Nous remontons un peu le cours de l’histoire pour citer des experts qui soutiennent que l’insécurité routière est de plus en plus une préoccupation mondiale et fait l’objet de plusieurs actions au niveau national, sous régional et international. Ainsi, en novembre 2009 s’est tenue à Moscou, la première conférence interministérielle mondiale sur la sécurité routière, organisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Ministère des Transports Russe.
Cette rencontre a regroupé tous les acteurs concernés par la gestion de la circulation routière mondiale: gouvernements, agences spécialisées, instances internationales, associations,…
Au cours des travaux, l’unanimité s’est faite sur la gravité et les conséquences sociales, sanitaires et économiques des accidents de la circulation. Selon l’OMS, près de 1,3 millions de personnes meurent chaque année sur les routes à travers le monde et 20 à 50 millions de blessures non mortelles sont enregistrées, surtout dans les pays à faible revenu, comme le nôtre. A titre illustratif, dans l’Union Européenne, les accidents de la route ont causé 39 000 morts en 2008 et les coûts associés à ces accidents représentent environ 2% du PIB, soit 180 milliards d’euros.
Des facteurs de risques spécifiques, notamment le non port de casque et de la ceinture de sécurité, l’alcool au volant et la vitesse excessive ont été débattus.
Aussi, dans de nombreux pays, les soins d’urgence et autres services de soutien aux victimes des accidents de la route sont inadéquats.
La conférence de Moscou a défini l’insécurité routière comme la première cause de décès des 15 à 29 ans et la neuvième pour toutes tranches d’âge confondues. Si rien n’est fait, les experts projettent qu’elle deviendra la cinquième cause de mortalité dans le monde, en 2030.
Au terme de la conférence, les parties prenantes ont produit une déclaration commune demandant à l’assemblée générale des Nations-Unies d’instaurer une décennie d’action 2011-2020 pour la sécurité routière.
A l’occasion de sa 64ème session du 10 mars 2010, l’assemblée générale de l’ONU a proclamé la période 2011-2020 «décennie d’action pour la sécurité routière» en vue de stabiliser, puis de réduire le nombre prévu de décès imputables aux accidents de la route, à travers le monde.
En faisant de la déclaration de Moscou une résolution, l’ONU reconnait le caractère de crise mondiale majeure au phénomène de l’insécurité routière et un problème de santé publique.
L’instance internationale ne s’est pas arrêtée là. Au terme de la première décennie, 2011-2020, un nouveau plan d’action décennal 2021-2030 a été défini avec pour objectif, la réduction de 50 pour cent du nombre de tués sur les routes, d’ici l’an 2030. C’est un autre objectif fixé par l’ONU, à chaque pays membre.
Chez nous, la fréquence et la gravité des accidents de la circulation interpellent tous les acteurs pour agir, afin d’inverser cette tendance douloureuse et coûteuse. En nous référant aux statistiques de la police routière, de la gendarmerie routière et des hôpitaux, ce sont, par an, près de 100 personnes à Conakry et quatre fois plus à l’intérieur qui sont tuées dans des accidents de la route. Plus de la moitié de ces victimes sont des usagers vulnérables : enfants, personnes âgées, piétons, cyclistes et motocyclistes. Des milliers d’autres sont des blessés qui décèdent, guérissent difficilement ou sont marqués à vie, par les séquelles des traumatismes subis.
C’est pourquoi, à l’instar des autres pays du monde, le gouvernement guinéen qui a adhéré à la résolution de l’ONU, devait officiellement lancer le 11 mai 2011, les activités de « la décennie d’action 2011-2020 pour la sécurité routière » en République de Guinée. Loin de mésestimer les efforts menés dans la préparation de tous les documents nécessaires à ce lancement officiel, ceci n’avait malheureusement, pas été fait. C’est seulement en novembre 2012, que cet évènement a été célébré pour la première fois, au Palais du Peuple à Conakry, ainsi que dans certaines capitales régionales, sous la présidence du Premier Ministre de l’époque. Depuis lors, la tradition se maintient avec des interruptions dues à des crises cycliques répétitives d’ordre, socio-politique et sanitaire comme Ebola et le Covid 19. Cela n’a nullement entaché la volonté des autorités à s’engager dans la mise en œuvre de cette résolution onusienne.
Il faut même ajouter que cet engagement a été traduit à un niveau, le plus élevé possible, avec l’organisation en novembre 2017 des États Généraux de la Sécurité Routière auxquels le Chef de l’Etat a pris part. Une première en Guinée !
Ce processus a débouché sur la création de l’AGUISER (agence guinéenne de la sécurité routière), institution cheffe de file des organes en charge de la sécurité routière, conformément à la recommandation de l’ONU faite aux pays membres.
Malgré les multiples problèmes qui subsistent encore, l’espoir est permis de voir la circulation s’améliorer progressivement. D’ici là, nous devons convenir que la réalité que nous vivons sur les axes routiers de notre pays n’est pas des plus reluisantes qui soient. Pour le cas spécifique de Conakry, la commune de Kaloum qui abrite l’essentiel des activités administratives et économiques du pays, enregistre tous les jours ouvrables de la semaine, une réelle saturation de la circulation. Cela est dû aux mouvements de flux et de reflux de milliers d’usagers dont l’immense majorité réside en banlieue. La conséquence de cette situation se traduit par des embouteillages fréquents, notamment au niveau des intersections et autres grands ronds-points.
A cela s’ajoute les nombreux motocyclistes et piétons. On note également l’encombrement des voies par des occupations anarchiques au niveau des marchés ou gares routières et tant d’autres phénomènes nuisibles à la fluidité et à la sécurité de la circulation.
Tout ceci fait que la police routière se retrouve en première ligne pour maintenir la discipline et le bon ordre. Une activité qu’elle mène avec ardeur sans doute, mais dont les résultats sont difficiles à percevoir et à pérenniser. Le caractère très fluctuant de la circulation dans son déroulement au quotidien, ne permet pas de générer une appréciation définitive ou un résultat acquis, une fois pour toutes.
Pendant ce temps, la gendarmerie routière qui évolue en rase campagne connait elle aussi des réalités spécifiques, propres à sa zone. Les excès de vitesse, la circulation à gauche, la surcharge, le transport mixte, le défaut de visite technique, pour ne citer que ceux-là, contribuent à rendre la circulation dangereuse à ce niveau.
Au regard de tout ce qui précède, il y a lieu de s’assurer que tous les moyens sont mis en œuvre pour faire de la circulation routière une préoccupation essentielle, tant pour les usagers que pour les autorités en charge du secteur.