Les recrutements « fantaisistes » et le faible niveau des enseignants ont été deux sujets largement débattus ce mercredi 11 avril au cours de la séance de travail qui a regroupé des représentants des organisations patronale, syndicale et des cadres du département en charge de la Fonction Publique.
Le Conseiller du président de la République chargé des questions de l’Enseignement supérieur, Dr. Bano Barry qui ne voulait pas intervenir, a fini par briser le silence face à la qualité des débats.
Dans la salle et compte tenu de l’intensité des discussions qui devenaient houleuses, Dr Bano a annoncé que des critères de recrutement dans le secteur de l’Education vont changer de façon drastique et définitive. «Il y aura un décret qui va indiquer très clairement que le recrutement dans le secteur de l’Education est réservé aux écoles de formation des formateurs.»
Les cadres qui viendront des autres secteurs, a-t-il indiqué, s’ils postulent pour l’éducation, seront obligatoirement soumis à une formation à l’Institut Supérieur des Sciences de l’Education de Guinée (ISSEG) pour quinze semaines ou deux semestres avant d’aller dans une salle de classe. «L’enseignement n’est pas seulement à avoir le savoir, c’est aussi avoir de la pédagogie», a-t-il précisé.
S’agissant des enseignants de très faible niveau, Dr. Bano a affirmé qu’une évaluation sera organisée à leur intention. «Maintenant, ce que nous avons sous la main, j’ai lu tous les rapports d’évaluation du système éducatif guinéen. Il est prouvé que le niveau de performance d’un élève est en lien direct avec celui de son enseignant. Il y aura une évaluation-diagnostic de tous les enseignants en situation de classe. L’évaluation va porter sur trois paramètres : la maitrise de la langue française, la pédagogie et la discipline dans laquelle l’enseignant intervient. Il y aura un programme national de formation des formateurs. Tous les enseignants qui ont besoin de formation, qui sont formables, seront formés. Ceux qui ne sont pas en capacité de rester, quitteront le système», a-t-il expliqué.
Poursuivant, Dr. Bano Barry a dénoncé que le problème qui se trouve dans le système éducatif, est le même dans toute l’administration publique.
«En réalité, nous héritons d’un certain nombre de choses qui sont passées dans notre pays pendant très longtemps et dont chacun de nous n’est pas responsable (…). Les Guinéens qui n’ont pas le niveau dans le système éducatif ont honte de ne pas avoir le niveau. Ils sont gênés alors qu’il n’y a pas de poubelle pour un autre guinéen. La solution est d’offrir la possibilité à tous les Guinéens d’abord au niveau du système éducatif mais aussi, dans l’administration publique. Parce que les problèmes du système éducatif sont les mêmes problèmes de l’administration publique. Il y a des guinéens dans l’administration publique qui ne savent pas rédiger une lettre. La plupart des ministres guinéens rédigent leur courrier eux-mêmes. Le problème que nous avons, est un problème national. Il nous faut une volonté nationale pour le régler», a-t-il expliqué.
Sur la question des fonctionnaires ayant fait valoir leur droit à la retraite, Bano Barry déclare : «la question des retraités, c’est comme la formule qui se trouve sur les cimetières : ‘’Nous étions comme vous, vous serez comme nous’’. Je pense que le plus grand défaut du fonctionnaire guinéen lorsqu’il est en position de notoriété, il est en haut d’en haut, il oublie qu’il sera un jour en bas d’en bas (…). Dans tous les pays, la retraite est mensualisée sauf en Guinée d’où le taux est relativement faible. Si nous voulons changer le pays, il faut s’assurer que la base des données du personnel de la Fonction Publique soit identique à celle du Budget. Si une liste des agents retraités est émise par la Fonction publique six mois à l’avance, il faut que cette liste arrive au niveau de la base du Budget sans que quelqu’un ne fasse les démarches.»