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Culture : Bademba Barry, le slameur de l’ombre se confie à Guinéenews

Journaliste, animateur au sein du groupe Hadafo-médias, Bademba Barry alias ‘’le slameur de l’ombre’’ est l’un des « précurseurs » de cette forme d’art qui gagne de plus en plus de terrain en République de Guinée.

En plus de son côté artistique, Bademba Barry est aussi un écrivain qui s’applique à mettre en place des règles spécifiques dans l’accompagnement des centaines de jeunes qui veulent faire carrière dans le slam.

A son actif, un livre, deux albums slams et plusieurs spectacles en Guinée et en Europe, BAD (pour les intimes) s’est ouvert aux questions de votre quotidien électronique à travers cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder. Lisez !

Guineenews : bonjour, tu es journaliste, animateur, écrivain et slameur. On va beaucoup se focaliser sur cette dernière casquette qui est en train de se développer chez nous en Guinée. Comment tu t’es lancé ?

Bademba Barry : merci de me poser cette question. Elle revient très souvent. Au fait, le slam c’est quelque chose que je fais depuis 2003, 2005 donc un peu moins de 20 ans que je le fais. C’est juste que le faire pour le grand public et le faire comme un art proprement dit. C’est ce qui a été fait vers les années 2000.

C’est pour cela que mon nom de scène est Slameur de l’ombre parce que j’ai fait plus d’une décennie à écrire des textes pour les déclamer pour des proches, des amis ou les déclamer dans des documents tel que mon magazine à l’époque le Foniké vibes qui sortait toujours un texte de slam à chaque numéro.

Pour moi, tout a commencé par le fait que j’ai toujours aimé écrire, tout a commencé parce que j’avais pour spécialité à l’école de journalisme, la presse écrite. Donc, durant des années, j’ai su me familiariser à plusieurs types d’écriture. Je pense que c’est tout cela qui donne ce que je suis aujourd’hui.

Guinéenews : Pourquoi slameur de l’ombre ? c’est quoi ton parcours artistique ?

Bademba Barry : Slameur de l’ombre je l’ai gardé comme ça parce que j’ai écrit durant plusieurs années sans que le monde sache ce que j’étais en train de faire. Mais lorsque j’ai décidé de faire mon livre en 2020, à l’intérieur, j’avais partagé 9 habitudes pour devenir Slameur. Il y avait bien sûr des habitudes que je ne pratiquais pas. Je savais que ces habitudes-là étaient importantes pour un slameur, pour qu’il soit considéré comme slameur de haut niveau tel-que la scène ; moi je ne faisais pas de scène à l’époque. Donc, je me suis dit qu’il faut que je termine ce que j’ai commencé là afin que je puisse inspirer ceux pour lesquels j’ai écrit ce livre, ces personnes qui veulent devenir des slameurs.

C’est pour cela que j’ai sorti mon premier album slam intitulé toujours le slameur de l’ombre. J’ai fait ma première grande scène, c’était mon spectacle Slameur de l’ombre le 30 janvier 2022. J’ai enchaîné avec un second album intitulé  »Salade de slam » qui a 12 titres aussi. Et puis là, je fais mon deuxième grand spectacle qui s’intitule slamer les femmes du côté du stade Petit Sory devant près de 4 000 personnes.

 Je prépare mon troisième album slam normalement qui devrait sortir à l’occasion de ce spectacle mais on a eu des soucis qui ne nous ont pas facilité les choses. Donc, je sortirai cet album là peut-être d’ici le mois d’août ou septembre inchallah, ça sera mon troisième album. Et puis, voilà en gros mon parcours de slameur. C’est un livre, c’est deux spectacles pour le moment même si chaque année on aura un spectacle. Ce sont les deux albums plus le troisième qui doit sortir. C’est aussi les autres scènes qui ont été tenues ici à Conakry mais aussi à Paris, à Dakar et au Maroc.

Guinéenews : vous avez parlé de 9 habitudes à tenir pour être slameur. Peut-on nous livrer plus de détails ?

Bademba Barry : Alors, les 9 habitudes pour devenir slameur 2.0 sont des outils que j’ai mis en place pour permettre à quelqu’un de devenir un slameur. Pourquoi j’ai dit habitudes parce que je pouvais dire outils ou 9 techniques. Mais pour moi un outil ou une technique à force de l’utiliser devient une habitude. Donc, c’est une manière indirecte de dire aux personnes que cette technique que je partage doit être pratiquée tous les jours, à tous moments et n’importe où pour vous permettre à ce que ça devienne des habitudes et que vous puissiez le faire de façon instinctive.

Guinéenews : Et c’est quoi ces 9 habitudes ?

Bademba Barry : les 9 habitudes, si je prends par exemple l’habitude de la synchronisation interne. L’habitude de la synchronisation interne aide le slameur à être en conformité avec lui-même puisque la plupart des personnes, des êtres humains disent une chose et font le contraire de ce qui peut les amener vers la chose. Un bon slameur c’est quelqu’un d’abord qui est en cohérence avec lui-même, qui est en paix avec lui-même afin qu’il puisse créer des œuvres qui vont sans doute mettre tout le monde d’accord.

