L’UNICEF accompagne les femmes et les enfants du port de pêche de Temenetaye situé à Conakry, avec notamment, un centre d’encadrement préscolaire, la réfection des espaces de travail et des formations
La Guinée, pays d’Afrique de l’Ouest ouvert sur l’océan Atlantique, possède 300 km de côtes. Le secteur de la pêche artisanale est un segment très important de l’activité socioéconomique du pays. Il contribue à la création d’emplois, assure des revenus aux populations et joue un rôle crucial dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays. La pêche artisanale traditionnelle guinéenne se pratique à pied ou à l’aide de pirogues non motorisées, utilisant des filets en mailles, des éperviers, des lignes, des palangres ou des nasses.
On a recensé environ 25 400 acteurs impliqués dans la valorisation et la commercialisation des captures de la pêche guinéenne, dont 98,7 % sont des femmes. Parmi elles, environ 10 300 sont des mareyeuses et 14 000 sont des fumeuses de poissons. Si l’on estime qu’une fumeuse de poisson fait appel aux services d’au moins 10 personnes pour gérer toutes les opérations liées au fumage du poisson, cela représenterait près de 200 000 personnes qui dépendent de la valorisation et de la distribution des produits halieutiques pour leur subsistance1. Les ports de pêche artisanale guinéens abritent une population importante de migrants économiques en provenance de pays voisins tels que le Liberia, la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone.
Les enjeux climatiques, sanitaires et environnementaux ont une grande importance pour la pérennité des activités liées à la pêche artisanale en Guinée, ainsi que pour la survie et les conditions de vie des familles. De nombreuses femmes, accompagnées de leurs jeunes enfants, travaillent dans des conditions précaires, exposées à la fumée des fours et entouré de montagnes de déchets. Elles n’ont pas accès à l’eau potable, ni aux installations sanitaires. Pendant la saison des pluies, les inondations et les vagues violentes détruisent les habitations très précaires, constituées de tôles et de bâches en plastiques. Les femmes et les enfants évoluent ainsi les pieds dans l’eau et les immondices. Les détritus proviennent en grande partie de l’océan ou sont abandonnés sur la plage par la population, faute d’un système de retraitement des déchets adéquate.
Au port de pêche artisanale de Temenetaye, situé dans la capitale guinéenne de Conakry, les femmes fument du poisson (mâchoirons, barracudas et sardinelles plates) destiné à la consommation locale, ainsi qu’à l’exportation vers les pays de la sous-région. Malgré leur sourire et leur bonne humeur, leurs conditions de vie sont difficiles. La population vivant au port est principalement composée de femmes mareyeuses et fumeuses de poisson, des jeunes filles de moins de 18 ans et d’enfants de moins de 5 ans. Environ, 800 femmes résident et travaillent sur ce site.
Dans le but d’améliorer les conditions de vie et de travail au port de pêche artisanale, l’UNICEF a mis en œuvre un projet multisectoriel comprenant, la construction d’un centre d’encadrement préscolaire, la rénovation des espaces de travail, la mise a disposition de services d’eau, d’hygiène et d’assainissement et des formations en nutrition, sur les violences basées sur le genre et sur le droit des enfants.
Avant ces interventions, le fumage du poisson engendrait une forte émanation de fumée, le sol était jonché de détritus, l’absence de latrines conduisait à la défécation à l’air libre et le manque d’eau potable obligeait la population à puiser l’eau de mer. De nombreuses femmes et enfants souffraient régulièrement de maladies respiratoires, de problèmes oculaires et d’infections cutanées.
Le hangar principal, utilisé pour la transformation du poisson pendant la journée et transformé en dortoirs la nuit tombée, a été réhabilité. Des réservoirs d’eau ont été installés, des latrines construites et du matériel de nettoyage a été fourni pour l’assainissement. Dialikatou Chérif, responsable des groupements de femmes qui travaillent au port de pêche artisanale, souligne qu’avant la réalisation de ce projet, les femmes travaillaient et vivaient dans l’insalubrité, exposées à la fumée et aux intempéries telles que les fortes pluies ou le soleil ardent.
» Le poisson est maintenant fumé grâce à des fours améliorés, sous un hangar avec un toit. Des toilettes publiques ont été installées, les femmes peuvent dormir dans des dortoirs propres et elles suivent des formations pour renforcer leurs connaissances en matière de gestion de leurs biens. «
Un nombre important d’enfants de moins de 5 ans accompagnaient les femmes travaillant au port de pêche. Ces enfants n’étaient pas scolarisés et aidaient parfois leurs mères dans les tâches de traitement du poisson ou jouaient seuls au bord de la mer parmi les déchets. Dans ces conditions précaires, un enfant s’est tragiquement noyé en 2022. Pour permettre à ces enfants d’accéder à l’éducation et d’être protégés, l’UNICEF a construit un centre d’encadrement communautaire. Les enfants âges de 3 à 5 ans bénéficient désormais d’un soutien nutritionnel et peuvent s’amuser et apprendre en toute sécurité.
Pour encadrer ces enfants, trois femmes de la communauté de Temenetaye ont été formées aux droits de l’enfant, aux pratiques familiales essentielles, à l’encadrement et à la stimulation des enfants. « Nous avons reçu une formation professionnelle sur l’éducation des enfants. A présent, nous sommes mieux préparées pour les encadrer et leur offrir un environnement propice à leur bien-être. Les enfants disposent de matériel scolaire, de jeux et vivent maintenant dans un environnement plus sain « , explique Aicha Kamano, encadrante en petite section.
Comme les femmes représentent un appui important dans la lutte contre la malnutrition, l’UNICEF a formé les femmes du port de pêche artisanale à la prévention de la malnutrition, à la détection précoce des cas. Les femmes mareyeuses et fumeuses de poissons savent maintenant identifier les enfants souffrant de malnutrition aigüe à l’aide du périmètre brachial. Elles ont aussi été formées aux pratiques essentielles en nutrition, comme la pratique de l’allaitement exclusif, la diversification alimentaire grâce aux produits locaux, la bonne nutrition des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans.