Avec le recul, on peut dire sans risque de se tromper que le limogeage de la ministre de la Justice et garde des sceaux, dans la soirée du 31 décembre dernier, aura porté un bémol au discours de vœux de nouvel an du chef de l’État. Près d’une semaine après cette éviction, l’onde de choc provoquée par ce coup de théâtre au sein de l’opinion est loin de s’estomper.
Fatoumata Yarie Soumah, ex-ministre de la Justice et garde des sceaux, le grain de sable qui s’était glissé « malencontreusement » dans la mécanique du Conseil national pour le rassemblement et le développement (CNRD) est désormais exit. Et comme il fallait s’y attendre, son limogeage est considéré comme une boulette par maints observateurs. Car Mme Yarie Soumah commençait à marquer l’opinion par sa rigueur et son éthique professionnelle. Très à cheval sur les principes du droit, elle n’avait pas manqué de rappeler ses collègues à leurs engagements, qui consistent à déclarer leurs biens.
Un rituel démocratique auquel ils n’avaient jusque-là pas sacrifié. Chose qu’ils devraient pourtant se résoudre à faire, même sans joie. Après ce rappel à l’ordre de l’ancienne garde des sceaux.
Il conviendrait de rappeler que le passage de Fatoumata Yarie Soumah à la tête du ministère de la Justice, a été très éphémère. En tout, cela n’aura duré que 59 jours. De quoi figurer dans le lot des records des ministres guinéens les plus éphémères. Dont le record est détenu par le gouvernement mort-né de Cellou Dalein Diallo. Nommé dans la soirée dans la soirée du 4 avril 2005, puis démis le lendemain, dans la matinée, par un Lansana Conté, cabossé alors par la maladie. A la merci de ses mauvais génies dont Fodé Bangoura, secrétaire général de la présidence de l’époque. Cette crise gouvernementale qui avait débouché sur le renvoi du Premier ministre Dalein, n’avait été qu’une tempête dans un verre d’eau. Relayée simplement par les quelques tabloïds qui avaient pignon sur rue. Et des journaux en ligne qui se comptaient sur les doigts d’une main.
Autres temps, autres mœurs, l’avènement des réseaux sociaux et des radios privées permet dorénavant aux populations de s’inviter de but en blanc, dans les débats publics. L’usage à bon escient de ces outils, comme vecteur de communication, peut davantage contribuer à renforcer notre démocratie. Ce qui n’était pas le cas dans un passé récent.
Une réalité que nos dirigeants actuels doivent intégrer dans la conduite des affaires de l’État. Afin de tenir compte davantage de l’avis d’une opinion publique de plus en plus éclairée.
En tout état de cause, cela permet d’éviter ce genre d’impair, qui fut un véritable crève-cœur pour une bonne frange de l’opinion, acquise désormais à la cause de Fatoumata Yarie Soumah.