L’ancien ministre de l’Information d’Alpha Condé, Makanera Kaké était ce lundi soir l’invité de l’émission « On refait le Monde’’ de Djoma TV. Au cours de cette intervention, le leader du FND a eu à se prononcer sur la mission annoncée d’une équipe du CNT à l’intérieur du pays et également la création de la CRIEF et ses attentes de cette nouvelle juridiction chargée de réprimer les infractions économiques et financières commises par les hauts cadres de l’administration publique pendant qu’ils sont en fonction. Lisez l’extrait en lien avec ces deux sujets :
-De la mission des Conseillers nationaux du CNT dans le pays profond :
« Moi, je ne pose pas la question en ces termes. Ce qui m’intéresse, c’est la logique et la cohérence. Le président de la République est élu par le peuple. Il est élu et trouve son mandat fixé. Les députés, eux, sont élus. On trouve que les mandats sont fixés par la loi. Maintenant, ceux qui sont nommés, eux, ont leur donne les prérogatives de fixer leur propre mandat, c’est incohérent, c’est illogique. Deuxièmement, on dit que le CNT, c’est l’ensemble des couches sociales de notre pays, même les handicapés ont été représentés. On les installe, ils disent qu’ils vont à l’intérieur pour aller s’enquérir des réalités, c’est incohérent ! Si ces gens qui représentent les différentes couches ne connaissent pas les réalités de leurs couches, pourquoi sont-ils là-bas ? Moi, j’avais beaucoup de confiance… Maintenant, je commence à douter (….) entre nous, ils vont pourquoi, quel est le sens, ça n’a pas de sens”, a dénoncé Makanera.
-Du cas de la CRIEF
Tout en saluant la création de la CRIEF, Makanera affirme avoir des doutes quant au fonctionnement de cette juridiction.
“Pour la CRIEF, moi je suis tout à fait d’accord. Si l’Afrique est incapable aujourd’hui même de se défendre, c’est parce que vraiment nos ressources sont très mal gérées. Mais il faut mettre chose dans son contexte. Aujourd’hui la CRIEF telle que nous la voulons qu’elle fonctionne, va être difficile à avoir. Moi, j’en doute et pourquoi ? Parce que généralement en Guinée si on enlève les corrompus, tout le monde en parle. Mais les corrupteurs, on parle très peu d’eux et les receleurs, on ne parle même pas d’eux…
Je dois préciser que je suis naturellement contre l’impunité, sous toutes ses formes. Cependant, je ne vois pas comment on peut appliquer cette loi aujourd’hui compte tenu du contexte guinéen. Pendant près de 40 ans, la corruption y a été institutionnalisée. Quand on parle de corruption, les gens ne voient que les fonctionnaires alors qu’il n’y a pas de corrompu sans corrupteur. C’est pourquoi je suis d’accord que les gens remboursent l’argent volé, qu’ils soient condamnés, par exemple, à perdre leur droit civil. Mieux, je ne pense pas qu’on soit capable de mettre tout le monde en prison. Parce que si on le fait, on n’aura pas plus de 1% de fonctionnaires libres. Pour la simple raison que quand vous quittez l’école pour aller directement à la fonction, si vous êtes milliardaire, c’est que vous avez volé…
Mon souci donc ma peine, c’est qu’une partie soit sanctionnée et que l’autre ne le soit pas. Mais puisqu’on est convaincu qu’on ne peut pas tous les sanctionner par une peine de prison, mieux donc trouver une solution exceptionnelle vu que c’est une situation exceptionnelle« , a-t-il commenté la création de la CRIEF.