Manden Könö ou les célèbres chanteurs de Siguiri, cet orchestre qui a fait danser cette préfecture et même la Guinée dans les années 60 continue de vivre à travers de nouvelles figures. Votre quotidien électronique Guineenews est allé à la rencontre de Djögö Magassouba à son domicile dans la commune urbaine de Siguiri. Ce fonctionnaire à la retraite qui était soliste de l’orchestre, est l’un des rares rescapés à s’occuper de la nouvelle génération de Manden Könö. Il nous a ouvert son cœur en nous parlant du parcours et de l’historique de cet orchestre emblématique de Manden Siguiri.
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Guinéenews: Comment l’orchestre Manden Könö a été créé et quels furent ses premiers membres fondateurs?
Le premier nom de l’orchestre était le Djoliba Jazz. Mais les doyens comme Boubacar Traoré, le chef d’orchestre et Elhadj Mamadou Yoh Kouyaté, l’actuel président du Djeli Tomba National, qui jouait la trompette Saxo ont jugé le nom Jazz trop occidental, que beaucoup d’orchestre portaient aussi ce nom. C’est ainsi que l’ancien secrétaire général et ministre Kouramoudou Doumbouya a trouvé le nom authentique « Manden Könö », en réunion du bureau fédéral d’alors, en expliquant que dans les cérémonies de circoncisions dans nos villages, les femmes qui étaient célèbres et chantaient pendant plusieurs heures portaient le nom Könö, et Siguiri porte le nom Manden d’où l’origine du nom des célèbres chanteurs de Siguiri « Manden Könö ». Voilà comment « Djoliba Jazz » est devenu « Manden Könö ».
Comment l’orchestre a-t-il vécu le départ de ses deux chanteurs vedettes, Sékouba Bambino et Babadjan ?
Le départ des vedettes a été couronné de succès, car Bambino avait une voix accordée et il connaissait le temps avec les instrumentistes, son jeune âge aussi attirait le public. Vous savez Sekouba Bambino a voulu imiter Babadjan qui avait une intelligence dans la composition et une oreille attentive sur les instruments. Leurs départs ont donné d’autres renommées à l’orchestre, car personne ne peut parler de ces deux vedettes sans parler de « Manden Könö » à la base.
Comment animiez-vous Siguiri à l’époque, qu’en est-il de vos participations aux festivals nationaux et d’autres concerts ?
Il n’y avait pas beaucoup d’orchestres privés à ce moment-là, le Manden Könö était à la une à Siguiri. La permanence était animée par nous chaque samedi. Toute la jeunesse s’y rendait, c’était un passage obligé ou tout le monde se rencontrait. C’était la belle époque! Parfois, les gens venaient même des autres préfectures pour suivre et danser au rythme de « Manden Könö ».
Quels sont les titres qui ont valu la renommée de l’orchestre?
Les titres Maderi 1968 de Babadjan Kaba, en1979 Nabidé et en 1962 Denfoudou de Fousseny Diallo ont donné du poids à l’orchestre et jusqu’à maintenant c’est consommable. Et, parfois si vous écoutez les ondes, ces titres tournent. Fousseny Diallo paix à son âme était un grand animateur aussi, il ne tarisait pas de mélodie.
Comment êtes-vous venu à la musique et au Manden kono ?
Moi j’ai aimé la musique à travers un de mes maîtres feu Laye Kouyaté qui a mis ma main sur la guitare, sur le coup il y a eu la création du Niani Band ou j’ai été soliste. C’est quand Moutou Djely a quitté le Manden Kônö, que j’ai pris la relève toujours comme soliste. Entre la musique et moi c’est une histoire d’amour. Et jusqu’à présent, je suis dans cette passion, malgré et la retraite.
Quels souvenirs gardez- vous de son existence sous la première république, au temps de la révolution? Quelle histoire vous vient à l’esprit, avez- vous rencontré le président Sékou Touré ?
L’histoire qui me vient en tête c’est le nom Manden Könö et les différents succès des années 60 surtout les festivals de 1982 et 1984 pendant lesquels Manden Könö s’est illustré. Nous n’avons pas personnellement rencontré le feu président Ahmed Sékou Touré mais nous l’avons toujours réceptionné lors de ces visites à Siguiri.
Le super mande konon existe depuis les années 1960, que reste t il de l’orchestre aujourd’hui ?
Actuellement nous faisons notre minimum, et l’orchestre se porte bien. Nos amis avec lesquels nous avons pas en 1979, 1982, 1984 lors des festivals. A l’arrivée du CMRN ( comité militaire pour le redressement National) au pouvoir en 1984, les orchestres ont commencé à disparaître. Beaucoup de nos amis sont décédés comme Fousseny Diallo, Mohamed Condé Winetou, Mamadou Tall Kouyaté (guitariste soliste), Mouton Djeli Kouyaté, Asmara Diabaté (bassiste)
Ceux qui sont en vie, il y a Jean Bossart (accompagnateur), Kali Diakité Toumbiste, moi-même Diogo Magassouba (soliste Batteur),Cheik Oumar Diabaté, Djigui Ballo.
Nous sommes en train de lutter pour le maintien de l’orchestre avec la nouvelle génération. Malgré que ce n’est pas facile, nous les accompagnons à travers les conseils et des coups de main. Mais, nous demandons aux autorités de venir en aide, car parfois c’est le financement qui fait défaut même si nous voulons accomplir des tâches.