Les débats dans l’affaire opposant le parquet spécial à l’ex ministre de la Défense Dr Mohamed Diané se sont poursuivis ce lundi 8 janvier 2024 devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Renvoyé à la précédente audience pour la comparution obligatoire du prévenu, ainsi que celle de son avocat qui avait sollicité un renvoi, le Dr Diané a comparu à cette date, avant que le juge ne renvoie l’audience au 29 janvier prochain, pour la comparution de l’avocat sénégalais Me Ciré Cledor Ly et la suite des débats.
Au début de l’audience, le prévenu a exprimé l’intention de livrer un message spécial qui lui a été refusé par la Cour, soutenant que sans la présence de son avocat, Me Ciré Cledor Ly, il ne peut prendre la parole. Une décision partagée par le parquet spécial et l’agent judiciaire de l’État, qui estiment que ce renvoi devrait être ultime pour enfin connaître le dénouement de cette affaire.
Interrogé par la Cour, pour savoir s’il a échangé ou non avec son avocat, le Dr Diané a déclaré ne pas l’avoir fait et a saisi l’occasion pour inviter la Cour à appliquer les décisions de la Cour suprême et de la Cour de justice de la CEDEAO ordonnant sa mise en liberté provisoire, afin d’accélérer le processus. En réponse, le juge Francis Kova Zoumanigui a rappelé le prévenu à l’ordre, affirmant que la Cour qu’il préside a été saisie de faits précis qui n’ont rien à voir avec d’autres décisions de justice.
« Lorsque le droit est de votre côté, nous n’avons jamais hésité, nous appliquons la loi. Nous donnons droit à qui le mérite. Ni l’État guinéen, ni le parquet, ni la défense, encore moins une autre juridiction, ne nous impose sa volonté. Nous sommes saisis des faits, et ce sont ces faits qui seront débattus ici, ce n’est pas la volonté de quelqu’un d’autre. La volonté du parquet, de la partie civile, de la défense ou d’une autre juridiction, même celle de la Cour suprême de Guinée, lorsque ce n’est pas légal, ça ne passera pas, en tout cas, si c’est nous qui jugeons. Même pas l’État guinéen, il est une partie à l’audience. L’État guinéen a fait des demandes ici qu’on a rejetées. Notre souci ici, c’est comment appliquer la loi. Ce ne sont pas les humeurs de qui que ce soit qui passeront ici, tant que nous sommes juges. Nous sommes très à l’aise, nous sommes très sereins. Nous sommes imperturbables par nature. Le jour où cette tentation d’être perturbé viendra, j’irai me coucher au village. J’ai prêté serment pour ne dire que le droit, pas pour servir les humeurs de qui que ce soit », a indiqué le juge Francis Kova Zoumanigui, avant de renvoyer l’affaire au 29 janvier, pour la présence de Me Cledor Ly et la suite des débats.