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Culture-éphémérides : il y a 5 ans décédait ‘’Tchuck Berry’’, de l’orchestre Kèlètigui et ses Tambourinis

Le 23 septembre 2014 à 20 heures, s’éteignait à Conakry un autre géant de la musique guinéenne : Abdoul Karim Camara, alias ‘’Tchuck Berry’’, chanteur de l’orchestre Kèlètigui et ses tambourinis.

Né en 1950, fils de feu Damomo et de feue Fatou Camara, ‘’Tchuk Berry’’ était père 2 enfants.

Musicien, chanteur et exubérant danseur, il a intégré en 1974 l’orchestre Kèlètigui et ses Tambourinis par le truchement du ‘’Fou du rythme’’ Papa Kouyaté. Il l’a découvert très tôt dans l’orchestre fédéral, le Bafing Jazz de Mamou.

Pour la petite histoire qui a occasionné le recrutement de ‘’Tchuck Berry’’, tout débuta à partir de 1970 en Zambie (Lusaka).

En fin de tournée dans la capitale zambienne, l’orchestre Kèlètigui sera victime d’un accident de circulation en partance pour l’aéroport international de Lusaka.

Suite à cet inattendu accident survenu, deux principaux musiciens ont été sérieusement affectés.

Le premier atteint, feu Manfila Dabadou, chanteur principal, le propriétaire presque de tous les répertoires de cet ensemble, s’en est sorti avec des fractures sur les bras et de sérieuses blessures sur le visage. Ce qui lui rendra longtemps inapte pour reprendre service derrière le micro.

Le second musicien, guitariste bassiste M’Bemba est troublé par une fracture au crâne et pour lequel d’ailleurs, le voyage de Lusaka, restera la dernière étape de son parcours musical.

L’orchestre Kèlètigui sous le choc, durant trois longues années, de 1970 à 1973 va garder les vestiaires et complètement éloigné des scènes musicales.

C’est en 1974 que cette formation nationale encore sous la houlette de feu Maître Kèlètigui Traoré, va reprendre service avec la nouvelle formule’’ Kèlètigui le retour’’.

Feu Manfila Dabadou, inspiré chanteur compositeur hors classe est de retour. Plus ou moins convalescent et pour l’épauler, à  ses côtés, l’orchestre va juger nécessaire d’insuffler un vent de renouveau à sa section chant, par le recrutement de jeunes chanteurs pétris de talents.

Comment Abdoul Karim Camara ‘’Tchuk Berry’’ a rejoint l’orchestre ? Le doyen Lènkè Condé, guitariste soliste de la formation nous rappelle : ’’ en provenance du Bafing jazz de Mamou, il a été recruté en 1974. Papa Kouyaté nous ayant déjà parlé de ses qualités au chant et à la danse et surtout de son penchant pour la musique cubaine, son premier test s’est opéré à la Paillote, où nous tenions nos répétitions. L’interprétation de la célèbre chanson ‘’EL Maniceros’’ sera son premier essai. De l’intonation à la diction rumba ou salsa, les démonstrations des pas de danse à la dimension d’un figurant animateur, ‘’Tchuk Berry’’ nous a séduit du coup. Le test fut concluant et nous avons compris ce jour qu’il avait des possibilités de relever le défi de l’orchestre’’.

Un an après en 1975, feu Babadian Kaba fera sa valise pour non pas dire adieu, mais au revoir à son Siguiri natal ‘’manden-bèrè ’’ pour rejoindre la capitale. D’où, il apportera un dynamisme à la section chant de Kèlètigui en compagnie de ‘’Tchuk Berry’’.

Plus tard, découvert dans un des quartiers de Conakry par Papa Kouyaté et ‘’Tchuk Berry’’, le congolais Ange Miguel va grossir le rang de la section chant de l’orchestre Kèlètigui et ses tambourinis.

L’orchestre Kèlètigui dans sa nouvelle configuration, aligne désormais au-devant de la scène, trois jeunes chanteurs, aux genres musicaux distincts et aux pas de danses qui collent bien.

Parlant des aptitudes de ‘’Tchuck Berry’’ à la danse, le doyen Lènkè nous révèle la forte impression qu’avait eu ‘’Bakallaho’’ et l’ensemble de l’orchestre Aragon, lors d’un de leur passages à Conakry : ‘’ Tchuck nous épatera encore ce jour par la magie de ses pas de danses cubaines, que lui seul pouvait produire et improviser. ‘’Bakallaho’’ m’a dit qu’il ne pouvait pas croire qu’une telle énergie, un tel talent, de la maitrise du corps à la croisade de jambes ou pirouettes pouvait provenir d’un guinéen’’.

Dans le parcours musical de Abdoul Karim Camara ‘’Tchuk Berry’’ au sein de l’orchestre national Kèlètigui, élégant, charmant, social et inoffensif être, certes quelque titres restent les repères de l’artiste. Repères à travers lesquels tout un monde de mélomanes se souviendra longtemps.

Le nom de ‘’Tchuk Berry’’ sera identifié aux titres ‘’sétou et tèmèdi’’, qui font partie des best-sellers de l’orchestre Kèlètigui.

Le doyen Lènkè Condé nous explique comment et où ‘’Tchuck Berry’’ s’est inspiré pour réaliser ce chef d’œuvre :’’ si j’ai bonne mémoire, c’est bien lors d’une de nos tournées en Sierra Léone et plus précisément à Kènèma et Séfadou que ‘’Tchuk Berry’’ a été charmé par cet air, chanter par un groupe de jeunes filles léonaises. Arrivée à Conakry, il ne cessait de fredonner cet air que nous avons développé lors de nos répétitions et qu’il titra ‘’Tèmèdi’’. Plus tard, feu Momo Wandel rajoutera ses onomatopées (I goromatakoé) pour assaisonner ce beau titre et le succès qui s’est est suivi, se passe de commentaires.’’

Cet autre titre ‘’sétou’’ ou ‘’Tchuck Berry, dis-moi la vérité’’ est une autre conception musicale à succès de l’artiste. Du rythme à la mélodie et l’humour assemblé dans ce titre, en fera de celui-ci, un tube inoxydable. D’une œuvre musicale à une autre, le trio Tchuk Berry- Babadian Kaba-Ange Miguel, a redonné une nouvelle et précieuse couleur musicale à l’orchestre Kèlètigui et ses tambourinis.

Ils sont devenus en un temps record, de véritables continuateurs du succès de l’orchestre Kèlètigui et ses tambourinis.

Décédé le 23 septembre 2014, Abdoul Karim Camara ‘’Tchuck Berry’’ a été inhumé le 24 septembre au cimetière de Cameroun.

Cet éminent musicien chanteur a eu un parcours élogieux. Il a tout donné et mérite en retour, une reconnaissance à la dimension des œuvres accomplies.

Rendons à César ce qui appartient à César.

Repose en paix artiste du peuple.  

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