Le lendemain des élections communales reste dangereusement marqué par des violences et des morts qui accompagnent les manifestations de l’opposition dite républicaine. Réagissant à cette situation au micro de Guinéenews, le député Ibrahima Bangoura dont le parti UFR ne reconnait pas les résultats des dernières élections, prône plutôt la non-violence.
D’entrée de jeu, le député de l’Union des Forces Républicaines a réitéré la décision du parti de ne pas reconnaître les résultats des élections locales proclamés par la CENI à cause des fraudes massives dont elle dit avoir été victime. «L’UFR a connu les élections avec beaucoup de difficultés à cause des fraudes que nous avons subies dans nos fiefs. Nous avons connu des fraudes à Kaloum, Matam, Matoto et même à Boké. Cela étant, nous avons estimé que les résultats sortis des urnes n’ont pas été proclamés. Ce sont d’autres résultats qui ont été fabriqués par les CACV que l’on nous a servis. Partant, nous disons que nous ne reconnaissons pas ces résultats. Si vous prenez le cas de Matam, nous avons 245 bureaux de vote, 85 bureaux de vote ont été annulés. Et dans certains bureaux de vote tels que Bonfi, nous avons 14 bureaux de vote, il y a 12 qui ont été annulés. A un autre endroit aussi où nous avons 12 bureaux de vote, Matam Lido, il y a 10 bureaux de vote qui ont été annulés. A Boussoura, sur 10 bureaux de vote, 6 ont été annulés. Ça c’est un échantillon que je vous donne. Compte-tenu de l’ampleur de cette malversation, nous disons que nous ne reconnaissons pas ces résultats», a rappelle Ibrahima Bangoura.
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Qu’à cela ne tienne, l’UFR entend continuer sa protestation sans pour autant utiliser la voie de la violence. « Nous avons protesté, nous pensons qu’il y a plusieurs formes de revendication. Nous sommes allés à la CENI pour exposer ce que je viens de vous expliquer tout à l’heure. Ce que nous disons, c’est que nous ne reconnaissons pas les résultats, mais pour l’instant, nous nous abstenons d’aller dans la rue. Parce que la rue n’est pas la seule forme de contestation, il y en a d’autres. Tout le monde sait que protester à travers des manifestations de rue est un droit constitutionnel. Il faudrait que l’Etat fasse tout pour sécuriser les manifestants, Si les citoyens qui ont le droit de cortège, en dehors même des partis politiques, s’ils sortent dans la rue, ils ont le droit d’être protégés et sécurisés par l’Etat. Et eux aussi qui sortent ont le devoir de ne pas provoquer la violence. Donc, il y a des obligations de part et d’autres. L’Etat a l’obligation de sécuriser les marcheurs et ces derniers ont l’obligation de ne pas empêcher les autres citoyens de vaquer à leurs occupations. Nous pensons qu’il faut que des deux côtés, chacun garde cette équidistance par rapport à la violence. Il faut que la paix sociale soit préservée dans ce pays », souhaite le député qui annonce que leur protestation va continuer. Même s’il estime que les marches sont improductives dans notre pays.
«Puisque la loi nous donne d’autres formes de protestation, nous continuons sur cette voie, ne serait-ce que de déclarer dans les radios notre désaccord. C’est déjà beaucoup. Et il faut que nous soyons rétablis dans nos droits », souligne-t-il.
Le député de l’UFR termine par insister sur la nécessité de préserver la paix dans le pays : « Je vais vous donner l’exemple de chez nous. Chez nous à Kakossa, le troisième candidat sur la liste de l’UFR est le frère à celui qui était la tête de liste du RPG dans la même localité. Et tenez-vous bien, celui qui est troisième sur notre liste, son frère est aussi l’ami intime de son autre frère qui est tête de liste du RPG, ils font tout ensemble. C’est comme ça que les gens ont évolué là-bas. Je crois qu’on doit se comprendre. Il n’y pas eu de bagarre, il n’y a pas eu d’animosité, il n’y a même pas eu d’acrimonie entre les gens et la lutte a été âpre parce que c’est l’UFR qui a gagné à ces endroits. Malgré cela, les gens continuent de vivre ensemble, ils mangent dans le même bol, mais ils sont dans des partis différents. C’est pour vous dire que la Guinée est une famille. On ne doit pas se battre jusqu’à en venir à ce que nous voyons aujourd’hui. Ce qui se passe aujourd’hui est très grave. Je crois qu’il faut abandonner ce jeu. Il n’en vaut pas la peine d’être».