Donc, ça c’est par exemple, l’habitude de la synchronisation interne. Ensuite vous avez l’habitude d’écrire pour l’éternité. Cette habitude, c’est effectivement quelque chose que moi-même j’ai utilisé parce que dans mon livre le slameur de l’ombre, vous avez les textes que j’ai écrit en 2005, mais 15 ans après en 2020 que j’utilise dans mon livre sans que je ne touche même une virgule dans le texte.

Guinéenews : Les textes sont toujours d’actualité alors ?

Bademba Barry : Oui les textes sont toujours d’actualité. Donc, c’est ça écrire pour l’éternité. C’est vraiment faire des œuvres qui ne connaissent pas une date de péremption, c’est faire des œuvres qui ne vont pas s’éteindre lorsqu’une période va être dépassée où lorsqu’un événement sera terminé. Non, il faut vraiment que ça soit une œuvre qui même 100 ans, 200 ans ou 300 ans après soit consommable avec la même valeur. Donc, ça c’est par exemple l’habitude d’écrire pour l’éternité.

Vous avez l’habitude d’utiliser des rimes, c’est tout naturel. J’apprends aux gens comment utiliser les différents types de rimes. Que ce soit les rimes croisées, les rimes plates, les rimes embrassées, les rimes alignées mais aussi les rimes serpentées. Donc, vous avez plusieurs car c’est 9 carrément. Et c’est exactement ce que j’ai appelé du slam coaching dans le livre le slameur de l’ombre. Vous avez une vingtaine de textes de slam à l’intérieur et vous avez l’explication des 9 habitudes pour devenir un slameur 2.0.

Guinéenews : Peut-être pour finir, votre avis sur l’avenir du slam en Guinée ?

Bademba Barry : Le slam Guinéen se porte très très bien. Pour avoir beaucoup voyagé, je pense qu’aujourd’hui le slam guinéen, j’ose dire que c’est le slam qui se porte mieux en Afrique de l’Ouest. C’est le slam qui se porte le mieux. C’est le slam qui mobilise beaucoup plus de monde, c’est le slam qui arrive à mettre en place beaucoup d’activités. Aujourd’hui à Conakry, je ne parle d’abord que de Conakry, vous avez des activités ; chaque semaine au minimum vous avez une activité slam et pas les moindres.

Ce sont des activités qui arrivent à drainer du monde. On a la ville de Labé qui est devenue une véritable ville de slam en république de Guinée où on a des slameurs qui quittent Labé et qui viennent compétir avec ceux de Conakry et qui arrivent à atteindre la finale et même parfois remporter la compétition. On a aujourd’hui Kindia qui fait du slam, Kankan, Nzérékoré.

Et on a eu récemment au compte des 72heures du livre avec la ligue guinéenne du slam, ils ont organisé un championnat scolaire de slam ou on a vu des slameurs venir de toutes les écoles de Conakry et qui étaient tous à la hauteur. Pour moi, le slam guinéen se porte bien sans compter que c’est un slam qui arrive à aller en compétition internationale.

On a été champions d’Afrique, on a été vice-champion du monde à Bruxelles. J’étais sur les lieux en Belgique et j’ai vu comment les gens ont respecté la Guinée à travers l’artiste EOB du groupe Dimédi slam. Donc, le slam guinéen se porte très bien et il a un avenir bien évidemment radieux.

Guinéenews : Est-ce que ce slam intéresse nos autorités au point de donner un coup de pouce à ce secteur prometteur ?

Bademba Barry : Elles connaissent l’importance du slam parce que moi cette année j’ai eu des prestations avec des institutions étatiques qui m’ont appelé pour des prestations slam comme tout autre artiste où ils ont payé de très bons cachets qui vont de 2 000 à 2 500 euros pour une prestation.

Ils connaissent les artistes slameurs, ils les respectent, ils ont très souvent besoin d’eux car parfois ils ont besoin de prestations artistiques calmes et qui transmettent des messages au lieu que ça soit juste de la musique pour danser.

Guinéenews : C’est quoi le problème alors ?

Bademba Barry : quand il s’agit de nous accompagner, ils sont très souvent absents ; très malheureusement. Je pense qu’on n’est pas les seuls, tous les artistes guinéens souffrent de ce manque d’accompagnement. Mais, on espère qu’avec le temps, on est en train de réaliser de belles choses. Récemment, avec mon festival, j’ai ramené 4 artistes. Aujourd’hui, parmi les 4 artistes il y a 3 slameuses qui sont aujourd’hui les meilleures du continent africain qui sont venues à Conakry et qui ont fait un concert extraordinaire, digne de ce nom.

Donc, ça montre déjà qu’à travers le slam, on peut valoriser la Guinée, on peut être considéré comme des ambassadeurs de la culture et de l’art de notre Guinée. Je pense qu’on est en train de forcer l’admiration et ils vont forcément nous accompagner un jour.

Des propos recueillis par Alaidhy Sow Labé, pour Guinéenews.org

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