Resté silencieux depuis le début des violences qui ont coûté la vie à trois personnes, avec plusieurs blessés et des dégâts matériels inestimables, dans la préfecture de Labé, le préfet décide enfin de briser le silence. El Hadj Safioulaye Bah dénonce les scènes de violences et promet justice, dans un entretien accordé à la rédaction locale de Guinéenews.
Interrogé sur les raisons de ce long silence, alors que sa ville était à feu et à sang, le préfet de Labé peine à convaincre: « non, non, je n’ai pas été silencieux. Je ne suis pas allé dans les radios parler de cela, pourquoi ? Parce qu’en fait cela ne se règle pas au niveau des radios. Mais par contre, j’ai rencontré toutes les personnes concernées pour leur demander vraiment d’arrêter. Mais comme je le dis, j’ai une double casquette, je suis citoyen de Labé et préfet de Labé. En tant que citoyens de Labé, ce sont les miens qui sont concernés. Donc, je ne peux pas accepter qu’ils tombent, qu’ils meurent. Donc, j’ai échangé et avec les forces de l’ordre et les organisateurs de ces différentes manifestations pour que cela cesse. Mais malheureusement parfois quand on se sent impuissant, … » a-t-il réagit.
Pour ce qui est des pertes en vies humaines, le préfet promet une enquête, afin de situer les responsabilités. « Vous ne m’avez peut-être pas entendu ailleurs, mais j’ai condamné avec la dernière énergie ces morts, je condamne ces exactions, je demande à chacun de se ressaisir. J’ai demandé au procureur de prendre les dispositions pour qu’une enquête soit ouverte, que le médecin légiste fasse l’autopsie pour qu’on sache exactement de quoi ils sont morts. Donc, que des gens tombent, même si ce n’est pas des gens d’une même ethnie, qu’un seul Guinéen tombe, c’est une perte pour la Guinée, parce que ces jeunes-là sont notre avenir. Il n’y a personne qui cautionne cela à part ceux qui n’ont rien compris », estime le préfet de Labé.
Interpellé sur le fait que le FNDC réclame désormais son départ, El Hadj Safioulaye Bah a été on ne peut plus clair: « le rôle du préfet c’est d’exécuter avec intelligence, je le dis bien avec intelligence, les instructions du gouvernement. Remonter à ce même gouvernement les volontés des collectivités à la base. Donc maintenir la paix et aider à avoir un développement. C’est ça le rôle du préfet. Le préfet n’est pas politique du tout. Un administrateur territorial qui se lance dans la politique, ce n’est pas un administrateur territorial. Maintenant, le préfet que je suis commande quoi ? Il commande la police et la gendarmerie parce que j’ai entendu ailleurs que le préfet défend, effectivement ; ceux que je défends n’ont nulle part été accusés, n’ont nulle part participé à quoi que ce soit», précise-t-il.
Et de poursuivre : « le FNDC, ce sont des jeunes que je connais avec lesquels je travaille. Donc, dire que le préfet doit partir, parce qu’il n’a pas communiqué, je pense que le rôle qui est le mien, eux, le savent ; ils savent l’apport qui est le mien. De toute façon, il faut qu’ils sachent que le poste de préfet ne sera jamais vacant. Si je ne suis pas là, mais c’est quelqu’un d’autre qui sera là. Mais, pour les services que je peux encore rendre à Labé, je les rendrai », insiste El Hadj Safioulaye Bah.