Six mois après la création de l’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués (AGRASC), le Directeur général en compagnie de son adjoint, Mohamed Abdoulaye Chérif Diallo, a animé une conférence de presse au siège de l’institution. L’objectif était d’informer l’opinion publique sur les efforts du Gouvernement dans le cadre du combat contre la corruption, les détournements de fonds publics et le blanchiment d’argent.
Alpha Seny Camara, Directeur général de cette agence, a dressé un bilan à mi-parcours de l’AGRASC. Bien qu’il ait choisi de ne pas divulguer les noms des personnes impliquées par souci de discrétion, M. Camara a révélé que jusqu’à présent, plusieurs biens matériels et immatériels d’une valeur de millions de dollars et de milliards de francs guinéens ont été saisis et confisqués en attendant le verdict de la justice.
Il a mentionné que le tribunal de Première Instance de Boké a été le premier à rapatrier des fonds à l’AGRASC, pour un montant de 300 millions de francs guinéens. De plus, une opération de vente aux enchères est en cours à Boké concernant un véhicule et 37 motos. Par la suite, d’autres juridictions telles que la Crief et l’Agent judiciaire de l’État ont également engagé des procédures contre les mêmes personnes.
Concernant les avoirs rapatriés à l’AGRASC par certaines juridictions, des saisies conservatoires ont été effectuées, notamment sur des comptes bancaires à la Société Générale de Guinée, à First Bank, à Access Bank et à Ecobank, sur un immeuble au quartier Minière, ainsi que sur des propriétés foncières et des véhicules. Ces mesures visent des individus poursuivis pour blanchiment d’argent, enrichissement illicite, et d’autres délits connexes.
Par exemple, une personne est poursuivie pour posséder à elle seule des propriétés dont la valeur est estimée à 126 milliards et quelques francs guinéens. Or, selon le Directeur général de l’AGRASC, cette personne n’avait que 7 millions de francs guinéens en 2010.
Par ailleurs, une autre personne qui se trouve actuellement poursuivie par la justice dispose à elle seule « 34 titres fonciers y compris des patrimoines bâtis composés d’immeubles à usage d’habitation, des duplex, un hôtel, des plantations. Ce dernier n’a pas dix millions de francs guinéens et qui a à son compte 38 immeubles bâtis ou non bâtis à part Forécariah et Coyah. Tout le reste des titres fonciers est établi dans une même préfecture.«
En termes de montants, près de 25 millions de dollars ont été rapatriés dans les comptes de dépôt et consignation de l’AGRASC, domiciliés au Trésor public. À cette somme, il faut ajouter un montant de près de 200 milliards GNF saisis et confisqués en attendant la décision finale de la justice. Les propriétaires de ces avoirs sont actuellement poursuivis par l’Agent judiciaire de l’État et le Procureur de la Crief.
Il est crucial de noter que dans le cadre du processus judiciaire, certains individus pourraient être poursuivis de manière abusive. L’AGRASC gère ces fonds en attendant une décision définitive de la justice, afin de déterminer les restitutions et les indemnisations éventuelles. À cet égard, la loi permet à l’AGRASC d’indemniser les parties lésées, en tant que dernier maillon de la chaîne pénale.
Au regard des montants et autres biens mobiliers et immobiliers saisis et confisqués par la justice guinéenne, il est important que les autorités prennent à bras le corps la lutte contre la corruption tout en protégeant les acteurs de la chaîne de la lutte contre ce phénomène.