Pour soigner les malades de Covid-19, le Madagascar a créé une décoction à base d’Artemisia, une plante connue pour ses vertus thérapeutiques contre le paludisme qui endeuille plus d’un en Afrique. Ce produit alimente la chronique médicale sur le continent. Plusieurs pays africains ont adhéré à la démarche malgache, et ont même lancé des commandes auprès de l’Etat malgache. Par contre, les scientifiques eux, estiment qu’il faut des préalables pour valider l’efficacité de ce produit.
Interrogé sur la question par votre quotidien électronique Guinéenews©, le représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en Guinée, a déclaré que son institution a toujours encouragé la médecine traditionnelle. « Mais, il faut que les résultats soient validés avec la même rigueur scientifique que les résultats de l’industrie pharmaceutique », a-t-il insisté.
A l’entame de l’entretien, il a fait un bref historique de l’Artemisia.
« Je crois que l’Artemésia est une plante médicinale qui est bien connue dans plusieurs pays, pas seulement en Afrique mais en Asie aussi. Il y a des dérivés de cette plante qui sont incorporés dans les médicaments qui luttent contre le paludisme, on les appelle les combinaisons thérapeutiques à bases d’Artémisinine, la savante chinoise qui en a dérivé le principe actif a eu le prix Nobel de médecine. Donc l’Artémisinine est connue depuis des siècles dans plusieurs cultures et en particulier la culture asiatique chinoise mais aussi est utilisée à Madagascar dans la médecine traditionnelle », rappelle Pr Ki-Zerbo.
Il rappelle d’ailleurs que l’OMS fait la promotion de la pharmacopée traditionnelle en célébrant la journée internationale la médecine traditionnelle. « Chaque année au mois d’août, il y a une célébration de la journée de la médecine traditionnelle. Et donc l’OMS, en particulier le bureau régional pour la région africaine basée à Brazzaville célèbre cette journée avec les Etats membres et les institutions de recherche», indique le diplomate.
« Cependant, poursuit-il, il est recommandé par l’OMS que les résultats de la médecine traditionnelle soient validés avec la même rigueur scientifique que les résultats de l’industrie pharmaceutique. Donc l’idée c’est de faire des vraies recherches qui aboutissent à la détection d’un principe actif, à la détection de la dose qui soigne, à la détection des effets secondaires éventuels et au conditionnement qui permettra une utilisation sécurisée de ces médicaments. Donc voilà le processus qui est recommandé par l’OMS, on n’a pas de parti pris ou d’à priori, mais c’est la méthode de validation qui est recommandée. »
Dans la même lancée, Pr Ki-Zerbo précise : « dans plusieurs pays africains, vous avez des dérivés qui ont été validés et qui sont produits pour différentes pathologies. Je pense que pour ce qui est du produit qui a été développé à Madagascar, nous avons compris que c’est un institut de recherche qui fait des travaux, qui continue ses travaux et qui a partagé avec d’autres pays. Il est recommandé que les autres pays qui s’y intéressent, puissent mener leurs recherches propres pour voir comment cette plante, si elle est validée peut être efficace. Parce que sur le plan curatif, il faut faire la part des choses, il y a des plantes qui soignent les symptômes, il y a aussi des plantes qui ont des résultats sur le microbe ou le virus et sur le degré d’efficacité. Donc il n’y a pas d’a priori, l’OMS encourage la poursuite des recherches en médecine traditionnelle et dans la pharmacopée moderne aussi pour que le médicament et pourquoi pas le vaccin puissent être trouvés rapidement», tranche le Représentant de l’institution sanitaire en Guinée. »