La gendarmerie de Dalaba vient de faire les frais de la vindicte populaire. Elle a été mise à sac ce matin par des jeunes en colère qui veulent en découdre avec les forces de maintien d’ordre, qu’ils accusent de procéder à des exactions dans les familles, a-t-on appris de bonne source.
Après donc la prison civile qui a été saccagée hier mardi, ce mercredi des jeunes gens déterminés à s’opposer aux exactions qu’ils imputent aux hommes en uniforme, ont détruit la seule gendarmerie de cette ville située à près de 400 km de Conakry, en Moyenne Guinée.
Joint au téléphone par Guinéenews, M. L. Diallo, un témoin de ces violences, explique les circonstances du saccage de la gendarmerie.
« Les autorités en place ont fait venir dans cette petite ville 14 pickup de la gendarmerie, remplis d’hommes, ajoutés aux 2 qu’il y avait déjà ici. Ce qui fait donc 16. Et depuis hier matin, ils font du n’importe quoi dans la ville. Ils ont pillé des boutiques, saccagé des petits containeurs et entrent dans les domiciles pour frapper les gens et verser leurs nourritures, comme au quartier Pellel Yero, par exemple. C’est ce qui a révolté les jeunes qui sont donc sortis en masse pour protester contre ces agissements », narre notre interlocuteur.
Qui pour plus de précision rappelle: « après la journée mouvementée d’hier, tout était calme ce matin. Chacun vaquait à ses tâches quotidiennes, quand les forces de l’ordre sont sorties pour intimer aux marchands ainsi qu’à tous ceux qu’ils croisaient dans les rues, de rentrer chez eux. En un temps record, la ville était vide, tout le monde s’est enfermé dans les maisons. Quand ils se sont repliés dans la gendarmerie, la jeunesse ayant peur qu’ils ne refassent la même chose qu’hier, c’est à dire saccager les biens des gens, est sortie pour les chasser de la ville. Après quoi, ils se sont attaqués à la gendarmerie, en cassant tout. Ils n’ont pas brûlé mais ils ont tout gâté. En ce moment, il n’y a aucune force de l’ordre dans la ville », insiste M.L Diallo.
Selon Moussa, un autre habitant de la ville, avant que les forces de l’ordre ne soient chassées de la ville, elles ont utilisé leurs matraques pour briser les pares brises et les phares de toutes les voitures qui se trouvaient à la gare routière. Selon toujours notre interlocuteur, les forces de l’ordre ont aussi brisé les voitures qui se trouvaient dans les différentes concessions où ils ont pu entrer.
Les jeunes accusent le préfet d’être responsable de tous ces actes de vandalisme.
« Après la manifestation pacifique du 13 janvier dernier à travers la ville avec des slogans hostiles au pouvoir, le préfet a appelé du renfort du côté de Mamou pour dissuader les jeunes à continuer la manifestation dans la ville. Et aussitôt 4 pickup des forces de l’ordre ont débarqué des agents, dans la ville se joignant aux deux que comptait Dalaba. Hostile aux corps habillés, les jeunes ont alors envahi la ville. Jets de pierres contre gaz lacrymogène. Les jeunes ont utilisé des épaves de véhicules, des troncs d’arbres pour barrer la route. Le lendemain, pendant qu’on cherchait à trouver une sortie de crise au cours d’une réunion entre jeunes, notables et autorités, nous avons appris que 7 autres pickup remplis de gendarmes et de polices sont rentrés dans la ville, les jeunes ont résisté et il ont fini par replier », témoigne Mamadou Aliou Sow, un autre citoyen de la cité.
Et puis d’ajouter « malgré tout, ce mardi 21, encore le préfet a demandé de l’aide et ils ont envoyé 7 pickup. C’est leur présence qui a poussé les jeunes à s’attaquer à la prison hier parce qu’ils faisaient du n’importe quoi dans la ville. Sinon, entre nous ici, il n’y aura jamais de saccage. Aujourd’hui tout ce qu’on veut c’est le départ du préfet », a-t-il souhaité.