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Départ massif des bras valides du pays : une pénurie de main d’œuvre pour les entreprises artisanales

Le besoin en main-d’œuvre dans le secteur de l’artisanat se fait de plus en plus ressentir. Suite à notre enquête réalisée sur le terrain la semaine dernière, 80% des entreprises sondées indiquent avoir besoin de personnel supplémentaire. Ce besoin important et structurel de main-d’œuvre dans l’artisanat s’explique par différents facteurs : le vieillissement graduel des ouvriers, le développement de nouvelles activités dans le domaine énergétique, notamment et le goût de plus en plus prononcé pour les nouvelles technologies, sans oublier le départ massif des bras valides du pays. Or, les entreprises ont besoin d’une main d’œuvre qualifiée et suffisante pour  renforcer leurs effectifs.

Trois groupes de métiers sont plus particulièrement concernés par la pénurie de main-d’œuvre, selon un membre de la Fédération des Artisans. En premier lieu la construction, qui recherche désespérément des maçons mais aussi des électriciens en bâtiment ou encore des techniciens pour les installations sanitaires et thermiques, des tapissiers et menuisiers qualifiés. Le besoin réel serait en réalité estimé à des milliers d’ouvriers. Les métiers autour de la mécanique manquent aussi cruellement de bras valides ainsi que ceux de l’alimentation. Et les boulangers et pâtissiers deviennent une denrée de plus en plus rare… Le constat est là, les besoins sont criants et urgents pour plusieurs secteurs d’activités.

Des difficultés à recruter du personnel

La quasi-totalité des entreprises artisanales interrogées indiquent rencontrer des difficultés à trouver des candidats adéquats. 69% des ouvriers ne remplissent pas les critères nécessaires. Tout ceci dû à la concurrence intensifiée entre les secteurs ainsi que la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur. L’industrie ou la fonction publique par exemple présentent aussi des besoins ciblés sensiblement similaires à ceux des entreprises artisanales. « En raison du contexte actuel très incertain, il est difficile d’estimer quels seront les besoins exacts du secteur dans les prochaines années », souligne le responsable de la Fédération des Artisans.

«Ici, nous avons des difficultés à recruter des ouvriers pour nos travaux dans les stations de carburants. Pas facile de trouver des travailleurs qualifiés pour la pose des cuves souterraines. Nous sommes obligés, à chaque fois que le besoin se présente, d’aller en chercher dans les pays voisins. Même les plombiers pour nos chantiers, il faut solliciter nos collègues des autres pays. Et c’est dans tous les domaines ! Electriciens-bâtiment, carreleurs, maçons de qualité etc. C’est un problème sérieux », reconnaît Alphonse Sandouno, ex DGA d’une société d’assainissement et de plomberie.

Quant à cet autre patron d’une entreprise de confection de tam-tam, il nous apprend que tous ses ouvriers sont allés s’installer en Europe. « Je n’ai plus de travailleurs. Beaucoup sont en Europe. Ils sont partis par le biais des artistes. Quand ils accompagnent des artistes pour des festivals ou des concerts, ils ne reviennent plus. Actuellement, je me débrouille avec mon neveu que j’ai fait venir de Bamako ». A Ratoma-Bonfi où nous nous sommes rendus le week-end dernier, quelle ne fut notre surprise d’apprendre que la plupart des jeunes ouvriers qui y évoluaient auraient déménagé vers le Sénégal où le rotin se vend mieux.

« Nos jeunes qui étaient allés vendre les produits à Dakar ne sont plus revenus. Ils y sont restés pour confectionner sur place des meubles en rotin. C’est dommage», regrette Seydouba Soumah, chef d’atelier.

C’est réel, ce que vit la Guinée au niveau des artisans. Même ceux sortis des écoles de formation professionnelle préfèrent aller vendre leurs services dans les autres pays.

Des propositions à destination du Gouvernement

Face à ces constats, la Fédération des artisans par la voix de l’un de ses membres, formule plusieurs propositions au Gouvernement. Elle demande ainsi à l’exécutif qu’un suivi détaillé des besoins sectoriels en main-d’œuvre et des métiers d’avenir soit réalisé.

Le réservoir de main-d’œuvre nationale et de la capitale étant limité, il est nécessaire de renforcer l’attractivité des autres villes du pays mais aussi de faciliter l’accès au marché de l’emploi. Par ailleurs, l’organisme plaide pour la solution de la formation continue afin de combler l’inadéquation récurrente entre les compétences existantes et celles requises.

Autre priorité pour la Fédération des Artisans: la promotion des instruments existants, comme l’accès collectif via le cofinancement des entreprises, après les avoir évalués ou réformés partiellement. «L’artisanat est d’avis que des solutions adaptées en matière de systèmes de formation continue sont à trouver au niveau sectoriel», précise la Fédération.

Retenir les talents, une priorité

Pour l’organisme, il est aussi important à l’avenir «de suivre et d’identifier les compétences-clés requises dans les métiers artisanaux», avec une priorité à donner au domaine technique, à celui de l’artisanat et de la santé au travail, des langues et de la digitalisation et développement informatique. «Cette approche aidera dans la définition de programmes de formation professionnelle initiale et continue», souligne Mohamed K. de la Fédération des Artisans de Guinée.

Pour certains observateurs, il faut aussi mieux fidéliser les salariés dans les années à venir. Ce qui, pour eux, constitue un facteur-clé pour pérenniser les entreprises artisanales. Retenir les talents au sein de l’entreprise passe, avant tout par l’environnement de travail, cité en premier lieu, ainsi que par les conditions de travail, à savoir la rémunération basée sur la performance, pour ne citer que celle-là.

Suite à l’enquête réalisée, il apparaît que les entreprises artisanales n’ont pas encore pris conscience de l’importance de mettre en place une véritable politique de rétention et de fidélisation des talents, en leur offrant des avantages et en favorisant leur bien-être. « Les employeurs du secteur doivent être encore plus sensibilisés à la question », conclut l’homme de la Fédération des Artisans.

On peut alors conclure que les travailleurs qualifiés sont les plus recherchés dans ce secteur. Le besoin de travailleurs dans l’artisanat est plus important que jamais.

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