux. Les femmes accouchaient souvent à la maison et le suivi du carnet vaccinal des enfants n’était pas respecté. Maintenant avec l’implication des groupements de femmes pour la sensibilisation, les femmes enceintes sont mieux suivies, les parents viennent faire vacciner leur enfant, et les pères de familles sont plus impliqués. Les sensibilisations ont permis aux hommes de comprendre les problèmes liés à la grossesse. Grâce à ces sensibilisations, nous enregistrons peu d’enfants atteint de la malnutrition. Nous faisons des démonstrations culinaires à base de nos produits locaux avec les femmes des différents groupements. Tout cela est possible grâce à l’implication de ces femmes qui apprennent aux mères comment préparer la bouille enrichie pour leurs enfants, » explique Docteur Keita Mory, Chef du centre de santé de Baro.
L’UNICEF en Guinée, à travers le soutien du Fond Américain de l’UNICEF, accompagne 200 groupements féminins dans le cadre de la prévention de la malnutrition dans 10 communes de convergence de la région de Kankan. Ce soutien comprend des formations qui permettent d’autonomiser les femmes au dépistage précoce de potentiel cas de malnutrition aigüe sévère et aux pratiques familiales essentielles en nutrition pour garantir le bien-être de leur enfant et ceux de leur communauté. Environ 242 200 mères et gardiens d’enfants ont été sensibilisés sur l’Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (ANJE). 451 830 enfants âgés de 6 à 59 mois ont été supplémentés en vitamine A et environ 383 900 enfants âgés de 12 à 59 mois ont été déparasités. En Guinée, 91 200 enfants âgés de 6 à 59 souffrent de malnutrition aigüe sévères. 36 % d’entre eux ont été pris en charge dans 438 centres de santé.