Il n’y aura qu’un seul gagnant au sortir de la crise sur le carburant : Kassory Fofana. Quel que soit le cas de figure, le Premier Ministre joue à qui perd gagne depuis qu’il a fait savoir qu’il ne variera pas d’un iota la position du Gouvernement sur le prix du litre à la pompe fixé à 10.000 francs guinéens depuis le 1er juillet 2018.
Toutes les informations qui filtrent de Sékhoutoureya et du Petit Palais sont concordantes sur ce point : « Don Kass » préfère abandonner son poste de premier ministre plutôt que de revenir sur une décision qui lui paraît fondée aussi bien sur le fond que sur la forme.
Ceux qui l’ont rencontré depuis le début de ce bras de fer avec les syndicats et certaines organisations de la société civile ont été frappés par sa détermination : « je suis un économiste, j’ai donné des conseils à des décideurs au niveau international sur les règles de base de la gouvernance économique, ce serait de la malhonnêteté intellectuelle et une faute professionnelle de revenir sur cette augmentation du prix du carburant ». Le nouveau Premier Ministre d’Alpha Condé, qui a bâti sa réputation (méritée ou contestée) lorsqu’il était le tout puissant Ministre des Finances du général Lansana Conté, est convaincu qu’il existe une limite au-delà de laquelle on ne peut accepter de compromis et où doit s’exercer la pleine responsabilité du Gouvernement.
Et dans cette posture il reste le maître de son destin, quelles que soient les hypothèses : ce sera une victoire de la fermeté et de la responsabilité si le prix du litre de carburant demeure à 10.000 francs guinéens. Ce sera exactement pour les mêmes motifs qu’il sera victorieux s’il démissionne où qu’il est limogé parce qu’il n’aura pas voulu diminuer ce prix. En politique, la constance et le courage sont des qualités que mêmes vos pires ennemis sont obligés de vous reconnaître. La question qui reste en suspens est alors la suivante: qui est le perdant de cette crise ?