La Fédération nationale des artisans de Guinée (Fenag) reste minée par une crise sans précédent. Un contentieux né du soupçon d’un groupe de membres qui accusent le président de ne pas vouloir respecter les textes de loi qui régissent la marche de ladite entité.
D’entrée, Karim Doumbouya, président des jeunes bijoutiers de Guinée, rappelle que le Bureau de la Fenag a été mis en 2004. Et que depuis cette date à maintenant, il n’y a jamais eu de congrès. « Ensuite, le président qui est là, Elhadj Boubacar Fofana ne défend même pas les artisans. Nous nous sommes donc donné la main pour pouvoir destituer le Bureau et organiser une élection », annonce notre interlocuteur joint au téléphone.
Poursuivant, Karim Doumbouya précise que les textes de loi indiquent clairement que le mandat du Bureau exécutif est de 5 ans renouvelable deux fois. « Depuis l’élection de 2004 jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu de congrès électif, et même pas de réunion au niveau des artisans », a-t-il déclaré.
Aux dires de M. Doumbouya, l’organisation des foires artisanales revient normalement à la Fenag. « Mais vu que le mandat du Bureau a expiré, c’est le ministère qui s’en charge désormais. Alors qu’en principe, cela émane des attributions de la Fédération », révèle-t-il.
Citant en exemple le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao) qui se tient tous les deux ans au Burkina, le président des jeunes bijoutiers de Guinée soutient que face à cette illégitimité de l’actuel Bureau exécutif, la Direction nationale profite pour envoyer des commerçants à ce rendez-vous, en lieu et place des artisans.
« Même récemment, il (Elhadj Boubacar Fofana, ndlr) est parti aux consultations parler au nom des artisans pour dire que les artisans adhèrent au projet de nouvelle Constitution. Pourtant, aucune assemblée ne l’avait désigné à cet effet ».
Réplique du mis en cause
Les propos tenus à l’encontre de l’organe qu’il dirige ne resteront pas sans réponse. Pour Elhadj Boubacar Fofana, la structure de la Fenag, c’est de la base au sommet. « On commence par les entreprises à la base et on va dans les sous-préfectures, dans les préfectures et les 93 corps de métiers avec tous les démembrements qui se trouvent, le nombre étant approximativement de 360.000 artisans », affirme le président de la FENAG .
« (…). La base se constitue au niveau des préfectures, par les différents corps de métiers. Maintenant, il y a des unions par secteur d’activité, qui sont en groupe de huit sous-secteurs et qui organisent eux aussi leur union de la base au sommet. Les autres aussi organisent les élections régionales pour identifier ceux qui sont artisans et ceux qui ne le sont pas. Et on arrive maintenant à mettre les fédérations régionales. Ce sont ces fédérations régionales et les unions nationales qui se réunissent pour faire l’élection du Bureau national ».
Et de de conclure : « en 2016, nous avons commencé la démarche avec l’OIF, l’OIT et d’autres organisations en Guinée. C’était pour avoir un recensement exhaustif de tous les artisans. On a engagé le recensement pour ne pas fausser les données, parce que les cartes d’artisans qui étaient fabriquées n’étaient pas en conformité avec nous. Il faut quand même qu’on confirme : c’est le Programme-cadre du développement du secteur privé qui avait estimé le nombre d’artisans en République de Guinée avec la Chambre à 300.000 artisans. Il n’y a aucune donnée réelle pour dire qu’il y a effectivement 300.000 artisans. Aujourd’hui, nous sommes dans la dix-huitième préfecture sur trente-trois. Les données sont en train d’arriver. Et nous programmons sur deux régions : Kindia et Labé. Ensuite, on termine par Conakry. C’est quand nous aurons la totalité approximative de recensement par préfecture qu’on autorisera ceux-là qui sont reconnus artisans, ce sont eux qui sont habilités à faire le renouvellement. Ce n’est pas l’engouement d’un mouvement qui va nous emmener à faire un changement qui n’est pas prévu par la loi, sauf si cette loi est emmenée à être modifiée. Si l’assemblée dit que c’est du sommet à la base, en ce moment la question me revient directement. Mais tant que c’est de la base au sommet, il faut en finir avec cette base pour arriver au sommet ».